Sevil Sevlimi, en prison en turquie
Mexico, Ankara, Paris. Deux femmes (en fait trois), deux poids deux mesures
Au risque une fois de plus de paraître à contre courant, La Canaille ne mêlera pas ses applaudissements à l'emballement médiatique qui s'est manifesté autour du retour en France de Florence Cassez.
Soyons clair si cette dame est innocente elle aura fait sept inadmissibles années de prison et est en droit de demander justice. Si elle ne l'est pas nous sommes dans le domaine du droit commun, du grand banditisme et du trafic de drogue. Permettez donc ici la distance d'autant que les croisés de la liberté pratique un curieux tri sélectif. Indécent cette classe politique qui là se mobilise avec la même énrergie qu'elle a justifié son inertie devant l'extradition d'Aurore Martin voulue par Valls (le camarade hebdomadaire de table de Fabius chez Blumollet) .
Ensuite il faudrait que micro, caméra stylo et autres moyens de communication interpellent tout ce qui détiens une parcelle de pouvoir dans ce pays et bouscule la raison d'état. Seuls dans la presse écrite l'Huma (qui suit l'affaire et tient ledossier à jour) et un peu le Monde en parlent :
Les présentateurs du JT (et leur rédaction), les éditorialistes de la presse écrites, tout ceux qui usent leur fond de culottes sur les sièges des émissions de ces débats qui empilent les poncifs et les clichés convenus, connaissent-ils Sevil Sevlimi ? Et si oui pourquoi leur silence ?
Sevil Sevimli, 19 ans, lyonnaise. Pour sa dernière année d'études, elle a décidé de découvrir son pays d'origine, la Turquie. C'est grâce à un échange Erasmus (un nid de terrorisme ?) qu'elle est partie étudier à l'université Anatolie d'Eskisehir dans l'Est du pays. Depuis plusieurs mois, ce sont les prisons du régime d'Ankara qui lui servent d'amphithéâtre et les tribunaux comme salles de TD (à la lecture de ce papier un canaillophile nous informe que maintenant Sevil serait en résidence surveillée jusqu'à son procès dans huit mois. Moins rude certes mais toujours aussi injuste).
Soupçonnée d'appartenir à une organisation clandestine d'extrême gauche, la jeune fille a été arrêtée le 10 mai dernier avec cinq autres personnes. Elle aurait eu des liens avec le Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'Union Européenne. (Cela explique-t-il les silences ?) (pourquoi n'a-t-elle pas choisie de se faire blogueuse VRP officielle de l'anti-Cuba, là ils seraient tous là ! mais serait-elle en prison ?
Selon son avocat, il n'y a aucune preuve de son appartenance à cette organisation. De plus, l'accusation qui pèse à son encontre est étonnante. On lui reproche d'avoir assisté à une parade du 1er Mai et d'être allée au concert d'un groupe de musique réputé pour ses actions politiques socialistes.
La jeune femme risque 12 ans de prison pour appartenance à une organisation armée. Sevil ne comprend pas pourquoi elle est en prison d'autant qu'elle n'a pas accès à son dossier, classé confidentiel.
Voila pour les faits. Ou sont les télés ? A quand la photo à l'ouverture ou à la clôture du 20h00 ?
Où sont les BHL et autres "droitdel'hommistes" à la kalachnikov planquée les sacs de riz ?
Reprenons notre comparaison avec l'affaire Cassez ?
Si pour promiscuité (reconnue) avec le grand banditisme deux locataires de l'Elysée, leurs troupes diplomatiques et communicantes sont capables de se mobiliser, que ne font-ils au moins autant pour quelqu'un qui manifestement n'a aucun lien avec l'équivalent en termes de délinquance en Turquie. Serait-ce qu'il ne faudrait- pas gêner notre allié précieux aux portes de la Syrie ?
Pas un mot aux JT alors qu'on a chaque jour informé sur le devenir d'une barbouze de la DGSE que nous sommes plus ou moins informé d'otages retenus en Afrique (sans qu'on nous parle de la responsabilité de ceux qui les ont envoyés la bas ) et là une jeune femme de 19 ans croupie derrière les barreaux au charnière soudée par la raison d'état.
Pinar Selek libre mais en exil
"Le verdict est tombé jeudi 24 janvier. Ou plutôt un verdict, le dernier en date d'une longue série qui n'est sans doute pas terminée. La sociologue turque Pinar Selek, 41 ans, a été condamnée par la 12e cour pénale du Tribunal d'Istanbul à la réclusion criminelle à perpétuité.
Accusée de "terrorisme" et d'avoir manigancé un attentat à la bombe au bazar égyptien d'Istanbul en 1998, Pinar Selek subit depuis quinze ans le harcèlement de l'appareil judiciaire turc. La justice l'avait acquittée à trois reprises mais à chaque fois, la Cour de Cassation avait annulé le jugement. Hier soir, Pinar Selek expliquait sur Arte qu'elle avait reçu cette condamnation comme "l'annonce du décès d'un proche". Sociologue de terrain, elle travaillait dans les années 1990 auprès des prostituées et des travestis, des enfants des rues, et des militants kurdes. Militante féministe, elle avait fondé la revue Amargi.
En dépit des nombreux rapports d'expertise qui ont établi que l'explosion du bazar égyptien – qui a fait 7 morts en juillet 1998 – était due à une fuite de gaz dans un four, la sociologue est jugée responsable d'un attentat qui n'a jamais eu lieu. En s'acharnant ainsi contre Pinar Selek, fille d'avocat et petite-fille de l'un des fondateurs du Parti communiste turc, la justice se caricature elle-même.
Au cours des interrogatoires et des séances de torture que lui a fait subir la police turque en 1998 – pendaison palestinienne et électrochocs sur la tête –, Pinar Selek était sommée de livrer les noms des personnes qu'elle avait interrogées pour ses recherches." (Cet article à été publié par le Monde- comme quoi parfois la presse est capable de se hisser hors du conformisme).
Lequel de nos ministre aura-t-il le courage de dire officiellement publiquement et pourquoi il refuse de déjeuner avec les représentants d'un tel pays ? L'effort à faire n'est pas si grand qu'il soit hors d'atteinte.
Réfugiée à Strasbourg où elle poursuit sa thèse, après avoir longtemps séjourné à Berlin, la sociologue songe aujourd'hui à demander l'asile politique à la France.
Celle-ci pour l'instant est théoriquement à l'abri. Mais pour Sevil, Le protocole officiel, Fabius, les télés leur JT, les parvis de l'Hotel de ville à Lyon et à Paris, les communiqués de l'Elysée, c'est pour quand ?