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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Solidarité des gens de mer ; sordidité des gens de terre

Publié le 25 Juillet 2018 par Canaille Lerouge in solidarité, Pour réfléchir ensemble, lutte de classe, politique, Coup de gueule, Mensonge d'état, Réfugiés, naufrages

 

Il est des impossibles

auxquels on est tenu.

Ceux qui s'y tiennent

les rendent possibles

Ceux qui se défilent,

eux,

 sont impossibles

Solidarité des gens de mer ; sordidité des gens de terre
Solidarité des gens de mer ; sordidité des gens de terre

Un bateau, le Sarost 5 a effectué le sauvetage de plus de 40 réfugiés en Méditérranée. Devant le refus des autorités maltaises, italiennes et françaises d'accueillir ces êtres humains, il s'est dirigé vers la Tunisie, pays dont il bat le pavillon. Les autorités tunisiennes à leur tour lui refusent le droit d'accoster.

Les quarante personnes, dont deux femmes enceintes, sont depuis maintenant plus d'une semaine sur le pont du navire; un bateau marchand ne disposant pas de cabines. les 14 membre de l'équipage et bien sur les réfugiés sont bloqués en pleine mer.

Comme si une omerta institutionnelle cherchait à faire un exemple sur le capitaine et l'équipage qui pourtant ont appliqué le droit et ont mis leur réaction de solidarité au diapason des impératifs du droit en sauvant ces 40 naufragés de l'impérialisme. Culpabiliser les marins sauveteurs comme les mêmes, à travers la planète, criminalisent les luttes sociales.

 

Or le droit international est on ne peut plus explicite et les conventions qui le régissent sont impératives :

L'Humanité rappelait il y a peu le cadre juridique dans lequel s'organise cette solidarité. Elle est impérative y compris pour les états et les armateurs pas que pour les officiers et équipages : 

 

La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982

(Convention UNCLOS) qui stipule que «tout État doit exiger du capitaine d'un navire battant son pavillon que, pour autant que cela lui est possible sans faire courir de risques graves au navire, à l'équipage ou aux passagers :

il prête assistance à quiconque est trouvé en péril en mer;

il se porte aussi vite que possible au secours des personnes en détresse s'il est informé qu'elles ont besoin d'assistance, dans la mesure où l'on peut raisonnablement s'attendre qu'il agisse de la sorte». (Art. 98(1)

 

La Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974

(Convention SOLAS) prévoit que le «capitaine d'un navire en mer qui est en mesure de prêter assistance et qui reçoit, de quelque source que ce sort, une information(2) indiquant que des personnes se trouvent en détresse en mer, est tenu de se porter à toute vitesse à leur secours, si possible en les en informant ou en informant le service de recherche et de sauvetage....» (Chapitre V, Règle 33(1)).

 

Les obligations des gouvernements et des centres de coordination et de secours

  Plusieurs conventions maritimes définissent les obligations des États Parties en ce qui concerne les arrangements nécessaires entre États en matière de communication et de coordination en cas de situation de détresse dans leur zone de responsabilité et pour le sauvetage des personnes en situation de détresse autour de leurs côtes : 

La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982

(Convention UNCLOS) impose que «Tous les États côtiers facilitent la création et le fonctionnement d'un service permanent de recherche et de sauvetage adéquat et efficace pour assurer la sécurité maritime et aérienne et, s'il y a lieu, collaborent à cette fin avec leurs voisins dans le cadre d'arrangements régionaux. (Art. 98(2))

la Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974

(Convention SOLAS) contraint les États Parties «... à prendre les dispositions nécessaires pour la communication et la coordination en cas de détresse dans la zone relevant de sa responsabilité et pour le sauvetage des personnes en détresse en mer à proximité de ses côtes. Ces dispositions doivent comprendre la mise en place, l'utilisation et l'entretien des installations de recherche et de sauvetage jugées réalisables et nécessaires...» (Chapitre V, Règle 7)

la Convention Internationale sur la Recherche et le Sauvetage maritime de 1979,

(Convention SAR) oblige les États Parties à «... s'assurer que l'assistance puisse être octroyée à toute personne en détresse en mer et ce indépendamment de la nationalité ou du statut de cette personne ou des circonstances dans lesquelles cette personne a été trouvée» (Chap. 2.1.10) et à «[...] pourvoir à leurs premiers besoins et soins médicaux et à les conduire dans un lieu sûr.» (Chap.1.3.2.)

