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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Et maintenant ?

Publié le 13 Décembre 2015 par Canaille Lerouge in idées, politique, lutte de classe, révolution

En attendant d'avoir

les outils d'analyse

des résultats du second tour,

Petite prise de recul

pour regarder

le paysage politique

Et maintenant ?

Si ce titre n'avait pas déjà été utilisé de façon célébrissime, il a maintenant 112 ans et un carême par ce bon vieux Vladimir, ce papier aurait pu s'intituler " Que faire ? " Mais outre le manque de modestie qu'il porterait, il n'a pas l'ambition de côtoyer de tels sommets.
Canaille le Rouge, sans que G. Bécaud en prenne ombrage, l'a intitulé  
" Et maintenant ? "


Depuis une semaine, de bonds en rebonds de débats déjà existants, mais toujours s'affinant vient en question la question de l'abstention massive lors des rendez-vous électoraux.

La question, si elle mérite d'être posée, ne peut-être dissociée des intentions de ceux qui la posent et de la manière dont elle est posée.

Des chiffres d'abord pour fixer ces illettrés qui stigmatisent une unique catégorie sociale cause du vote pour le f-hyène lequel selon eux ferait déferlante quasi exclusivement parmi les travailleurs. 3 ans1/2 après l’élection présidentielle de mai 2012, ou en est le paysage durant cette fermentation médiatique :
 

  • Le Parti socialiste a perdu 5 millions de suffrages, soit la moitié de ses voix
  • Sarkozy et l'UMPLR ont perdu 4 millions de voix (soit 40% des siennes)
  • Le f-hyène, c'est moins 400.000 voix depuis la présidentielle de 2012.
  • La bébuleuse " PG-FdF-P"c"F" est en orbite ultra basse géostationnaire dans les galaxies calamiteuses.
  • 1million de votes blancs,
  • 23 320 000 abstentionnistes. Excusez du peu

Moment décisif que ce 13 décembre. Dans les conditions pour le moins troubles des conditions des appels, partout le corps électoral rejette le fascisme et laisse les gérants du capital s'arranger entre amis. Le peuple a dit son mot pour le rejet, aux regrattiers* du système de se partager la provende.

Une première conclusion s'impose. Si massivement le peuple ne suit plus, refuse de suivre ceux qui les ont trahi, ceux qui accompagnent et s’accommodent des traîtres. Si le peuple refuse de suivre ceux qu'ils ont chassés et résiste massivement aux sirènes brunes, c'est la preuve que le peuple de France n'est pas si dépolitisé que cela. Le résultat du second tour ne fait que confirmer cela.

Si le peuple démontre son exigence de souveraineté et son attachement aux valeurs républicaines et le 13 décembre le confirme, s'il refuse de s'installer dans le campement balisé par ceux qui veulent le contenir sous leur coupe, il n'a pas encore clairement conscience de sa force et de sa capacité à construire une alternative. Cette proposition pour germer à besoin d'être portée par une organisation qui n’existe plus au moment où ces lignes sont écrites.

C'eest là le défit majeur pour qui se positionne comme révolutionnaire.

Nombre de commentateurs ressortent dans le moment la célèbre citation de Gramsci sur le vieux monde qui n'en fini pas de mourir. Le problème c'est que certains (y compris parmi les experts de la citation), sont des militants de l'acharnement thérapeutique et ainsi freinent l'arrivée du neuf en laissant ainsi s'installer les monstres que génère le vide politique.

Mais si le peuple n'en est pas encore à faire exploser les barrières, il n'entre plus dans le corral.

C'est ce qui met en rage la cohorte de ceux qui cocoonent sous la couette de la délégation de pouvoir quand ils ne bronzent pas sous les sunlights de la culture hors-sol. Ils ont peur de la lumière naturelle et des courants d'air.

