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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Les cheminots, l'histoire, pourquoi cette volonté de transmettre ?

Publié le 24 Novembre 2010 par canaille le rouge in Mémoire et Histoire

 

Même si simple adhérent La Canaille n'y exerce aucune responsabilité, comment ne pas faire partager cette approche non instrumentalisée et pourtant militante de l'Histoire cette histoire sociale que le monde du travail se doit de cultiver ?

Une histoire que l'actualité le montre les pouvoirs ne convoquent que pour la dénigrer, la falsifier ou tenter de la récupérer ? 

 

Voila comment la fédération CGT des cheminots l'aborde. Cela ne surprendra pas ici de savoir que je partage.

 

 


 

Mes chers camarades

 

C’est lors d’un congrès fédéral, comme celui que vous tenez actuellement, que fut prise la décision par les délégués alors présents de créer l’Institut d’Histoire Sociale de la fédération.

 

C’était à Lille en 1997 !

 

Depuis, beaucoup de chemin a été parcouru par l’IHS, car c’est par ces 3 lettres que l’on identifie dans la vie fédérale et aussi à l’extérieur notre institut et nos travaux !

 

Permettez-moi de rappeler ce qu’exprimait Georges Séguy lorsqu’il créa l’Institut d’Histoire Sociale confédéral et qu’il invita la fédération à suivre cet exemple :

 

« Connaître l’histoire du mouvement syndical, c’est assimiler l’expérience des générations passées pour mieux comprendre les conditions nouvelles et innover en intégrant tout les acquis de la classe ouvrière »

 

Telle est notre lettre de mission que nous tentons de remplir au travers des multiples initiatives que nous avons prises, prenons et prendrons, des publications, livres et brochures que nous produisons avec une volonté farouche de ne pas nous laisser déposséder de notre patrimoine.

 

Car il y a des tentatives quasi permanentes du Gouvernement et du Patronat, de la Direction de l’entreprise bien évidemment comprise, de s’accaparer notre histoire sociale, de l’instrumentaliser à leurs desseins pour remettre en cause l’existant et nourrir des velléités des plus destructrices sur le service public, les cheminots, leur statut et leurs conditions sociales.

 

Il suffit de regarder dans le rétroviseur de l’actualité syndicale des derniers mois que vous avez vécu, pour trouver des exemples frappant sur lesquels la fédération a dû intervenir, comme par exemple :

  • La remastérisation et la restauration du film de René Clément «  la bataille du rail »où pendant l’été de tristes voix relayées médiatiquement se sont élevées pour tenter de remettre en cause la réalité de la Résistance lors de la deuxième guerre mondiale et singulièrement, celle des cheminots en voulant démontrer « mathématiquement » qu’il n’y aurait eu que « 10 % de résistants au sein de la SNCF » et que les autres, bien évidemment, auraient collaboré ou fermé les yeux.
  • Mais c’est aussi lors de la commémoration de la grève insurrectionnelle du 10 août, où le protocole a tenté d’interdire le dépôt de la gerbe identifiée Fédération CGT des cheminots sous l’Arc de Triomphe, même si des excuses ont été produites ultérieurement par le Général-Président du Comité de la Flamme.
  • Et il y a quelques jours encore, les prestations de Pépy aux USA s’excusant auprès des investisseurs et américains du rôle « joué par l’entreprise » dans les trains de déportation, pour mieux vendre des lignes et matériels TGV, bafouant l’avis même du Conseil d’Etat, donc de l’Etat qui avait conclu que « la SNCF avait agi concernant les trains de déportés sous les ordres de l'Etat de Vichy et des autorités allemandes d'occupation. »

Ce ne sont pas des cas isolés, d’autant qu’ils sont répétitifs, mais bien les éléments d’une politique qui veut remettre en cause notre modèle social, élaboré notamment à la libération au regard du rôle tenu par la classe ouvrière et singulièrement par notre corporation, puis lors de la grève d’insurrection dans la lutte pour la libération nationale.

 

Voilà les raisons pourquoi cette période est particulièrement visée pour ce qu’elle représente.

