Le moment n'est pas si fréquent qu'on ne doivent d'abord s'en réjouir.
Il ne doit rien à une sorte de prescience de la Canaille ou de ceux avec qui il partage colère et volonté de clarification mais plus à la convergence de réflexion et la montée des exigences populaires produisant une indignation partagée conjuguée à une volontée de ne pas se résigner.
Le texte qui suit est un édito de l'Huma. Le journal a été ici suffisamment brocardé pour ses à peu près idéologiques et politiques pour ne pas se féliciter et de demander la lecture, la reproduction de ce texte.
Les lecteurs habituels de ce Blog y retrouveront des thèmes familiers depuis des mois voir plus dont la Canaille ne revendique aucune exclusivité.
Si l'accentuation du mépris par les condottières du capital peut conduire dans la clarté sur des objectifs anticapitalistes partagés par les salariés et les retraités à une contre offensive populaire déterminée, qui ici s'en plaindra ?
Voila ce texte. Votre avis?
Le boulevard de détournement
Nicolas Sarkozy préfère que le peuple se moque plutôt qu’il prenne son destin en main.
Par Jean-Paul Piérot
Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Sarkozye. «Rumeur », « complot », une inquiétude s’étale à la une des journaux, de Libération au Figaro. On ne parle plus dans les dîners en ville que de conjurations qui se nouent, d’enquêtes diligentées par l’Élysée puis démenties par l’épouse du chef de l’État, contredite par le chef de la police secrète. Qui nous menace ? Où est l’ennemi intérieur qui voudrait déstabiliser le couple présidentiel ? Où l’emballement politico-médiatique nous a-t-il subitement transportés ? Quelque part entre la principauté de Monaco et le Kirghizistan ? Ce qui est certain dans tout ce remue-ménage de pacotille, c’est que la communication élyséenne a obtenu le résultat que sans doute elle souhaitait : détourner l’attention des médias des menaces qui pèsent sur les retraites, de la riposte sociale qui s’organise, sur l’explosion du scandale du bouclier fiscal, sur les méthodes de voyou d’un certain patronat dont nous relatons les forfaits
Mais le registre choisi, le mélange de la vie privée et de la vie publique, ce mauvais pastiche de Feydau que l’on sert à l’opinion, est un révélateur de l’état où ce quinquennat a rabaissé les institutions républicaines. Les ministres en fonction ou en disgrâce ont revêtu la livrée du courtisan et les palais de la République bruissent des fausses confidences que l’on croit remontées des dédales de Versailles. À la vérité, ce jeu de rôle prête à sourire, voire provoque une franche rigolade, alors que l’injustice sociale dont le bouclier fiscal est l’expression la plus ostentatoire exacerbe la colère et aiguise l’envie d’y mettre fin. Là est toute la différence : à tout choisir, le président préfère que le peuple se moque plutôt qu’il prenne son destin en main. La bouffonnerie n’a jamais été une grande menace contre les puissants, alors que l’élaboration collective des cahiers de doléances a abouti à la Révolution.
Le monde du travail ne doit pas se laisser distraire par ce théâtre de boulevard, au moment où Nicolas Sarkozy et François Fillon ont entrepris d’engager la bataille décisive des retraites. L’enjeu est capital pour le président dont la mission fixée par la caste des affairistes consiste à mettre la France aux normes du néolibéralisme, de briser les digues du modèle social forgé par plus d’un siècle de luttes ouvrières et consacré par le Conseil national de la Résistance. Le président de la République peut alors se rendre en Haute-Savoie pour l’hommage aux martyrs du massif des Glières, la contradiction est telle entre sa politique et l’idéal qui portait les jeunes gens assassinés qu’il ne pourra empêcher d’anciens combattants de la lutte contre le nazisme de lui reprocher de se servir de la Résistance plutôt que de la servir.
La gauche commettrait une grave faute en imaginant qu’il suffirait d’attendre que le président, plombé par un bilan catastrophique et par une impopularité grandissante, tombât de lui-même, lâché par les siens. La haute bourgeoisie financière ne met jamais tous ses œufs dans le même panier. On teste des relèves possibles, «acceptables » après les tristes années Sarkozy. Villepin, Fillon, Copé… Le Nouveau Centre et les centristes s’interrogent, des députés et sénateurs regimbent, à peine ont-ils quitté l’Élysée pour une séance de recadrage. Le temps est venu de mettre en débat ce que doit être l’alternative politique. Le dossier des retraites en est une pièce maîtresse.
Les blés sous la grêle ont trop souvent servi d'alibi aux meuniers demandant de ne pas faire le délicat pour spolier alors le laboureurs pour ne pas rester vigilant.
Pour autant, ce texte est à prendre comme une contribution à éclaicir les enjeux et pointer les vrais débats. Pointer l'alternative contre l'alternance, changement dans l'expression politique éditoriale de l'Huma, le dossier des retraites comme moment de sa construction sont constitutive de l'urgence pour l'issue.
Dire chiche ne s'adresse ni à l'éditorialiste ni au journal.
Par contre, qu'en disent les actionnaires majoritaires toute composantes confondues? A la lumière des évènements politiques des six dernières semaines, leur réponse est attendue avec curiosité.
C-le-R 08/04/10 22h00