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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

"Gauche" ? le concept reste-il pertinent ?

Publié le 10 Février 2021 par Canaille Lerouge

Fin d'un cycle historique majeur

victime d'une obsolescence

par certains délibérement  programmée

"Gauche" ? le concept reste-il pertinent ?
Vu l'activité vibrionnante du club des "deuxmil vingtdeuxistes" en lévitation hors sol, permettez moi de donner un point de vue distancié sur une question qui s'abrite sous le chapiteau au fronton duquel clignote comme chez Bouglione le mot de "gauche". chacun verra si il faut y inscrire le mot cirque.
 
Les "deux-mille-vingt-deuxistes" sont dans l’arène. Je n’y sauterai pas.
 
Non pas par désaffection de la chose politique, bien au contraire, mais parce que je n’ai pas envie de jouer les gladiateurs pour une sinistre représentation où de sa tribune le reconductible imperator, indique avec son pouce, arbitre qui sera tué le dernier, qui éventuellement, il graciera... pour le prendre à son service.
 
C’est que ce corps de mercenaires politiques est maintenant bien identifié et les écuries des gladiateurs tentent de baliser l’arène.
 
Mais surtout un refus des jeux du cirque pour une raison première : la règle du jeu, ses buts et ses moyens qui sont à des années-lumières des conditions de la vie quotidienne allant s’aggravant pour la grande masse des habitants de notre pays.
 
Tout leur débat se joue autour de l’idée "quelle candidature à gauche pour tenter d’être présent au 2e tour" de ce qu’il faut bien appeler une mascarade tant les dés sont pipés et tant les déclarations et intentions servent de masques à la convergence des programmes et projets dans ce qu’ils laissent intacte le système.
 
Tout se noue autour d’un mot qui incontestablement fut porteur offensif de valeurs, le mot "gauche". Une volonté de "rassembler la", "de rassembler à"... tant Il est vrai que le mot devenu concept porte une charge historique positive, émotionnelle, accumulée durant des lustres.
Pour autant, le mot devenu incantatoire reste-t-il fécond en terme de contenu mobilisateur ? Sinon pourquoi ? Et dès lors comment contourner efficacement ce qui de tremplin du progrès est devenu avec le temps une planche vermoulue ?
 
Devoir poser la question, c’est déjà y répondre. En notant deux ou trois choses qui éclairent de bonne façon ce paysage.
 
Ceux qui y tiennent le plus sont ceux qui en ont le plus édulcoré les valeurs qu’il est censé porter. Et cela ne date pas d’une sorte de bogue politique de l’an 97 voir 81, mais d’avant. On peut même dire que concernant cette idée de gauche, née dans les turbulences révolutionnaire de notre histoire, grandit dans les conquêtes sociales et politiques du XIXe et XXe siècle par le monde du travail et le courant progressiste se voit frapper d’obsolescence politique dès août 1914 avec l’union sacrée au secours de l’impérialisme et sa boucherie.
 
Ce débat, n’est-il réservé qu’au débat politique ? Non ! Cette question autour de "gauche" est très cousine d’une expérience dont n’est pas encore tout à fait sorti le syndicalisme avec ce concept de syndicalisme rassemblé. En filigrane et à travers l’histoire il tourne autour du terme d’unité, et donc de celui qui fait dénominateur commun aux deux espaces :"union".
 
De suite, la croisée des chemins se dresse devant nous : se rassemble-t-on autour d’organisations ou autour d’un contenu ? C’est le choix de l’obsolescence ou celui de la vie.
Pour le syndicalisme les mots "unité", au plan politique celui "d’union "-de la "gauche" ; ce terme n’étant pertinent qu’à partir des valeurs dont il se prétend porteur.
 
Parce qu’union de la gauche sous-tend des comportements qui sont les câbles tenseurs de ce chapiteau capté par l’état-major du débat. Au peuple d’assurer du dehors la tension des câbles et haubans, aux état-majors, au chaud à l’intérieur autour du buffet près des urnes de parler de tout sauf du contenu.
 
