"Je bloguerais les mots
s'il fallait les bloguer
pour que chacun sache
de quelle trempe il était"
un Communiste, un Combattant, un Camarade.
Les hasards de la vie militante et associative ont fait que Canaille le Rouge a cotoyé Jacques Damiani. L'homme avait une modestie aussi grande qu'était dense sa vie et grands les engagements qui donnaient sens celle-ci : témoigner, lutter, vouloir changer la société, construire un autre monde de Pain de Liberté et de Paix, avec ce sourire appuyant un pétillement du regard qui portait sa confiance dans l'humanité.
De la résistance à l'internement à Eysse, la mutinerie des politiques, la répression en France puis la déportation, ses engagement sa fidélité à ceux-ci. Un lutteur.
Il a longtemps été président de l’ancienne association des déportés du Val-de-Marne et préparait encore la semaine dernière, les cérémonies des 70 ans de la libération des camps.
Le Fontenaysien Jacques Damiani est décédé samedi à l’âge de 90 ans. Un hommage lui sera rendu lundi 30 mars 2015, à 14 h 30, au cimetière de Fontenay, au 116, boulevard Gallieni.
Entré en résistance à l’âge de 15 ans, fin 1940, il aura vécu pendant la guerre des séjours dans différentes prisons du pays, avant d’être déporté dans le train de la mort en juillet 1944. « Toute sa vie il a fait des cauchemars de ce qu’il a vécu dans les camps, raconte son fils Loïc Damiani-Aboulkheir, adjoint au maire PCF de Fontenay à la ville numérique, au patrimoine historique et au cimetière. Il s’en est sorti grâce au militantisme. Il avait rencontré des communistes en prison pendant la guerre et n’a cessé de militer depuis. »
Jacques Damiani, arrivé à Fontenay en 1963, avait fondé l’union locale de la CGT de la ville en 68. Il avait longtemps secondé Louis Bayeurte, l’ancien maire de la ville, dont il était devenu le secrétaire politique. Les hommages affluent même d’Amérique du sud puisque l’ancien déporté avait parrainé des réfugiés politiques à leur arrivée à la Mission de France à Fontenay.
Plutôt que des éloges, exercice pour lequel la Canaille est peu rompu, ces deux témoignages feront voir qui est l'Homme, avec cette immense majuscule :
Oui, paraphrasons Ferrat pour l'occasion : "je bloguerais les mot s'il fallait les bloguer pour que chacun sache de quelle trempe il était ".
Le lien où avec simplicité il explique comment à 16 ans, l'enchainement des faits conduit à être ce que l'on veut être dès lors qu'on veut rester maître de ses choix et ne pas subir :
http://bteysses.free.fr/Temoignages/Jacques_Damiani.htm
Une page à lire et faire lire plus que jamais.
Façon d'être fidèle à sa mémoire, pour continuer de porter son témoignage (extraits sur le convoi vers Dachau. Ce transport est le cinquième parti de France à prendre la direction du KL Dachau depuis le débarquement de Normandie. C'est aussi le plus important qui ait jamais quitté Compiègne.)
le lien pour la totalité du texte :
...Ainsi nous nous sommes retrouvés une petite vingtaine de résistants d’Eysses ensemble devant le wagon de marchandises sous une légère bruine. Les autres copains, une trentaine sont aussi regroupés dans un wagon… dont la capacité est « 40 hommes, huit chevaux en long »… A coup de crosses nous sommes entassés à plus de 100 dans cet espace d’à peine 21 m² ! La porte refermée avec force vocifération des gardes, c’est une sensation d’étouffement qui nous étreint car c’est une journée chaude qui se prépare, comme les précédentes. Il est à peine 7 heures du matin...
Nous les « Eyssois » tous résistants déjà bien aguerris qui avons connu de nombreux combats, des prisons et la répression, nous nous sommes regroupés dans un coin. Tout de suite nous décidons que, dès que le train roulera, nous essaierons de déclouer les morceaux de planches qui obturent les deux lucarnes du wagon afin d’avoir un peu d’air. Déjà des chicanes, des altercations, des cris s’élèvent de cet amoncellement de corps enchevêtrés. Il faut réagir avant qu’une bagarre n’éclate. Bref colloque entre nous et l’un de nos camarades prend la parole : « Notre voyage risque de durer, il faut économiser l’oxygène surtout à l’arrêt. Voici ce que nous allons faire : la moitié du wagon se tiendra debout, pendant que l’autre s’assiéra en tailleur, emboités les uns dans les autres pendant que trois d’entre nous agiterons des serviettes pour renouveler l’air »...
Voila. Vous comprennez pourquoi Canaille le Rouge tenait à rendre ici et à sa façon hommage à Jacques Damiani.