Les amendements aux Conventions SOLAS(3) et SAR(4) visent à s'assurer de la continuité et de l'intégrité des services SAR, à veiller à ce que les personnes en situation de détresse en mer soient secourues tout en minimisant les dommages de ces interventions pour les navires concernés. Ils exigent donc que les États contractants :

  • Se concertent et coopèrent afin que les capitaines de navires prêtant leur assistance en prenant à leur bord des personnes en situation de détresse soient relevés de leurs obligations avec une déviation minimale par rapport au son parcours initialement prévu ;

  • Organisent un débarquement dans les délais les plus rapides possibles.

OMI : organisation maritime internationale

SAR : Recherche et le Sauvetage maritime de 1979,

SOLAS : Sauvegarde de la Vie en mer de 1974

UNCLO : Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982

Pour rappel ou information, voici le communiqué de la CGT et sa fédération des Officiers de la Marine Marchande au moment de l'épisode de l'Aquarius  :

ACCUEIL DES MIGRANTS

Comportement assassin et déni de solidarité de la France et de l’Europe
mardi 12 juin 2018

Le 10 juin, le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement italien a refusé d’accueillir le navire humanitaire Aquarius avec à son bord 629 migrants. 
La CGT condamne cette décision mettant en danger de mort ces personnes, irrespectueuse des principes de solidarité et d’assistance aux personnes en danger, inhumaine mais sans surprise venant d’un gouvernement de coalition entre parti libéral et parti d’extrême droite.
Ce navire de 70 mètres immatriculé à Gibraltar n’est pas prévu pour recevoir autant de personnes. En cas de mouvement de foule, il y a un risque d’accident et de drame très important.
Que fait l’État du pavillon de ce navire ? Prend-t-il ses responsabilités pour assurer la sécurité de ce navire ?
La CGT condamne également la gestion de ce nouveau drame par les États de l’Union Européenne : 
- le refus de Malte d’accueillir l’Aquarius ; 
-  les plaisanteries intempestives et intolérables des Premiers ministres belge et français ; 
-  le silence honteux et coupable de la France, notamment de ses ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, comme du président de la République.
Finalement, c’est l’Espagne qui a décidé d’accueillir l’Aquarius, pourtant pas en état d’aller au premier port espagnol sans risque, situé à deux jours de mer (par beau temps). C’est donc le seul pays européen qui aura fait preuve d’humanité et de respect vis-à-vis des migrants. Cet événement aurait pu être tragique au regard du cimetière qu’est devenue la Méditerranée.
À la veille des élections européennes, la CGT dénonce et combat les politiques qui font de l’Europe une forteresse : une forteresse entourée des murs de l’indifférence à la détresse humaine et à l’aspiration à vivre, conséquence de la politique néolibérale menée au niveau mondial où l’argent a plus de valeur que la vie.
La France, pays des Lumières et des Droits de l’Homme, est restée silencieuse. Ce silence assourdissant s’inscrit dans sa politique honteuse, à l’image du projet de loi « Asile et Immigration » : 
- détention des migrants dont des réfugiés et des enfants alors qu’ils ne sont pas des criminels ; 
- délit de solidarité pour les aidants ; 
- droit de recours limité ; 
- volonté du gouvernement « d’éviter les départs » de migrants de leur pays d’origine, même si cela doit passer par l’esclavage ou la torture, des « tris », comme c’est le cas en Libye notamment.
Cette politique gouvernementale n’est pas « et de gauche et de droite », elle est d’extrême droite et porte en elle la face la plus noire de notre histoire contemporaine.
La CGT exige de l’État français qu’il soit digne, solidaire et accueillant, à l’image de la France et de ses Lumières qui ne doivent être éclipsées par le spectre du populisme et de la démagogie.

Montreuil, le 12 juin 2018

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