Pour éclairer ce sentier de la colère, cette sinistre citation :
"Ce qui est mis sur le marché comme philosophie du national-socialisme (…) n'a rien à voir avec la vérité interne et la grandeur de ce mouvement…"
Martin Heidegger, 1935-
repris dans l'édition de 1955 de
l' "introduction à la métaphysique" cité par JP Faye
Le Comité Valmy dispose d'une public@tion dont Canaille le Rouge est destinataire.
Si sur pas mal de questions des convergences réelles existent en particulier sur celle de la souveraineté et de la nation, les positionnements - parfois glissades - à partir de ces deux concepts vers nationalisme ou souverainisme que certains de ces membres entretiennent marquent l'essentiel des réserves au plan intérieur. Il en est en même dans leur soutient trop souvent inconditionnel à des régimes dictatoriaux qui auraient par principe à être défendus dès lors qu'ils subissent des agressions d'un impérialisme plus agressifs qu'ils le sont eux même avec leur peuple.
Mais pour autant la livraison n'est jamais sans intérêts.
Dans la dernière édition, un article retient l'attention. Il est signé Valentin Martin et traite de la façon dont un travail idéologique de longue haleine produit aujourd'hui ses effets autour de l'équation devenu pierre angulaire de la pensée aussi réactionnaire qu'officielle (fascisme=totalitarisme= communisme).http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-retour-sur-le-concept-du-totalitarisme-et-son-avatar-rouge-brun-121897830.html
En fait d'équation nous sommes plutôt devant une tautologie qui abouti à poser comme postulat qu'il n'y a de rouge que le rouge-brun, ce que l'article de V Martin avec raison se propose de dénoncer.
Il y arrive, mais sa démonstration peut être renforcée par deux ou trois éléments qui éclairent à la fois les tautologues et les raisons de leur tautologie.
Comme Canaille le Rouge ne sait pas manipuler le langage philosophique, il en restera simplement à regarder à quoi les idées servent en politique et qui les produits dans un espace de réflexion qui est entièrement inscrit dans la volonté politique de tout faire pour maintenir les choses immuables.
Nous, c'est-à-dire les acteurs conscient du devenir de l'humanité (mon prof de voisin, ma concierge, mes potes qui font grève comme ceux qui ne la font pas, le délégué syndical et toutes leur relation La Canaille compris), quoiqu'en pensent les penseurs du triangle sacré au centre de gravité sanctuarisé rue d'Ulm, évoluons dans une organisation où s'est élevée, par la force des intelligences individuelles y participant chacune à leur mesure, celle du tout faisant la société, ses débats et coinflits.
Un tout où les élites poussent à trouver des maitres à penser traçant la route et dépositaire du pouvoir pour y engager la multitude qui n'aurait qu'à (leur) faire confiance. La langue allemande a cette qualité, elle sait forger des concepts éclairant les idées. Pour ce qui vient d'être mis sur la table, elle en dispose d'un qui, si on ose le dire ainsi, a fait ses preuves : Führer.
Qui, concernant nos théoriciens du rouge-brun de l'équation sont les maitres et quels sont leurs titres et références pour nous appliquer les lois de leur maitrise ?
Tout tourne autour des travaux de Hannah Arendt qui dans la dernière moitié du 20ème siècle vont servir à construire l'offensive.
Pas inutile de rappeler que la dame se voyait comme "professeur de théorie politique ". Comme quoi penser ne rend pas forcement modeste.
L'aubaine pour qui bascule du camp des "totalitaires par méconnaissance" à celui de ses "contempteurs par réflexion intelligente".
En faisant de tout ce qui est rouge le berceau du totalitarisme, son exil au USA via Lisbonne et sa longue vue pour regarder l'Europe d'alors lui fait faire l'impasse sur la couleur dominante du camp des massacrés par ceux qu'un de ses protégés et maitre aura idéologiquement construit.
