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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Mon Jaurès.

Publié le 31 Juillet 2014 par Canaille Lerouge in Histoire, Jaurès, politique, Paix

 

Reprise de deux phrases de Jaurès.

La première intégrale, la seconde, avec l’expérience, mise à l’heure de 2014 par Canaille le Rouge :

"Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire."

"Depuis un siècle, la social démocratie porte le capital et apporte la guerre comme la nuée apporte la grèle et porte l’orage."

 

Mon Jaurès.

 

 

C’était il y a juste cent ans. Et là, de suite, premier choix, cornélien. La naissance de De Funes ou l’assassinat de Jaurès ?

France 2 hier soir à choisi le premier, permettez à Canaille le Rouge de choisir le second.

Parmi le parcours initiatique installé pour l’occasion par l’idéologie dominante et ceux qui s’en régalent, mais passage obligé tant la dimension historique du personnage est incontournable, cette phrase un premier porte flingue de la rue Solferino : “ Il y a du Jaurès dans Hollande ”.

Oui, comme il y a du crabe dans le surimi avec le colorant autour pour faire vendre.

L'attachement viscéral de la SFIO tiendra durablement plus de 24 années, pardons, 24 heures, le temps pour les pacifistes d'hier de voter les crédits de guerre et se jeter de l'union sacrée. 

Cambadelis c'est trompé ce n'est pas du Jaurès qu'il y a dans hollande mais du Viviani mâtiné de Millerand comme il a du Daladier mâtiné de Jules Moch pour la fibre sociale. 

Viviani président du conseil et Millerand ministre de la guerre (rassemblement socialiste et fédération des gauches) qui dès le début 1915 feront donner les conseils de guerre et ses pelotons d'exécution pour maintenir la discipline et le troupe au front et surtout interdire aux socialistes et pacifistes Français, Belges et allemand de pactiser dans les tranchées. 

Et oui camarade, même cela ce n'est pas Pétain qui l'a inventé il n'a fait que donner un rendement et améliorer la sélection des fusillables (ce qui en soit justifiait qu'il soit maréchalisé... par les patrons de l'union sacrée), mais ce sont nos chers socio-démocrates qui ont lancé la machine (lire Fusillés pour l'exemple 1914-1915 -André Bach- Taillandier éditeur).

Donc, Jaurès assassiné par un proche de l'action française de la lignée de ceux qui aujourd'hui recyclés par un passage par la milice ou la LVF vont du f-haine aux trublions qui défilent en soutanes et jupes plissées contre le mariage pour tous, est mis à toutes les sauces par les soces et ceux qui saucissonnent dans les assemblées avec eux.

Dans la vision hagiographique qui va encombrer le paysage médiatique, il y a d'immenses lumières, mais aussi des zones plus dans l'ombre : les limites d'une vision de la représentation et les pratiques délégataires politiques en rupture avec l'idée des coopératives ouvrières développée avec les verriers. 

Ses hésitations voir refus initial à s'engager dans la défense de Dreyfus liées à un sentiment anti-juif important présent dans une partie du courant progressiste français. " « le capitaine Dreyfus, convaincu de trahison par un jugement unanime, n'a pas été condamné à mort, et le pays voit qu'on fusille sans pitié de simples soldats coupables d'une minute d'égarement, de violences » discours à l’Assemblée le 24/12/1894.

Mais aussi ce grand moment de joute oratoire entre Jaurès et Guesde (qui se vautrera dans l'union sacrée sera ministre d'état dans le gouvernement Viviani) et la fameuse controverse de Lille (ou Jaurès s'explique aussi-autocritique- sur Dreyfus ). 

Voici en lien via Gallica : controverse de Lille Guesde Jaurès, le compte rendu original de cette réunion historique où sans micro devant 8 000 militants, le 26 novembre 1900, à l'hippodrome de Lille. Une réunion contradictoire, animée par Gustave Delory, le maire de Lille, entre Jaurès et Guesde : à la fois rapport moral et d'activité pour deux dirigeants à propos de leur attitude respective, 14 ans avant le déclenchement de la grande boucherie.

Ce débat éclaire aussi dans les conditions d’alors le débat « doctrinal » entre réforme et révolution et pour cela est d'une immense actualité.

Alors camarade, plutôt que de hurler via un clavier qui n'en peux mais , de se désoler de voir comment son journal sauf pour les commémos (et encore) est de plus en plus proche de l'Equipe et du Parisien libéré que de Camélinat, Cachin et Péri, compte tenu du climat politique et des tensions internationales de plus en plus lourdes, La Canaille vous indique deux ouvrages majeurs de Jean Jaurès à lire par plaisir, études et faire partager :

Son "Histoire socialiste de la Révolution française" (la version des éditions sociale annotée par Albert Soboul et Ernest Labrousse est magnifique et fait référence) et toujours aux Editions sociales (on la trouve parfois dans des vide-greniers ou ...des caisses de ce qui reste des bibliothèques des sections du P "c "F) : " Vers l'armée nouvelle ", il y a eu une réédition en 2012 (Canaille le Rouge ne la connaît pas) ainsi que les actes d'un colloque organisé en 1985 par la société d'étude jauressienne : "  Jaurès et la paix " organisé par la SEJ et le musée de l'Histoire vivante de Montreuil-sous-Bois (voir le n° 99, octobre-décembre 1985, de Jean Jaurès, le bulletin de la SEJ).

Voilà qui nous sortira des cambadélisseries nauséabondes (voir un ex arc-boutant du trotskysme façon Jospin recyclé en nettoyeur de la mémoire de la SFIO à l'occasion du centenaire de Jaurès est un spectacle qui en soit console presque des prestations de Pujadas), et participera à donner une autre image que celle officielle compassée et naphtalinée de Jaurès.

Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s´appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l´absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d´être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître

Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?

On ne peut pas dire qu´ils furent esclaves
De là à dire qu´ils ont vécu
Lorsque l´on part aussi vaincu
C´est dur de sortir de l´enclave
Et pourtant l´espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux cieux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu´à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur

Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?

Si par malheur ils survivaient
C´était pour partir à la guerre
C´était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu´ils aillent ouvrir au champ d´horreur
Leurs vingt ans qui n´avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prèles oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l´ombre d´un souvenir
Le temps de souffle d´un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès?

                         Jacques Brel

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