 

Parce que ça fait désordre à leurs yeux que la grève puisse être salutaire,

 

Ça fait encore désordre que la fédération CGT des cheminots soit citée,

 

Ça les irrite de reconnaître le rôle libérateur des cheminots.

 

Car ça fait tâche dans leur stratégie qui veut inculquer aux jeunes l’idée

  • que depuis la chute du mur, le libéralisme triomphant est la seule voie,
  • que le chacun pour soi doit être la règle au nom du travailler plus,
  • que le management des hommes devenus marchandises est un des paramètres de gestion…,
  • que les grévistes sont assimilés à des nantis, voire à des preneurs d’otages,

Car ça fait tâche encore dans leur volonté d’entretenir la peur des autres par les haines

  • quand la solidarité érigée en délit,
  • quand l’antiterrorisme est utilisé à toutes les sauces, et le retour aux valeurs et à l’identité nationale sont stigmatisés.

Le discours de Sarkozy sur les réformes est en fait bâti sur une politique de contre-réforme qui remet en cause ce que nos luttes ont porté et acquis pendant des décennies.

 

La tâche essentielle de l’IHS est donc d’extraire de l’expérience du passé tout ce qui peut contribuer à éclairer le présent pour construire l’avenir. Savoir d’où et comment vient notre régime de retraite, résultat des luttes, affrontement quasi-permanent depuis son obtention, connaître les combats, eux aussi répétés et renouvelés sur le service public, cela nous aide à mieux saisir le présent, lequel est le résultat des luttes et des rapports de forces. Cela nous aide à mieux comprendre que rien n’est jamais définitif, pas plus les avancées que les reculs.

 

C’est notre tâche de faire un travail sur l’histoire le plus rigoureux possible, dans l’objectif de le restituer, de faciliter un passage de témoin sur la vie sociale pour aider aux actions d’aujourd’hui et à la compréhension du monde actuel.

 

Ce travail, nous le voulons aussi le plus décentralisé possible à partir d’un réseau de correspondants régionaux, car nous attachons beaucoup d’importance à l’histoire de proximité de nos différents sites ferroviaires.

 

Si certains camarades ont une hésitation ou un questionnement sur l’importance ou l’utilité que l’organisation syndicale se préoccupe d’histoire, on vient de voir combien l’actualité quasiment au quotidien nous y ramène car on a rarement autant fait appel à l’histoire, y compris à l’histoire sociale pour délivrer les messages les plus rétrogrades, pour les enrober, pour mieux tromper ou abuser l’auditoire et ultérieurement les électeurs, quitte à manipuler les références historiques.

 

Notre histoire sociale et sa défense sont également des éléments de notre combat syndical car elle nous enseigne que non seulement les luttes sont légitimes, mais elles sont nécessaires et surtout que ce sont elles qui font bouger la société et qui la font avancer.


 

Ce regard sur l’histoire sociale, et son étude dans la durée, nous permet d’analyser aussi le chemin parcouru par la classe ouvrière, et en ce qui nous concerne les cheminots pour leur émancipation, appréciation que l’activité quotidienne ne vous laisse pas toujours le temps d’apprécier quand vous êtes en permanence le nez sur le guidon, dans l’action ou la réaction aux mauvais coups.

 

Nos analysent se veulent un complément à votre lutte pour vous en faciliter le déroulement, pour vous montrer d’où nous venons, ce que nous avons fait et vous permettre ainsi de mieux trouver où aller.

 

Mais entre l’intention et les réalités, il y a des marges à combler quand nous constatons que seulement 10% des syndicats exécution et UFCM, et 35% des sections de retraités sont adhérents à l’IHS.

 

Qu’au plan individuel, seulement 260 syndiqués sont adhérents à notre Institut.

 

Même si nous avons progressé de 10 % en adhérents en un an, et comptons maintenant 660 adhérents, notre rayonnement est encore trop restreint, voire confidentiel.

 

Comme l’adhésion est d’un coût annuel modeste, pour certains militants, syndicats et sections, il peut s’agir de simple négligence qui ne remettrait pas en cause leur compte en banque ou leur trésorerie, mais nous pensons que c’est surtout la sous-estimation de l’apport de l’histoire à l’activité d’aujourd’hui qui en est la cause majeure.

