...comme argument de fond.
Bienvenue au pays
de la déraison d'Etat
Les faits :
La presse rapporte que la préfecture de la région des Pays de la Loire avait commandé en 2014 un rapport à ses propres experts de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) des pays de Loire sur l'impact d'une éventuelle extension de la piste de Nantes-Atlantique.
Selon les extraits du document publié par le Canard Enchaîné, le chef du département de la Dréal, indique dans un courrier adressé le 19 septembre 2014 au Préfet de région, note le document de deux pages et très argumenté, « que le rallongement des pistes actuelles ne présente pas de risque pour la faune de la réserve naturelle et n'augmente pas le péril aviaire. Au contraire, elle garantit la préservation des zones humides générée par l'aéroport qui participent à l'équilibre écologique de la réserve face à l'urbanisation de l'agglomération nantaise ».
Ses conséquences sur le fond
Cette étude accablante pour les partisans du transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique (qui lui entraînerait bien la destruction de plusieurs centaines hectares de zones humides à Notre-Dame-des-Landes) n'a jamais été rendu public. Pire, dans un débat au Sénat, le 15 octobre 2015 Manuel Valls, reprenant des éléments de langage de l'association « Ailes d' Ouest » (très favorable au transfert) le premier ministre, a dit exactement le contraire du contenu du rapport de la Dréal ! « L'actuel aéroport est au contact de trois zones Natura 2000, il n'est pas donc souhaitable de l'étendre pour des raisons environnementales », a ainsi osé affirmer le premier ministre devant les sénateurs.
Le mensonge en état d'urgence.
la presse de Loire-atlantique de poursuivre
Lavalls pouvait-il ignorer les arguments contenus dans la note de la Dréal ? Le Monde vient de révéler que Loïc Marion, directeur de la réserve de Grand Lieu pendant 23 ans, lui avait adressé un courrier personnel le 28 octobre 2015. Dans ce courrier, dont le Monde publie des extraits dans son édition du 20 février 2016, Loïc Marion écrit noir sur blanc à Manuel Valls : « Je n'ai jamais constaté la moindre gêne des oiseaux de ce lac due aux avions utilisant l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique (…). Tout au contraire, l'abandon de Nantes-Atlantique constitue une menace bien réelle pour le lac de Grand Lieu, dans la mesure où ses périmètres de protection (réserve naturelle, site classé Natura 2000) ont été définis au plus juste près du lac, en tenant compte de la protection de fait assurée par le périmètre de la protection antibruit de l'aéroport (…). Le déplacement de l'aéroport mettrait fin à cette protection et des élus locaux n'attendent d'ailleurs que cette issue pour pouvoir urbaniser tout ou partie de ce corridor ». Bref, à en croire à la fois la Dréal et le directeur de la réserve de Grand Lieu, le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des Landes ne peut avoir aucune justification « écologique ».
Avec cette révélation, l'annonce par Blummollet de son référendum va beaudrucher plein pot : soit s'effondrer, soit exploser en vol : Comment, en effet, inviter la population à s'exprimer sur un projet contesté et contestable si les pouvoirs publics en dissimulent des pièces essentielles à sa bonne compréhension ?
Raison de plus pour acculer le pouvoir dans les cordes et rechercher un KO sur ce terrain là.
Tout ce qui va l'affaiblir devant des actions de masse renforcera le camp social.
Et il serait d'ailleurs étonnant que les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes n'utilisent pas ces révélations et ne déposent pas plainte contre l'Etat pour dissimulation de documents. Ainsi, France Nature Environnement estime dans un communiqué que « la dissimulation qui a été faite de ce document est insupportable et inacceptable . Elle confirme que ce dossier d’aéroport a été instruit dans la plus grande opacité, si bien que les différentes phases de concertation avec le public n’ont jamais été que poudre aux yeux. Combien d’autres analyses défavorables au projet sont encore gardées secrètes par l’Etat ? Nous exigeons que tous les documents utiles à la compréhension du dossier soient enfin mis sur la table. L’hypothétique référendum à venir ne saurait être organisé sur le fondement d’un mensonge d’État »
La ministre de l' Ecologie, quasi régionale de l'étape et sur ce coup un peu moins bornée que sa tutelle s'est engagée à ce qu'un rapport commandé par ses service soit rendu public avant le 31 mars. De plus, la nouvelle patronne de la cop 21, en annonçant la tenue de la 4e conférence environnementale les 13 et 14 avril 2016, a affirmé « que le rapport sur Notre-Dame-des-Landes y sera sur la table ».
Est-ce pour annoncer son abandon ? Si cela apparaît de plus en plus comme la seule voie encore raisonnable – même si Vinci ne se privera pas d'exiger un dédommagement - Lavalls perdrait la face. mais faire perdre la face çà un menteur, n'est-ce pas faire avancer la vérité ?
Ce n'est pas le choix de Blummollet... sauf à ce que la colère populaire qui monte autour de la casse sociale fasse de NDDL un fusible pour se sauver la face.