L'Humanité publie ce jour un communiqué du P"c"F à propos de l'Ukraine qui marque une inflexion par rapport à ses premières prises de position.
Il semble que devant l'évidence, les locataires de l'espace Mathurin Moreau sont passés de la stigmatisation unilatérale du président chassé par le putsch des agents oranges à une vision moins partiale et renvoient dos à dos les oligarques russophiles poutiniens et les oligarques germanophiles otaniens.
Le titre de la déclaration est séduisant, il faut ensuite aller voir le contenu (http://www.humanite.fr/fil-rouge/ukraine-la-france-doit-parler-dune-voix-qui-lui-est-propre-pour-la-paix-et-la-democratie.-pcf)
Si l'accent est mis sur la présence d'éléments fascistes et nazis (qualifié "extrêmes droites et néonazis") aucune clarification sur les liens consubstantiels entre ces groupes et la junte mise en place par l'UE ni sur le fait que la quasi-totalité de ce "gouvernement provisoire" en est issue.
Mais de plus quelques phrases sont inquiétantes :
" Pierre Laurent, sénateur de Paris, le Parti communiste français s'est adressé aujourd'hui au président François Hollande pour qu'aucune décision de la France dans la crise ukrainienne ne soit prise sans consultation en amont des chefs de partis (sic) et des présidents de groupe au Parlement."
Passons sur ce curieux concept de "chef de parti" qui, pour qui se pose en communiste, est pour le moins exotique.
Canaille le rouge connait les chefs d'équipes, de cuisine voire d'état major, éventuellement, oui, de partie sous les ordres d'un chef de cuisine, mais chef de parti, en politique c'est pour le moins éloigné des principes de direction collective.
Mais plus grave, sur le fond, qu'est-ce à dire ? Le SG du P"c"F contourne les prérogatives de la représentation nationale et, pire, envisage une aventure possible et n'en appelle pas à l'intervention populaire ? Le "c" prouve sa validité.
Comment dans la même déclaration pouvoir dire (ce que La Canaille considère comme un progrès dans la réflexion) :
" L'Union européenne, la Russie, les États-Unis par l'intermédiaire de l'OTAN ou directement ont versé dans la surenchère, la démonstration de force et l'escalade militaire."
Et dire quelques paragraphes plus bas :
" appeler à la tenue d'une table-ronde sous l'égide des Nations unies et de son conseil de sécurité réunissant autour de l'Ukraine, l'UE, les États-Unis et la Russie devant trouver un accord de sortie politique de crise sur deux points immédiats : l'arrêt de l'escalade militaire et la mise en place du processus démocratique."
Ce qui revient d'une part à accepter que la France, état souverain, délègue à un tiers son rôle diplomatique et de plus demande aux responsables de la crise de la dénouer alors que la seule solution est le respect du droit international, la condamnation du putsch, le départ des nazis dans les soutes de ceux qui les ont amenés.
Canaille le rouge n'a aucune sympathie pour le régime destitué, celui qu'il y a encore moins d'un mois le gouvernement français disait légitime.
Hypothèse : si un commando d'activistes à la façon d'un Hitler en novembre 1923 tente un coup d'état, rentre à l'Assemblée Nationale ou au siège de TF1, aux yeux des gouvernements occidentaux, il devient légitime ?
Si la bande d'ultras réacs redescend dans la rue à 150 000 dimanche prochain, Blummollet part se réfugier aux Kerguelen ? Ayrault prend le maquis à Wallis et Futuna ? C'est quoi cette acceptation de la force contre le droit venant de plus d'un parti qui a renoncé à la révolution et prône la transformation tranquille et institutionnelle de l'organisation du Pays (et plus des rapports sociaux par les collectivisations des moyens de productions et d'échange) ?
Accepté ou non, qui et légitime en Ukraine ?
Poutine ne s'y trompe pas. Dans le jeu de go en cours, il pose ses pierres blanches sur la carte d'Ukraine pour entourer les brunes parachuté par l'Otan, cela fort d'une légitimité qui s'appuie sur un rejet historique légitimes du nazisme par les ukrainiens russophones ou non.
En portant les nazis en Ukraine, l'UE a joué et a perdu en renforçant le camp des oligarques russophiles poutiniens en croyant gagner avec ses oligarques germanophiles otaniens.
Reste le peuple. Un parti communiste digne de ce nom s'honorerait de ne pas décider à sa place, à participer à le déposséder de sa souveraineté. Mais comment accorder ailleurs ce qu'on abandonne pour soi ?
La question ukrainienne montre en creux combien l'UE est un facteur de guerres et un outil de dépossession des peuples de leur souveraineté.
Pour ne pas le condamner, mais appeler à lui donner plus de droit, le P"c"F s'enfonce dans le reniement de sa raison d'être.