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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Arènes multiplexes, gladiateurs médiatiques et l'argent

Publié le 23 Décembre 2012 par canaille le rouge in Nouvelles du front

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Bizarre de chez roïde ce spectacle.


Pour ne pas voir la tempête qui fait rage, tous au cirque médiatique. La troupe et ses mécènes vont vous expliquer pourquoi la question n'est pas qui possède le chaudron magique mais pourquoi il est à garder entre initiés.


Pour aller voir les jeux, les invités et places gratuites file de gauche places roses, les mécènes, donateurs importants des fondations et entrées payantes files de droites places bleues.


Durant les fêtes, le spectacle continue : sur scène ou en lice, d'un côté ceux qui ont la thune de l'autre ceux qui sans en être démunis en ont moins et les deux font représentation, pas avec les mêmes motivations mais pendant la crise il faut être, "Panem et circenses", où cela se bouscule, pour être Juvenal afin ne pas être estampillé de la cohorte des empereurs d'alors pour avoir rang chez ceux d'aujourd'hui.


Comme le théâtre permet tout, c'est sa force, la représentation est belle :

Spartacus contre Ganelon avec la demoiselle de Cherbourg dans le rôle de Berthe au grand pied montrant son foulard. Toute la noblesse de plume, de costume et de fard entre en lice.


Vous avez le droit d'assister au spectacle et d'applaudir quand le Bellemare de service vous fera signe. Vous y voyez mal ? Afflelou fera distribuer des lunettes.


Et qu'on s'écharpe, et qu'on s'étripe.

http://carlpepin.files.wordpress.com/2010/09/pertes2.jpg

 

Pendant ce temps parce que ce théâtre est multiplex, sur la scène d'à côté, un monologue revu par un Shakespeare zurichois aux accents hugolien pérore : "avoir ou ne pas avoir de compte en Suisse", "Das ist die Frage " cri d'un Ruy Blas su 21ème siècle cherchant des ministres intègres. Il y a quelques choses de pourries au royaume des honneurs redevenus de cours.


Fédératrice de l'intrigue, encore et toujours la Thune tandis qu'un succédané de De Funès, bouillon d'inculture en grande vadrouille pour toucher ses cachets, nous annonce une reprise possible de sa vie de château.


La même semaine, le pape du grand luxe, pour être trop dans la lumière du côté de Bruxelles semble se bruler les ailes.


Tout cela pour vous faire avaler qu'accumuler, entasser, dilapider de la thune, de l'oseille de l'artiche ce n'est pas péché, sinon véniel, mais que la question serait la moralité de son usage.


Sauf que comme à la table de baccarat, la partie ne se joue qu'entre personne qui peuvent s'y asseoir.


Si le débat de la barrière fiscale des 75% anime les plateaux, personne qui n'interpelle de savoir comment est-il possible que sur trente ans de telles accumulations soit possible, hors de proportions des capacités productives du travail humain et explique comment le rallye des contournements des lois fiscales est devenu un "parcours santé" pour transmission de patrimoine.


Personne qui ne dise (encore que Spartacus s'y invitant s'escrime à ventiler la pièce qui commençait à puer très fort) que ce malodorant étalage de fric n'est possible pour le club des nantis parce que le reste des humains est exclus du droit à vivre normalement voir à survivre et maintenant jusqu'au porte de leurs citées d'or défiscalisées. N'est-ce pas là le vrai débat ?


L'acteur est dans son rôle et se rémunère pour cela : tant qu'on se gausse et bastonne Arlequin, on ne regarde pas la cour. Les projecteurs sur Néchin mettent à l'ombre Londres Uccle, Lausanne ou Gstaad.


Par contre et Torreton-Spartacus n'a pas tord quand il dégomme Ganelon déguisé en Cyrano, quand il montre que la ligne de partage n'est plus entre géomètres et saltimbanques mais entre les nantis des deux groupes face au démunis provenant de mêmes souches.



Jusqu'à la fin du siècle dernier le monde du spectacle était massivement du côté de Vilar et de Barrault, les Guitry à la marge. Triste le souvenir de Peau d'Âne quand celle qui l'incarna pour en montrer le fond défend aujourd'hui les liens incestueux du père Argent avec sa fille Évasion fiscale et prend la défense de Ganelon au nom du droit de tout faire et du  pouvoir de tout dire  quand on n'est du camp des possédants . Que Deparlui trouve aujourd'hui des défenseurs au nom du talent en dit long.


Finalement quand on y réfléchit le débat n'est pas nouveau : Quelle plume ces Goncourt éditorialisant pour fusiller les Communards ! Quel talent ce Daudet qui finance " je suis partout" ! Et Dassary qu'il avait une belle voix quand il chantait "maréchal nous voila".  Le pinceau de Dali quoique franquiste est génial, et le talent d'un Koblencien fiscal devrait faire pardonner qu'il est Koblencien par un intérêt qui porte nom : intérêt de classe qui réunis des gens ayant égoïsme de classe et de caste. Schizophrénie entre talent et usages de ses rentes, la logique du système permet tout.


Sans pousser son raisonnement au bout de sa logique, l'écrivaine Marie Desplechin prend un recul qui aide à y voir clair :   "C’est quelqu’un de connu, on lui tombe dessus mais quand on pense à toutes les entreprises hyper bénéficiaires qui ne paient pas d’impôts, car localisées dans des paradis fiscaux ! Le problème n’est pas individuel, ni franco-français, mais international.» Bien sur, dans ce débat, personne qui n'avance sur le terrain des conditions de l'accumulation.


Pour autant, une sorte de garde d'honneur des sunlights et rideaux (qui eux sont rouges) se met en marche : C'est une forme d'esprit bien en cours dans la bourgeoisie française : fusiller le milicien (ce que La Canaille ne pleurera pas) mais réhabiliter Céline ; ils appellent cela faire la part des choses. Parler de victimes "certes compromises mais talentueuses" d'une épuration pourtant si peu virulente au 20ème siècle et faire des talentueux persécutés du fisc au 21ème les héritiers de la terreur, des pétroleuses, des hordes rouges de 44.


Prokofiev, Dalton Trumbo, Victor Jarra, Paul Robeson ou Ferrat n'ont pas eu droits aux mêmes égards. 


Pour ceux qui s'interrogeait encore sur la nature extra-gravitationnelle de l'art, merci à madame Deneuve d'avoir braqué ainsi les projecteurs : la lutte des classes ne reste pas à la porte des théâtres ou des plateaux elle y est de plein pied.


Le Bellemare de service, dont le cachet est assuré par les annonceurs, vous fait signe d'applaudir …mais vous qui êtes cantonnés dans les tribunes, n'y êtes pas obligés, ce n'est pas prévu dans le cahier des charges.

 

 

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