Ne jamais oublier
deux 8 mai (dont celui là ) :
36° 09′ 00″ Nord
5° 26′ 00″ Est
8 mai1945 Sétif. Alors que la joie déferle dans ce qu'on appelle la métropole qui fête la capitulation sans conditions des armées nazies, de l'autre côté de la méditerrannée, l'armée française reprend le sinistre flambeau de la bête vaincue.
Le colonialisme aussi suffisant que brutal se déchaine.
Ce sera le début d'une longue marche de 18 ans pour que le peuple algérien gagne son indépendance.
Une guerre où la SFIO et un certain Mitterrand s'illustreront dans la duplicité, la répression sanglante des patriotes algériens, la traque des démocrates et des anticolonialistes, la torture et la guillotine, les massacres de populations civiles.
Plutôt que rechercher à faire original, Canaille le Rouge reprend en 2019 sa page de 2014 sans changer une virgule.
être communiste c'est en tous temps, tous lieux, être anticolonialiste, antiraciste, anti-impérialiste, antifasciste. 8 mai 2014, comptons-nous.
Le mardi 8 mai 1845, jour de la capitulation allemande, Sétif est pavoisée.
Notez la formule officielle : "les Algériens "sont autorisés" à célébrer la victoire des Alliés".
A Sétif, la "manifestation autorisée" commence à envahir les rues dès 8 heures. Estimée à plus de 10 000 personnes, elle défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes « Libérez Messali Hadj », « Nous voulons être vos égaux » « ou « A bas le colonialisme ».
Ensuite ...
"Tôt dans la matinée, à Sétif, les Scouts musulmans, une organisation légale créée par le Parti du Peuple Algérien (PPA) se réunit pour aller déposer une gerbe aux pieds du monument aux morts, situé dans le quartier des Européens. Le Sous-préfet de la ville, Butterlin, qui s’oppose à toute manifestation à caractère politique, leur somme de ne pas porter d’armes, ni d’arborer de bannières revendiquant l’indépendance de l’Algérie. Alors que le cortège gros de 7 000 à 8 000 personnes arrive au quartier français, un drapeau algérien est levé par un jeune porteur de 20 ans. (l'histoire prouvera qu'il s'agissait du fanion des scouts algériens) Refusant de le baisser devant l’ordre français, l’homme est abattu, comme le maire de la ville, réputé modéré, qui tente de s’interposer. Une version des faits qui fait (alors)l’unanimité parmi les historiens (version maintenant discutée (Note de CleR ). Dans la fusillade qui s’ensuit, la foule se disperse et s’attaque aux Européens. Elle fait 27 victimes du côté français. La nouvelle se répand rapidement dans la province, où la population locale, majoritairement paysanne, sort crier révolte. C’est le début d’un soulèvement généralisé, dans plusieurs dizaines de villages du Constantinois, ainsi qu’à Blida et Berrouaghia dans l’Algerois, et Sidi-Bel-Abbès dans l’Oranais". (voila comment l'histoire est officiellement écrite).
La suite s'enchaine comme un cour théorique de l'école de guerre :
La Marine française pilonne les montagnes et leurs villages au canon de 420 avec les obus qui n'ont jamais été tiré sur la Kriegsmarine.
Des bataillons entiers sont envoyés dans les campagnes pour "pacifier".
Pèle mêle on y trouve armées régulière, milices locales, nouveaux engagés de l'armée de la Libération, ceux de la légion étrangère peuplée de nouveaux arrivant aux étranges accents d'Europe centrale ayant fui devant l'Armée Rouge (pour quelles raisons) demandant l'incognito de la Légion ?
Les historiens français et algériens ont maintenant établi deux choses :
1) le jeune algérien abattu d'un coup de fusil n'a vraisemblablement pas sorti un drapeau algérien mais était un scout musulman qui portait son fanion de groupe au couleur de l'Islam et donc aussi de l'Algérie. Mais la peur d'un courant indépendantiste chez les pieds noirs et un pouvoir colonial fortement imprégné des valeurs vichystes ou (et) la recherche de l'alibi pour la provocation, étaient tel qu'un coup de feu à été tiré sur ce jeune qui a été tué.
Le fanion sous les balles devient drapeau.
2) La version officielle reprise sur Wikipédia est contesté. Si le commissaire de police de Sétif à bien tiré ce serait après un premier coup de feu. Ce coup de feu, pour les historiens, ce serait quasiment certain, a été tiré du premier étage d'une maison bourgeoise d'un pied noir connu pour ses comportements racistes. En tous cas rapidement de multiples tirs dont ceux de la police sont parti de différents point au sol et des terrasse au dessus des arcades qui bordaient le cortèges.
Il n'y avait pas d'armes à feu parmi les algériens, ils ont réussi bien plus tard à s'en procurer pour se défendre (sources colloque "8 mai 45 Sétif Guelma Kherrata" Hôtel de ville de Paris mai 2009).
D'autre fusillades ont suivi et la population c'est servi des bâtons de marche (plusieurs heures pour venir jusqu'à Sétif et autant pour repartir) pour se protéger et réagir en pourchassant les agresseurs.
L'engrenage souhaité par la frange la plus pétainiste des pieds noirs venait d'enclencher la spirale qui va faire que l'armée de la République libérée comportant dans ses rangs des héros de la libération en métropole va se comporter en Algérie comme la division "Das Reich".
Pour confirmer, un témoignage : http://pagesperso-orange.fr/jacques.morel67/ccfo/crimcol/node53.html
Le pire suivra:
Dans les gorges de Kherrata, la légion étrangère (et pas qu'elle, les milices et l'armée régulière) fusillera à tour de bras et jettera des centaines de corps dans des brasiers, des fours à chaux, des puits ou au fond des gorges. La même légion, signera en laissant les traces matérielles parfois infantilisantes de son passage qui sont toujours visibles sur les parois rocheuses, gravées et signées par les membres de ses unités engagées.
L'émissaire du Vatican le cardinal Roncalli (qui sera plus tard connu sous le nom de Jean XXIII), en mission d'information sur place, dans une note diplomatique à Rome estime le minimum à 30 000 morts.
Les services de renseignement américain (la flotte américaine et britanniques sont présentes dans les ports du constantinois et assistent aux tirs de la marine française) donnent un chiffre qui oscille entre 30 et 45 000 mort.
Sachant qu'une part conséquente des assassinés (en particulier du côté de Kherrata) n'ont jamais pu être dénombrés de façon incontestable, les chiffres avancés par chaque estimation à plus valeur de plancher que de plafond.
Voila dans quel traquenard colonialiste a été engagé le contingent et fait mesurer ce qu'a été la place des jeunes communistes dans l'armée pour contrer le putsch des généraux une quinzaine d'années plus tard.