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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Charonne, depuis Akademgorod

Publié le 8 Février 2012 par canaille le rouge in Mémoire et Histoire

 

http://www.humanite.fr/sites/default/files/vignettes/10-ont-tue.jpg

Sous le coude de La canaille depuis peu de jours, ce témoignage de Robert Lechêne une grande figure du journalisme communiste.

Il me l'a fait passer et après l'avoir recontacté, il a été convenu de le mettre en ligne ce 8 février.

Le voila :

Charonne est pour moi d'un poids particulier.

J'étais alors en reportage avec Max Léon en Sibérie, à la cité scientifique d'Akademgorod, nous étions dehors par moins trente degrés près d'un bâtiment plein d'ordinateurs quand un employé est venu en courant nous dire qu'il y avait eu des tués dans une manifestation à Paris.

Nous n'avons pas pris sur l'instant la mesure de ce qu'il nous disait, et il n'était pas commode à l'époque de se mettre en relation avec Paris.

C'est après notre retour que Charonne a pris pour moi tout son sens, avec tout particulièrement la part de ces camarades qui travaillaient à "l'Humanité", et encore plus particulièrement pour moi avec ce nom de Fanny Dewerpe, pour moi la petite Fanny Kapchuich, copine de mes dernières années de jeunesse, 1945-1946...

Nous nous étions connus, toute une jeune bande d'étudiants, au local de l'Union de la Jeunesse Républicaine de France du Quartier latin où on entendait parler du marxisme, du socialisme, du communisme par le professeur Maublanc, ou Pierre Hervé, ou d'autres.

Nous allions nous balader, joyeux, fraternels, dans Paris ou sur la ligne de Sceaux (ancêtre du RER). J'ai été reçu plusieurs fois chez les parents de Fanny, dans leur logement derrière la Poste des Grands boulevards, à deux pas de la République.

Ayant pris un travail, j'ai perdu de vue Fanny, mais j'ai toujours gardé le souvenir précis de son visage, qui était barré d'une veine bleue, elle avait un caractère vif.

Plus tard, journaliste à "Ce soir", j'ai appris qu'elle s'était mariée avec Dewerpe qui travaillait aussi à "Ce soir", et qui a été lui aussi, je crois, tué dans dans une manifestation.

Cela pour dire que les héros peuvent avoir cette proximité qu'a eue pour moi Fanny Dewerpe, cette vivante chaleur.

J'ai ressenti, je ressens souvent le besoin, de rappeler ce souvenir que j'ai de Fanny, qui ne s'est jamais éteint au bout de 67 ou 68 ans.

 Je ne crois pas que ce soit inutile de le faire, pour qu'on ressente un peu plus ce qu'est la valeur d'une vie humaine.

Fraternellement, Robert Lechêne

 


 


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B
<br /> BEAUCOUP D'EMOTION A LIRE CE BILLET DE ROBERT LECHENE... JE CONNAISSAIS TRES BIEN FANNY. SALUT ET FRATERNITE.<br />