Retour en France fin du XXème siècle et début du suivant, voyons comment nos philosophes qui pour devenir nouveaux usent de cette bonne vieille méthode qui consiste à glisser sous le tapis les idées qui les gênent, ils oublient le lien de pensées intimes qui lie H. Arendt à celui qui devient le gourou des antimarxistes : Martin Heidegger recteur de l'université de Fribourg en 1933 à jour de ses cotisations au NSDAP, ("Appel aux étudiants" du 3 novembre 1933 : "Le Führer lui-même et lui seul est la réalité allemande d'aujourd'hui et de demain…" ).
Il continuera d'enseigner jusqu'en 1944. Il devra alors cesser son activité sur injonctions fermes des forces alliés tant il apparait comme un des maitres à penser du petit peintre autrichien.
Un Heidegger qui avant d'être recyclé comme un des penseurs de la grande espérance européenne reviendra blanchi comme un ex SS flic de série B des TV de RFA dans les bagages de ce vieux Konrad Adenauer.
Adorno (dans une moindre mesure) qui lui fuiera le nazisme, Levinas et Sartre s'ils ne lui tressent des couronnes, lui redonnent un espace de légitimité en acceptant de le considerer. Mais malgré tous les efforts (voir la page Wikipédia longue comme girafe dressée sur ses pattes arrières) consacrée à "faire oublier" qu'il fera le lit de la pensée du totalitarisme au point d'avoir été un des maitres à penser théoricien du nazisme, il ne parviendra pas de son vivant à effacer la marque de ses choix.
Dans une de ses p@ges du mois d'aout, Canaille le Rouge (vous ne l'avez peut-être pas lu, mais la date est en soit explication et excuse) attirait déjà l'attention sur le rôle d'Heidegger dans la pensée réactionnaire contemporaine à partir de l'article de F Lordon cité par V Martin mais aussi celui -coup de gueule salutaire- de JP Faye (à lire et relire à la lumière du débat de ce janvier 2014) publié lui aussi en période estival par "Le Monde"
Des-origines-peu-affriolantes-de-la-doctrine-de-l-euro.-etat-des-lieux-de-la-pensée-qui-le-sous-tend
Oui, vous avez bien lu la théoricienne du totalitarisme à la couleur maintenant définitivement fixée comme exclusivement rouge se nourrie de la pensée de celui qui ira en chaire pousser la logique jusqu'à énoncer la rationalité de la solution finale... bien avant la conférence de Wansee (pas coupable Heidegger ? Que des idées ? comme dieudonné…), un Heidegger justificateur des crématoires, aujourd'hui étendard des croisés anti rouge-brun coupable de solidarité avec les palestiniens et adversaire du colonialisme israélien.
Un Heidegger qui sera malgré cela blanchi devant les tribunaux jugeant les crimes des nazis, grâce principalement au témoignage… d'Hannah Arendt.
Alors que les fascistes, en particulier en Italie, ont théorisé avant même que l'Allemagne deviennent hitlérienne sur le totalitarisme de leur idéologie, en revendiquant l'usage exclusif (ils inventent le concept "d'état total"). Alors que Brecht ou Chaplin vont hisser la dénonciation du danger au niveau de l'enjeu culturel de clarification et lutte de rejet. Quand Franco fait assassiner Lorca. Alors que Gramsci dans sa prison mène le combat des lumières contre les ténèbres brunes, qu'en France Politzer y laissera la peau montrant que la pratique du combat est liée à la nature théorique de l'ennemie à abattre, nos penseurs s'auto labélisant titulaire d'une "intelligence supérieure à la normale parce qu'ils ont fait normale sup " se glissent dans les plis de la toge du maitre Heidegger. Peu importe qu'elle soit de la couleur des uniformes des SS.
S'appuyant sur l'épaule de la dame de compagnie du vieux maitre, ils engagent ainsi leur croisade.
