J'ai peut-être été un peu rude ce matin en laissant entendre que France Inter avait sciemment interverti les personnes de Robert
Schuman et Maurice Schumann. Si ce n'est pas un acte délibéré de la part d'Inter, et que cela relève plus de l'incompétence ou de la négligence de la part des journalistes, l'incident
est tout de même révélateur de la tonalité dominante détestable qui règne sur les ondes de la radio publique.
En voici donc le détail :
Maurice Schumann ou Robert Schuman, comment France
Inter entretient, au nom de l'Europe, la confusion entre résistants et collabos... :
Peu après 6h30 ce 18 juin 2010, alors que France Inter commémore avec beaucoup de pompe et de surcharge émotionnelle les 70 ans de l'Appel du
18-juin, Fabrice Drouelle présente le speaker qui déclamait au début de chaque émission de Radio
Londres "Honneur et Patrie, voici leGénéral de Gaulle..." comme
étant "Maurice Schumann, l'homme qui ensuite allait construire l'Europe", créant là un étrange hybride
entre Maurice et Robert.
Si Maurice (1911-1998, Schumann avec deux n) était bien le speaker pionnier résistant de Londres,
l'un des premiers et des plus efficaces selon le Général de Gaulle, il n'a strictement rien à voir avec "l'homme qui ensuite allait
construire l'Europe"... Celui-ci, c'est Robert (1886-1963, Schuman avec un seul n), député et futur "Père de l'Europe" en effet, mais qui en 1940 se trouvait en France, bien loin de l'esprit de résistance de Radio
Londres puisque, le 10 juillet, il allait voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain !
Et une heure plus tard toujours sur l'antenne d'Inter, vers 7h40, la confusion est encore
entretenue par Laurence Thomas qui, au détour d'un sujet sur les célèbres voix deRadio
Londres (Pierre Dac, Maurice Schumann, etc.), lance un document sonore avec ces mots :
"Robert Schuman le 18 juin 1980 était l'invité de Jacques Chancel dans
Radioscopie sur Inter"...
Et c'est évidemment la voix de Maurice qu'on entend ensuite chez Chancel (Robert le collabo étant
mort en 1963).
Voilà comment, grâce à France Inter, en ce 18 juin 2010, la "vérité" eurocompatible
avance à son rythme, celui de l'intox et la confusion.
Maurice ou Robert, résistant ou collabo, plus rien n'a d'importance sur les ondes tant qu'on fait passer l'équation
"Europe = Paix", au mépris de toute rigueur historique...
Alors je ne sais pas si les descendants de Maurice doivent "avoir la haine" mais à leur place je serais, au moins, bien triste pour la mémoire ainsi
bafouée de ce glorieux aîné.
PS de "canempechepasnicolas" :
Robert Schuman était, le 18 juin 40, ministre de Pétain.
* Même s'il est évident que le Maurice Schumann de Londres n'est pas le même que celui qui fut président du MRP sous la
IVème République et ministre sous De Gaulle puis Pompidou, il sera un des gaullistes opposant au traité de Maastricht, cet héritage de l'autre Schuman (Robert) du cabinet de Pétain et de la
CECA réunis (ajout de C. le R.).