Pourquoi s'escrimer à écrire un article sur l'abstention quand quelqu'un d'autre l'a fait de bonne façon?
Certes il faudra affiner les mécanismes tendances et volumes du vote FN plus en détail mais le fond est là je partage ce que Jean à écris, je vous le livre.
L'abstention de masse
constitue le fait politique majeur
des élections régionales.
par Jean LEVY
Des politologues distingués, face au problème, tentent de noyer le poisson en généralisant le phénomène. Toutes les couches sociales seraient touchées, chacune
ayant ses propres raisons de ne pas participer au scrutin.
" Les régionales" ne mobilisent guère l'opinion"... "Droite et
gauche seraient également touchées" ...." La vraie échéance électorale, c'est l'élection
présidentielle"...
Et puis, dit-on dans ces milieux "d'experts", " la 'crise' explique le repli du chacun pour soi".
Pourtant un chiffre est éloquent : 67% des ouvriers et des employés se sont
abstenus.
Ce qui prouve, avec une moyenne nationale de 50%, que les classes aisées ont voté majoritairement. Et c'est à l'intérieur de ces catégories, les 50% de votants, que s'est effectué le
déplacement majeur des voix : de l'UMP vers le Parti Socialiste et Europe Écologie, et aussi, vers le Front National, parmi les électeurs ralliés à Nicolas Sarkozy, en 2007, retournant à leurs
anciennes amours.
Certes, le fait n'est pas négligeable, des électeurs de l'UMP, parfois nombreux, ont boudé les urnes dans des villes bourgeoises, Versailles, Saint-Germain en Laye ou Vincennes,
réticents ou hostiles à la manière de gouverner du président de la République.
Mais tous ces mouvements d'opinion sont des phénomènes citadins, et plus précisément de "centre-ville" avec l'irruption des "bobos" dans la vie publique.
L'essentiel n'est pas là.
Quand les centres ouvriers, particulièrement, les "quartiers" dits "sensibles", les cités populaires s'abstiennent à 75, voire à plus de 80%, le problème
est d'une autre nature.
Cette population, humiliée, mise à l'écart, est victime, en premier de toutes les discriminations. C'est elle qui subit le chômage de plein fouet.
C'est elle qui est en proie à la plus grande misère.
Pourquoi irait-elle voter pour des candidats qui ne s'intéressent pas à elle, qui ignore ses problèmes, qui sont responsables de l'état où elle se trouve ?
Le PCF a déserté les cités.
Ses dirigeants s'intéressent plus aux alliances électorales qu'au sort réservé aux plus démunis.
C'est le désert politique dans ces banlieues, qu'on appelait "rouges", dans le temps passé.
Telle est la cause première d'une abstention populaire de masse.
Telle est la raison de la suprématie, par défaut, de la droite et de la social-démocratie dans notre pays.
Alors, comment s'étonner aussi que devant cette carence, une fraction ouvrière soit sensible aux sirènes de l'extrême-droite, du Front National qui surfe démagogiquement sur le dénuement matériel
et moral d'hommes et de femmes qui ne savent plus à quels saints se vouer. C'est le cas, tout particulièrement dans l'est et le nord de la France, où la désertification industrielle réduit ces
régions à des champs de ruines, et cela, sans que soient expliquées les raisons politiques d'une telle situation.
Certes, Nicolas Sarkozy tente de reprendre la main en multipliant les signaux en direction de l'électorat Le Pen. Mais comme dirait celui-ci, " il vaut
mieux l'original que la copie", et l'opération menée par l'UMP n'est pas assurée du succès.
Dans le même temps, on s'agite à droite.
Jean-François Coppé ne cache plus ses ambitions. Et on sort du chapeau Dominique de Villepin pour
"redonner confiance aux Français"
Quant au PS, Martine Aubry se verrait bien en Merkel à la française et DSK permuterait bien du FMI à l'Élysée...
Face à ces manœuvres, il est temps de prendre conscience du danger.
Le 23 mars n'aurait été, dit-on, qu'un "tour de chauffe"
Alors, sans attendre,
" Soufflons nous-mêmes notre forge"
" Battons le fer quand li est chaud !"