Ce serait faire injure aux victimes
De puis la nuit des temps, les assassins reviennent toujours sur les lieux de leurs crimes
D’abord ne pas se taire, ce serait abandonner la place aux salauds et ceux qui s’abritent derrière eux.
Ce n’est pas qu’un acte de guerre en France, c’est un acte de guerre contre l’Esprit.
De même qu’il faut être du camp de Verdi, de Gramsci et Pasolini face au fascisme, Comme il faut être avec Goya, Lorca, Casalls et Picasso face à Franco, avec Beethoven, Goethe, Marx et Brecht face au nazisme, il faut être du camp d’Avicenne, Nazim Hikmet, Curiel ou Lounes Matoub face aux fascistes d’aujourd’hui et leurs commanditaires.
Les tueurs se rangent aux côtés des historiques assassins de l’intelligence. Ceux qui ont brulé Giordano Bruno, fusillé Decour et Manouchian,
Ceux qui ont été assassinés, ce qui a été attaqué, participent chacune et chacun à leur façon aux troncs commun de l’esprit des lumières, celui 89 et des grands rendez-vous de la Liberté. A ce titre ils indiquent devant l’Histoire de quel côté de la barricade sont les barbares et où se trouver pour s’y opposer.
Ensuite ne pas hurler avec les loups ni bêler avec les brebis.
Immédiatement mesurer et faire partager la nature réelle du crime.
Il est innommable. Ses auteurs doivent rendre des comptes à la justice des hommes. Pas par vengeance mais par exigence de justice. Cette exigence qui marque la frontière d’avec leur barbarie.
Pinochet coupait les doigts de Jara dans un stade pour tuer l’idée, aujourd’hui ce n’est pas la guitare et la voix que le fascisme tue l'esprit, c’est l’esprit qui use du crayon et de la feuille blanche qui est assassiné au coeur de sa rédaction. Le crime est le même.
Les assassinés d’aujourd’hui, avec leur propre personnalité, rejoignent les Voltaire, Vallès, Péri.
Leurs tueurs sont de cette lie qui fait inquisitions, tribunaux d’exception, charia. Qui ici torture, électrocute, là décapite, lapide ailleurs.
L’instant n’est pas à gloser sur les bras qui les arment même si cette question devra vite venir sur la table.
Parmi les victimes, des noms que leur talent a médiatisé mais aussi ceux sans qui la médiatisation n’aurait pas lieux.
Il y a 3/4 de siècle, la répression tuait ceux qui avec leur plume finiraient par enclouer les armes des tueurs.
Il y a 70 ans les bras qui animaient ces presses qui armaient les esprits gagnaient contre les balles des tueurs.
L’esprit a fini par gagner, il a dominé tant qu’en tant qu’esprit il n’a pas baissé la garde.
C’est le même combat. Il sera gagné et l’expérience en fera sortir l’esprit fortifié, les tueurs seront éliminés.