Il y a des fuites au saint siège.
Un scandale qui empêche la curie de coincer la bulle
Scandale au Vatican : le majordome du pape serait la taupe. Malheur de malheur, c'est Belzébuth qui tient l'ostensoir.
Quatre jours après son arrestation, l'ex-majordome des appartements pontificaux a été inculpé. Accusé d’avoir divulgué des secrets papaux, il risque trente ans de prison.
Rebondissement, ou plutôt confirmation dans l'affaire des fuites de documents, qui depuis janvier ont empoisonné le quotidien du Vatican, comme l'avait révélé dès hier des médias italiens, le Saint-Siège a annoncé que le responsable présumé des indiscrétions, en garde à vue depuis quatre jours, n'est autre que l'ancien majordome de Benoît XVI.
La justice du Vatican aurait débusqué la taupe...
"Je confirme que la personne, arrêtée mercredi pour possession illégale de documents confidentiels retrouvés à son domicile situé sur le territoire du Vatican, est M. Paolo Gabriele, qui reste incarcéré", a indiqué dans un communiqué le père Federico Lombardi, responsable de la salle de presse du Saint-Siège. Ben polo, t'es pas dans la m...
Signe des temps ce n'est plus le préfet de l'inquisition qui informe mais le responsable de la salle de presse. Ouf on respire pour l'avenir du mis à l'ombre déjà qu'il est grillé....
Mais où va se nicher l'anticommunisme : pour éviter les réunions de cellule, il n'y a pas de prison au Vatican.
"Techniquement, le petit État ne disposant pas de prison, la supposée taupe est actuellement détenue dans une "salle sécurisée" par la gendarmerie vaticane" rapporte la presse.
La Canaille a juste une interrogation : faire garder par des Gardes Suisses celui qui aurait ouvert les portes de la banque du Vatican, est-ce une garantie de transparence ?
"L'accusé a nommé deux avocats de son choix (...) et il a eu l'occasion de les rencontrer" et le pourra encore dans "les prochaines phases de la procédure", poursuit le communiqué, qui assure que M. Gabriele, 46 ans, qui vient officiellement d'être inculpé, bénéficie de "toutes les garanties juridiques prévues par le Code pénal et de procédure, en vigueur dans l'État de la Cité du Vatican".
"La phase d'instruction se poursuivra tant que la situation au cœur de l'enquête ne sera pas claire, après quoi le juge d'instruction décidera de l'acquittement ou du renvoi en justice", avait précédemment indiqué le père Lombardi à la presse.
"Tout le monde le connaît au Vatican, il y a un sentiment de surprise et de douleur ainsi que de grande amitié envers sa famille, qui est aimée. Nous souhaitons [qu'elle] puisse surmonter cette épreuve", avait-il aussi dit, à l’adresse notamment de la femme du suspect et de ses trois enfants.
Jusqu'à trente ans de prison pour avoir trahi des secrets d'État (peu reluisants)...
C'est que, si d'aventure Gabriele était reconnu coupable, ce proche d'entre les proches du souverain pontife, qui jusqu'à son arrestation mercredi, lui servait ses repas, l'aidait à se vêtir et avait libre-accès aux pièces les plus protégées du Vatican, pourrait passer les trente prochaines années d'une façon très très monastique.
Avec le parfum de scandales financiers qui règnent de ce côté-ci des alpes, c'est l'ex Chanoine qui va être content d'avoir pu quitter Latran à temps.
Quittons la partie "théâtrale" pour aller un peu plus sur le fond :
Il y a la question de ce qui est rendu public, mis silence sur le "par qui ?"et "pour quoi ?".
Au terme d'un mois d'enquête d'une commission spéciale constituée de trois cardinaux, il est reproché au Nestor du Tintin de la Sixtine d'avoir transmis des documents on ne peut plus confidentiels et embarrassants pour l'Église catholique à des médias qui ne se sont pas privés de les rendre publics.
Des pièces, tirées notamment de la correspondance privée de Benoît XVI.