 

Nous nous félicitons que le congrès soit interpelé dans la partie modification des statuts fédéraux par la reconnaissance pleine et entière de l’IHS et de son renforcement parmi nos structures et syndiqués. Nous pensons même qu’il faudrait rappeler le rôle des membres fondateurs ainsi que le caractère de notre association, régit par la loi de 1901 lui permettant ainsi des travaux ouverts et pluralistes.

 

Vous avez aujourd’hui la possibilité de franchir ce pas par l’adhésion, en venant nous rencontrer au stand de l’IHS dans l’espace des collectivités, que vous soyez dirigeants de syndicats ou militants à titre individuel.


 

Notre Institut, dans le cadre de notre Congrès, a réalisé une exposition pour marquer le centenaire de la grève des cheminots de 1910, quasiment jour pour jour avec ce Congrès, et nous vous avons distribué à l’entrée de cette séance la brochure qui accompagne cette exposition afin de vous permettre de l’apprécier en vous rappelant, son contexte, son contenu, son déroulement, ses disparités entre compagnies, la répression féroce et les réquisitions puis sa conclusion.

 

En analysant les conclusions d’un conflit qui d’abord est marqué par un sentiment d’échec, puis dans les mois qui suivirent avec la satisfaction sur la majeure partie des points revendiqués notamment sur le plan salarial avec l’obtention de la « thune » qui représente 5F de l’époque, la mise en place du régime de retraite et sa rétroactivité ,ainsi que sur les conditions de travail et de repos entre autres.

 

Ainsi, nous invitons à apprécier, ce qu’est le rapport de forces en toutes circonstances, la recherche du soutien populaire, la mesure du sentiment des non grévistes, la recherche de l’unité, voilà bien des données constantes qui se posent en permanence à l’organisation syndicale pour jauger sa crédibilité aux yeux des travailleurs et finalement sa capacité à défendre leurs intérêts.

 

Nous essayons aussi de vous montrer combien dans cet environnement, des voix, comme Gaston Couté, ce poète libertaire et chansonnier loua et chanta cette action par des textes forts et sentencieux.

 

Le Groupe Mary Blue , groupe de l’UAICF de la région de Nancy a bien voulu en faire son répertoire pendant notre congrès pour vous les faire apprécier lors des pauses de votre congrès.

 

N’hésitez pas à passer au stand de l’ihs, vous pourrez y retrouver les écrits , livres et cahiers que nous avons réalisé, coproduits ou soutenus…..comme ceux réalisés « sur mai 1968 dans la corporation », ou encore « l’analyse de 10 ans de politique contractuelle à la SNCF »  et bien d’autres.

 

Egalement le livre écrit par Nicole Parutto et l’IHS, offert à chaque nouvel adhérent , livre évènement sorti fin 2009 et maintenant de référence intitulé « les cheminots, on s’en fait toute une histoire » couvrant la période de la naissance de la corporation jusqu’à la naissance de la fédération en 1917, en attendant le second tome qui traitera de 1919 à la nationalisation de 1937 , puis un troisième qui traiterait de la nationalisation à l’EPIC.

 

Mais encore, un récit inédit produit avec l’Union Régionale Ile de France sur les « comités populaires de cheminots en région parisienne lors de la seconde guerre mondiale » à partir des notes du carnet de Paul Castel…..où vous aurez la réponse aux exemples que je citais au début de cette intervention.

 

Une autre coproduction inédite, entre l’IHS et la municipalité de Villeneuve sur Yonne avec la sortie d’un livre écrit par Pierre Semard, qui vous fera découvrir « une image plus intime » de Pierre au travers du roman qu’il écrivit et intitulé « la maison hantée et autres nouvelles » inspirées de son enfance et adolescence villeneuvienne.

 

Merci de votre attention et rentrez dans l’histoire en réussissant un 41ème congrès qui fera date et réponde ainsi aux attentes qui sont mises en vous !

 

Vive l’IHS,                  

Vive le 41ième congrès,                   

Vive la fédération CGT de cheminots !

 

Mercredi 24 novembre

Intervention de l’IHS par Patrick Chamaret

 

 


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