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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Après 8 mars, encore

Publié le 12 Mars 2014 par Canaille Lerouge in femmes, poemes, mémoire, art, culture, engagement

Le silence est comme le vent :

il attise les grands malentendus

et n'éteint que les petits

(Elsa Triolet :L’écrivain et le livre

ou la suite dans les idées) 

Après 8 mars, encore

Repris parce que partagé d'une page de médiapart (article signé  Begona Gasc)

Pour le soixante-dixième anniversaire de la Libération, le Ministère de la Défense, en partenariat avec l’Association « le Printemps des poètes », contribue à la réédition du recueilL’honneur des poètes, publié clandestinement en 1943 par VERCORS et Paul ELUARD.
Cette anthologie réunit vingt-deux poètes, dont dix-neuf hommes, une femme, et deux identités incertaines. Elle a été présentée aujourd’hui mardi 11 mars à 11h30 au Théâtre du Vieux Colombier, Comédie Française, lors d'une lecture de morceaux choisis de poètes exclusivement masculins, c’est à dire excluantEdith THOMAS, seule femme du recueil.
A l’heure où le Président de la République choisit d'inhumer au Panthéon deux écrivaines résistantes, Germaine TILLION etGeneviève DE GAULLE-ANTHONIOZ, et après le centenaire l’an passé de la naissance de l’écrivaine résistante Charlotte DELBO(…vous qui passez, bien habillés de tous vos muscles, comment vous pardonner…), une sélection aussi obstinément sexiste a de quoi étonner.
L’explication du Printemps des poètes est qu’il est "difficile de trouver des poétesses de la Résistance". Il suffit cependant d’inscrire ces quatre mots sur un moteur de recherche pour découvrir en première ligne le site poetesses.fr, et, sur cette page, Arlette HUMBERT-LAROCHE, Madeleine RIFFAUT,Marianne COHN, auteure peu connue du célèbre : « Je trahirai demain. Pas aujourd’hui, demain. »
Préface de l’ouvrage dans les deux éditions : « … Il est temps de redire, de proclamer que les poètes sont des hommes comme les autres, puisque les meilleurs d’entre eux ne cessent de soutenir que tous les hommes sont ou peuvent être à l’échelle du poète. / Devant le péril aujourd’hui couru par l’homme, des poètes nous sont venus de tous les points de l’horizon français. »
Un lapse de soixante-dix ans, le droit de vote pour les femmes,  un certaine féminisation des nom de fonctions et trois femmes au Panthéon (dont deux à venir) n’y changent rien : les femmes qui s’expriment et agissent demeurent éradiquées, et, dans les textes, l’homme en minuscules reste abusivement assimilé à l’Humain.

 

Madeleine Riffaud : Les femmes

 

Les femmes les mères se donnent la main

De village à ville au pays lointain.

 

Les femmes de fer se donnent la main,

S'aidant l'une à l'autre à marcher plus loin.

 

les femmes de chair se donnent la main,

Le ciel est plus clair, on n'a peur de rien.

 

Les femmes de pierre tiennent tête au vent,

On entend derrière jouer les enfants.

 

Le voilier de guerre attendra longtemps,

Les femmes les mères ont brisé le vent.

 

 

 

 

Marianne Cohn (17-09-22, 07-07-44)

(jeune résistante allemande engagée en France dans le sauvetage des enfants juif, assasinée à coup de pieds et de pelles dans la nuit du 7 juilet 44) poème écrit en 1943

 

Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.

Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.

Marianne Cohn, 1943

Encore, et pour mon plaisir,  de la si belle et si grande Madeleine Riffaud que La Canaille s'honore d'avoir rencontré et qu'il salue ici  :

 

« Neuf balles dans mon chargeur
 
Pour venger tous mes frères
 
Ça fait mal de tuer
 
C’est la première fois
 
Sept balles dans mon chargeur
 
C’était si simple
 
L’homme qui tirait l’autre nuit
 
C’était moi »

 

 

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R
Merci pour Madeleine qui n'a plus ses yeux pour te lire. Fraternellement, Robert Lechêne
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Merci pour Madeleine qui n'a plus ses yeux pour te lire. Fraternellement, Robert Lechêne