Elles entre autres sont révélatrices des débats internes et sujets sensibles, des négociations entre Rome et "ses" intégristes (les fachos des commandos anti-avortement et autres aumôniers de milices des crimes de guerre de la fin du XXème siècle dans les Balkans), et surtout, sur le terrain financier, de la situation fiscale du Vatican, de la gestion des instituts catholiques et autres affaires de contrats truqués. Sans parler des scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ.
Première victime du scandale, Ettore Gotti Tedeschi, le président de l'Institut des œuvres religieuses, autrement dit la banque du Vatican, accusé de "mauvaise gouvernance" a été limogé jeudi. Le signor est en autre co auteur d'un livre certainement sulfureux au titre énigmatique : L'Argent et le paradis. L'économie mondiale et les catholiques. Certainement un essai sur la dialectique du voeux de pauvreté. La page gogol du dit banquier est aux abonnés absents depuis peu de temps.
Pour l'instant les retours sur la mafia, la loge P2 et autres joyeusetés péninsulaires des années de plombs ne montent pas en première ligne.
Personne parmi les commentateurs qui ne trace de piste avec la chute de l'empire berlusconien et les affres de sa fin de règne quand l'épiscopat italien avait été obligé de prendre ses distances devant les frasques (pas que sexuels) du Cavalieri.
Gabriele, innocent, coupable ou bouc-émissaire ?
Pour avoir illégalement détenu des documents appartenant à un chef d'État, Paolo Gabriele risque gros, a fortiori s'il a agi seul. Nombre des spécialistes du décryptage des fumées vaticanes en doutent. Certains connaisseurs des arcanes du lieu avancent dans la presse italienne qu'il n'a probablement été que le pion d'une lutte intestine.
La chaise percée vous dis-je, la chaise percée !
Au Saint-Siège, beaucoup ne croient tout simplement pas en sa culpabilité, ou du moins sont apparus stupéfaits. M. Gabriele "aime tellement le pape qu'il ne le trahirait jamais", a ainsi affirmé à La Stampa, sous couvert d'anonymat, un prélat qui dans le passé a confessé le majordome déchu.
"Je connais Paolo depuis des années et si les accusations étaient fondées, alors ce ne serait plus possible de croire en qui que ce soit. Je l'ai suivi spirituellement et je peux témoigner que j'ai trouvé en lui une personne aimant l'Église et très dévouée aux papes, d'abord Jean Paul II et maintenant Benoît XVI", a-t-il ajouté. Les paravents, parachutes, paratonnerres se mettent en place.
"Ce qui se passe est incompréhensible pour moi, parce que tout le monde au Vatican avait de l'estime pour Paolo, je n'ai jamais entendu dire du mal de lui ou des ragots sur son compte et vous pouvez me croire, c'est plutôt rare, car malheureusement dans notre environnement il arrive souvent d'entendre des médisances", a conclu ce religieux.
Osons une hypothèse : l'Église catholique apostolique et romaine est confrontée à une crise sans précédent...
La question qui s'inscrit en filigrane est celle de la place d'un des piliers idéologiques du capital dans un monde en crise : Renouer avec les pratiques en œuvre sous Pie et XI et pie XII qui conduiront à l'accompagnement de la pire des réactions ou tenter de sortir de l'ornière où l'a replongée l'élection d'un souverain d'un état tentaculaire théocratique au passée compromis et aux amitiés compromettantes.
Ci dessus Pie XI négociant son "Sam'suffit" du Vatican avec Mussolini 1932
D'après son entourage, Benoît XVI, qui ne s'attendait certainement pas à aborder de cette façon la fête de la Pentecôte se serait simplement dit "affligé" et "choqué" du fait que son majordome ait pu le trahir. Ouf le lundi étant moins férié qu'avant cela va laisser du temps pour respirer.
Que ce soit ou non le cas, pour l'historien spécialisé Alberto Melloni, "jamais l'Église catholique n'a donné un tel sentiment de désorientation". Ce n'est pas le premier scandale qui ébranle l'institution, mais, a-t-il précisé au Corriere della Sera, cette fois, "il y a quelque chose d'encore plus profond", car émerge le sentiment d'un "désordre systémique" au sein de l'Église catholique.
Comment la crise systémique pourrait-elle épargner un des piliers du système ?