En avril 2011, La Canaille sur ces mêmes pages avait déjà poussé un coup de gueule à propos d'un de ces peintres en devantures philosophiques (peintre qui aujourd'hui éditorialise sur la très médefienne "Radio Classique" et, à ce titre, faisait déjà autorité en ravalement des façades du capital). Luc Ferry, ex ministre chargé de l'enseignement sous un gouvernement de la Vème république avait alors déclaré à la télé, à une heure décryptée de grande disponibilité du "cerveau de la ménagère de moins de 50 ans", « Le communisme c’est 120 millions de morts, le maoïsme 60 millions, Marine Le Pen, elle, n’a tué personne ».
Pour préciser sa pensée, ce drôle de jules citait W. Churchill (l'homme qui a théorisé le racisme en Afrique du sud avant d'encourager sans que Londres ne soit bombardé l'usage des gaz asphyxiant durant la guerre de 14 :
« Nous n’avons pas égorgé le bon cochon », allusion obscène au fait que les alliés occidentaux auraient dû s’occuper de l’URSS et non de l’Allemagne hitlérienne....
Voilà qui a le mérite de la clarté.
Position odieuse mais claire.
La Canaille, alors, avait repris un papier publié sur "çanempêchepasnicolas :
"Et quelle est la leçon des propos de M. Ferry ? C’est que ce que nous appelons la fascisation s’étale ainsi sans la moindre pudeur à une heure de grande écoute sur « Canal plus » durant le « Grand Journal ». La fascisation c’est aussi cela : un anticommunisme qui banalise le fascisme, criminalise le communisme en reprenant un discours de guerre froide et des calomnies sidérantes tant de fois répétées qu’elles deviennent des lieux communs.
Et le résultat c’est qu’un homme de la droite dite civilisée, ancien ministre de Éducation Nationale, un philosophe, en vient à blanchir la responsable du parti néo-fasciste au nom de l’anticommunisme et à banaliser la bête immonde nazie. Cette situation politique et idéologique c’est cela que nous appelons la fascisation : lorsqu’avance le fascisme au sein du personnel politique de la droite."
Nous bouclons ainsi la boucle sur cette question des "rouges-bruns" mais surtout celle de l'origine des inquisiteurs.
Au passage cela éclaire sur qui trace la route au ricanneur de la main d'or, qui en conscience il sert.
Qu'un danger existe, certes les communistes d'alors ont eu leur Doriot et leur Gitton. Ils furent les premiers et jusqu'au bout à les combattre. Ils y ont gagné le droit indéffectible pour ceux qui aujourd'hui se revendiquent de cet héritage, sans avoir besoin de diner avec le Crif, de se revendiquer combanat historiques et toujours présents de tous les racismes dont l'antisémitisme ou cette actuelle traque des Manouches Roms et Bohémiens, comme ils sont depuis plus d'un demi siècle aux cotés du peuple palestinien.
Ceux qui trempent leur tartine d'anticommunisme dans leur tasse d'Heidegger sucré du fiel douteux d'H. Arendt sont pour le moins disqualifiés pour se mêler du débat. D'autant que Ferry faisant bouée cardinale ancrée sur les récifs racistes d'un Churchill, ceux qui le prennent pour alignement pour tracer leur route se dirigent vers les abysses du vrai totalitarisme.
Ces deux ou trois points donnés pour aller dans le sens de la juste mise en garde par Valentin Martin doivent participer à clarifier cette partie de l'affrontement idéologique.
Ils peuvent aider à aussi d'éclairer la ligne de partage des eaux entre la Nation tel que construite par les idéaux de 89 et les pièges du nationalisme ; tout comme la souveraineté populaire dont ne semblent pas se vêtir les souverainistes, qui est le moyen pour la Nation de se garder du nationalisme et de construire un vrai internationalisme.
A chaque fois, il faut en permanence y revenir, la barricade n'a que deux côtés.