Or, entre la gestion loyale du capitalisme de Léon Blum, la mixité des capitaux quels que soient les critères et dominante du P"c"F, les variantes de l’indignation idéologique sans alternative politique d’une part et les exigences de choix affirmés pour rompre avec les causes de la situation d’autre part, il y a pour le moins une distanciation qui n’a rien de brechtienne.
 
Si nous comparons les exigences émancipatrices des producteurs réels des richesses, la nécessité de rompre ce lien de subordination salariale qui institutionnalise le capitalisme comme rapport social d’exploitation, les débats des "au chaud sous le chapiteau", outre qu’ils sont d’aspects très différents, sont au socialisme ce que les œufs de lump sont au caviar sachant d’autant que les attablés tentent de nous faire prendre le premier qu'il se réservent pour le second qu'ils nous promettent.
 
Que de façons convergentes, avec la complicité des Ducatel tapis dans la "pécéèf-sphère", tous aient priorisé leurs efforts pour envoyer par le fond la stratégie autogestionnaire du PCF d’avant 1997, confirme si besoin était que ces forces de "gauche" là ont vidé le terme de ses valeurs émancipatrices et donc ont rendu le mot obsolète au regard des urgences politiques.
Il n’est d’idée qui pour vivre n’ait pas besoin d’être nommée. Le déterminant unique ou concept rassembleur à mettre en place doit à la fois porter les valeurs historiques progressistes de notre histoire et montrer la volonté de rupture avec l’obsolescence idéologique programmée.
Pour ma part, je n’en vois qu’un qui porte histoire, espoir et niveau de nécessité politique. C’est celui de Révolution.
 
Pas de façon incantatoire, mais comme but et moyen de mise en œuvre d’une véritable alternative.
 
Le rassemblement nécessaire à cette mise en mouvement populaire sur la base de l’accumulation des combats progressistes avec les phases révolutionnaires aiguës qui ont façonné la société française ne peut se faire de façon consensuelle autour d’un nom sorti d’un chapeau ou d’un appareil rendu obsolète de par sa façon, de compromis en renoncement, d’avoir créé sa propre obsolescence.
 
Ensuite pointe une vraie question : comment s’organiser pour que cette idée creuse son sillon rassemble autour d’elle à partir d’un contenu par ceux qui la porte et pas par ceux qui veulent faire porter aux autres l’héritage de leurs compromissions et reniements.
Arriver en disant "révolution mode d’emploi suivez le guide" serait rejoindre les précédents dans la charrette de l’échec.
 
Comme il n’y aura pas de génération spontanée, la priorité des plus conscients de cette urgence n’est pas de présenter un programme et un nom qui le pousserait mais de renouer avec la pratique née des cahiers de doléances, portés par ce que le syndicalisme connaît du cahier revendicatif qui du local au général bâtit une articulation cohérente élaborant un projet structurant ses forces pour le faire aboutir.
 
Ces plus conscient n’étant pas une avant-garde éclairé parce que sachant à la place des autres mais une avant garde parce que mobilisé pour pousser cette réflexion et élargir en permanence celles et ceux qui la porte, les incitant à l’enrichir et à eux même rassembler toujours plus ceux qui vont à la fois créer l’Idée et le mouvement qui la porte, la fait mûrir.
 
C’est en cela qu’il s’agit dès lors d’un vrai projet communiste. Quel que soit le nom qu’il portera, il est la seule issue possible pour abattre le mur qui ferme l’impasse.
 
C'est revenir à cette idée socle l'émancipation des exploités émancipera la société tout entière. Cela donne de plus sa dimension démocratique dans une société française ou 92% des actifs sont des salariés.
 
Vous savez maintenant pourquoi pour moi, il n’est pas question de sauter dans une arène tant les pratiques soutenant cette théorie est non seulement bannie, mais combattue.
 
Laissons les "deux-mille-vingt-deuxistes" en lévitation sous leur tente, lâchons câbles et haubans pour aller sillonner la campagne afin de construire un rapport de force ancré sur une analyse de classe pour s’émanciper du capitalisme en le faisant disparaître.
 
Ce qui conduira soit à redonner du sens au concept historique soit parce que définitivement non opérationnel le terme de gauche pourra tenir un place de choix dans les vitrines d'un musée de l'histoire politique et sociale et de son "cheminement impasses, sursauts et problèmes".
 
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