Dans les institutions politique de répression française il semble que là aussi Darwin avait raison : la fonction crée l'organe.
On sait maintenant clairement de quoi Hortefeux et ses acolytes est le nom les mânes de Papon doivent en soupirer d'aise.
EDITORIAL PAR JEAN-EMMANUEL DUCOIN
De quoi Hortefeux est-il le nom ?
Telle une confirmation éclatante, nous avons d’abord ouvert le Larousse, histoire d’en finir avec l’un des usages médiatiques navrants, l’emploi de formules rabâchées sans vérification. Définition du mot dérapage : « Action de déraper. » Définition de déraper : « Glisser dans une direction oblique, en parlant d’un véhicule. Glisser involontairement. » Nous y voilà. Même en considérant que Brice Hortefeux, alias ministre de l’Intérieur, ne souhaitait pas provoquer « volontairement » une tempête politique de cette ampleur, doit-on considérer que sa sortie verbale, captée par vidéo amateur, et qui ne laisse aucune place au doute quant à sa nature xénophobe, ne constitue pour autant qu’un simple « dérapage » ? Une réponse s’impose : non et non ! De tels propos ne sont pas le fruit d’une « glissade involontaire » mais traduisent la probable nature profonde d’un homme que l’on sait coutumier du fait… Rachida Dati n’aurait-elle pas, à plusieurs reprises, qualifié cet homme de « gros raciste » ?
Plagions qui vous savez : de quoi Hortefeux est-il le nom ? Ainsi donc, pour ce ministre de la République, les Arabes suscitent ce genre de commentaire : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. » L’ambiance potache du récent campus de l’UMP ne change rien à l’affaire. Car, désignant l’Arabe de service, le ministre ajouta : « Il ne correspond pas du tout au prototype. » Des propos inqualifiables, honteux de la part d’un des piliers du gouvernement, responsable, qui plus est, des politiques de sécurité publique… Au moins savons-nous désormais ce que cet homme-là, sans surprise pourrait-on dire, a vraiment dans le ventre ! Hier, sans réfléchir, tous les ministres ont dénoncé « une campagne de dénigrement scandaleuse », Roselyne Bachelot assurant même : « Brice Hortefeux est un homme de coeur, de dignité. » Personne n’oubliera ces mots… D’autant que cette polémique intervient peu après la mise à la retraite d’office du sinistre récidiviste du genre, le préfet Paul Girot de Langlade, qui, hier, pouvait pavoiser : « Je me dis que le plus raciste des deux, ce n’est pas moi. »
Dépassons le simple cas d’Hortefeux. Ce porte-flingue du pétainisme revisité n’est-il pas issu du tout premier cercle sarkozyste ? N’est-il pas l’ancien ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, qui, à ce titre, pratiqua avec zèle, comme son successeur Éric Besson, une politique d’expulsion indigne à l’esprit humain le plus élémentaire ? Une politique décidée par Sarkozy, assumée par Fillon et tous les ministres. Dès lors, doit-on réclamer la démission immédiate de cet Hortefeux doué dans l’art de singer Le Pen ? Ou, comme le bon sens nous y invite aussi, doit-on réclamer le retrait de tout ce gouvernement ?
Nicolas Sarkozy, qui porte la responsabilité historique de ces dérives, traîne la France dans les catacombes de son histoire, faisant resurgir les pires pulsions de la réaction nationale, celle de la Restauration contre la République, de juin 1848 contre les ouvriers, des Versaillais contre la Commune, des colonialistes contre les « indigènes », bref, il assume la persécution verbale et actée des plus faibles, à commencer par les étrangers, avec comme référence des discours racistes, naturalistes ou biologisants. De l’homme noir (discours à Dakar) à l’Arabe, en passant par les gamins génétiquement délinquants, la « racaille », voire le jugement des malades mentaux : l’apologie ultra-droitière décomplexée porte atteinte à toutes les valeurs républicaines. En s’abaissant dans le caniveau de la pensée lepéniste, la dignité du pouvoir incarné est en cause. Il n’y a aucun dérapage là-dedans ; juste des emprunts à une longue tradition xénophobe.