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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Retour sur la Charte d’Amiens.

Publié le 8 Novembre 2017 par Canaille Lerouge

 

A propos des "zapeuprés"

du Docteur JLNBB

Retour sur la Charte d’Amiens.

Quand on soulève le coin du tapis, on est certain de trouver poussières et autres scories plus ou moins desséchées. Pas sûr que ceux qui ont eu l’idée d’aller y voir y trouvent leur compte tant l’archéologie domestique engagée va les mettre devant leur passé.

Le message du Jean Luc Mélenchon dit « Napo-Boulanger-Bruant » (JLNBB pour les maintenant intimes) a un grand mérite, il va conduire nombre de syndicalistes à revenir sur le IX congrès de la CGT en 1906 à Amiens (8_10_octobre 1906, il figure in extenso sur le site de l’IHS CGT http://www.ihs.cgt.fr/).

JLNBB n’y retient, de façon tronquée et surtout fausse que l’appel à la grève générale en oubliant de dire que ce qui conduira le syndicalisme révolutionnaire à débattre de ce sujet, c’est la volonté de l’internationale socialiste et en France la SFIO de mettre en place un lien hiérarchisé et impératif entre le syndicalisme et le parti, le parti fournissant la tête, les cadres et le sens de l’histoire, le syndicat de façon organique assurant la claque, les colleur d’affiches et surtout financements et voix assurées contre une part de mandat dans le parti.

La CGT à Amiens avec ce qu’on nommera ensuite la Charte va rejeter ce harcèlement et les avances de la SFIO à sa quasi unanimité.

En 1895, la création de la CGT se construit autour d’une affirmation d’indépendance du syndicat.

Celle-ci est revendiquée par l’article premier de ses statuts : « les éléments constituant la Confédération générale se tiendront en dehors de toute école politique » Et l’article 2 de préciser : « la Confédération Générale du Travail a exclusivement pour objet d’unir sur le terrain économique et dans les liens d’étroite solidarité, les travailleurs en lutte pour leur émancipation intégrale. »

 La SFIO née quelques jours plus tôt de l'unification de divers courants se revendiquant du socialisme de l'après Commune de Paris, héritière déjà très perturbée de l'OIT de K Marx se positionnait d'entrée pour un lien organique et de subordination des organisations syndicales, de solidarité à l'outil politique.

Les guesdistes du Nord, futur bastion du réformisme syndical et politique, demandent au congrès de Limoges de septembre 1906  que « selon les circonstances, l’action syndicale et l’action politique des travailleurs puissent se concerter et se combiner » (coucou Jena luc Guesde ;-) ).

L'amendement est certes repoussé mais trace un cap fort dans le bastion historique de la SFIO  (et conduira plus tard à une rupture interne en son sein).

La motion guesdiste est repoussée au profit d’une motion du Tarn qui stipule que « la classe ouvrière ne pourra s’affranchir pleinement que par la force combinée de l’action politique et de l’action syndicale". Première ligne d'affrontement.

Lors de son congrès de Toulouse en octobre 1908 (deux ans après le congrès d'Amiens de la CGT), la SFIO exprimera une évidente défiance à l’égard de la rhétorique dite « grève généraliste », Mais ne rejette pas l'idée de la récupérer (coucou Charlety) en paraissant également l’envisager comme un moyen subsidiaire dans la démarche toujours proclamée d’émancipation du prolétariat. Jaurès affirme alors que son organisation a le droit de dire à la classe ouvrière : « Ne sois pas fanfaronne et stérile. Ne fais pas le jeu de la classe ennemie par des mobilisations factices, par des simulacres de grève générale". Jaurès pour immense progressiste pacifiste qu'il fut avait aussi ses côtés donneurs de leçon. 

Le congrès de la SFIO s’achève sans exclure dans l’absolu le recours à la gréve générale mais il conclut cependant sur l'établissement d'un marqueur qui incruste la SFIO  et pas qu'elle ,sur cette nécessité de considérer « comme un devoir essentiel de ses militants de travailler, par l’action électorale, à accroître la puissance parlementaire et législative du socialisme".

les racines de la pensée de JLNBB sont là.


C’est justement cette courroie de transmission, et oui l’Internationale Syndicale Rouge n’a fait que tenter de copier les pratiques antérieures et c’est une des raisons qui fait que Monmousseau et Sémard en 1922 vont dire à Lénine leur acceptation sous conditions  à celles posées par l'ISR, dont l’attachement de la CGT à la Charte! ). 

Il n’est pas inutile de rappeler que ce type de fonctionnement est toujours en vigueur dans les Trade Unions Britanniques et les syndicats allemands et scandinaves, avec le bilan déplorable en matière de salaires,garanties sociales, les succès revendicatifs, la protection sociale et les droits en matière syndicale que nous connaissons.

Or, si nous lisons bien la déclaration de JLNBB, chacun pourra noter que ce qu’il propose n’est ni plus ni moins qu’une resucée du paysage politique selon les vœux de la SFIO de 1906, assénée en 2017 avec les méthodes musclées des lambertistes de l’OCI et, aplomb sans vergogne, de l’évidence d’un Rocard.

En fait après lecture et relecture pour être certain d’avoir bien lu, le sieur JLNBB s’annonçait Jaurès,,,,on vit se pointer l’ectoplasme de Kautsky :

Un simple renouvellement voie-ballast et changement des sièges du train fantôme de la social-démocratie.

C’est ainsi que se construit dans la morne plaine de cette social-démocratie le waterloo du pacte annoncé par le chef d'état major avec le capital,

Vous ne trouvez pas qu’elles sont un tantinet décaties les fulgurances lumineuses de notre gardiens ce chef d’oeuvre en péril ? 

 

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