Cette rage, signe positif de leur impuissance, devrait interpeller ceux qui comme Canaille le Rouge ne cesse de dire que ce qui dégage le terrain des hyènes de la politique, c'est d'abord la politique de terre brûlée menée par ceux qui font semblant de s'étonner de la présence des charognards. A l 'évidence, si interpellations il y a, elle ne parvient pas à fédérer les énergies pour aider à la naissance du neuf.

Ces mêmes "anti-charognards officiels" n'ont comme unique question que ce : "comment ramener dans les bureaux de vote les brebis abstentionnistes qui parce qu’abstentionnistes se trompent puisque nous savons que ce que nous leur proposons est bon pour elles et qu'en s'abstenant ils assurent les scores de la charogne". Un peu comme ces laboratoires pharmaceutiques vétérinaires qui stigmatisent ceux qui les contournent parce qu'eux seuls garantiraient la santé du cheptel qu'ils ont pour mission de pousser valides vers l'abattoir.

Enseignement majeur et jubilatoire, Le troupeau n'en est pas uns et il le fait savoir. En se détournant des urnes, y passant furtivement si besoin, il marque son autodétermination à ne plus se laisser instrumentaliser par les appareils installés en toiture pour faire vivre les hors-sol.

Pour un communiste, la question dès lors n'est pas de savoir comment piloter un troupeau d'électeurs vers les isoloirs mais de regarder comment participer avec un nombre grandissant de citoyens à l’élaboration d'un projet de société et d'un rapport de force pour changer de société, les urnes étant un des moments de sanction non-exclusif de ce projet collectif et son contenu qui s'appelle une alternative à l'ordre dominant ?

Comment s'affranchir du rapport social d'exploitation organisant pillage et spoliation de l'humanité prosuisant les richesses. Son nom? le capital.

Pour limiter le champ du débat, postulons que les chantres claironnants, sereins ou honteux du capitalisme baptisé libéralisme (social, ultra, néo et autres variations sur le thème) voulant le maintien de l'ordre existant, dès lors que l'électrice ou l'électeur ne les plébiscite pas, l'abstention est pour eux un moindre mal.

Mais voter pour ceux qui ne veulent plus détruire ce rapport social maintient la cause  dans l'impasse. L'idée dès lors pour rester pérenne exige de chercher ailleurs. Voilà pourquoi cette absence de mobilisation de masse lors des rendez-vous électoraux. C'est que le projet n'existe plus.

Engels disait " la preuve du pudding, c'est qu'on le mange ". Mais là, rien à mettre dans l'assiette. Et pour cause : les fruits rouges, désormais confits ou séchés, n'ont rien trouvé de mieux que de processionner d'une migration constante, pour aller garnir l'appareil ranci et rassi du libéralisme coloré à la fraise Tagada. Hue à fixer le cap, Laurent est à la barre.

Malgré toutes les danses du ventre, séductions, tombolas et lotos politiques du moment, les chiffres sont implacables et renvoient au vestiaire les joueurs de mauvaise foi : la moitié du corps électoral, plus de la moitié de ceux qui pourraient s'exprimer par le vote, parce que dans la culture actuelle de délégation de pouvoir, ils ne disposent pas de perspective leur permettant de s'exprimer plutôt que de sombrer dans sa masse dans le vote glauque et brun liberticide déserte les urnes. 

Ils sanctionnent ainsi ceux qui leur ont menti, leur mentent ou au mieux cherchent à leur vendre des haricots qui ne voudront pas cuire.

Les battus à l'indice énergétique (potentiel électoral en nombre ), comme à l'indice de performance (nombre de voix recueillies) gesticulent alors du haut des tribunes : " Démocratie démocratie ", ils stigmatisent : "en ne votant pas tu alimentes les hyènes " sous-entendu " si tu ne désignes pas tes représentants, au mieux tais-toi au pire, tu es un ennemi de la démocratie ".

Un des traits majeurs de l'Histoire de France, c'est cet apport qui a fait qu'il n'y a pas de démocratie sans souveraineté populaire tant c'est celle-ci qui a donné fond et forme à l'exigence démocratique laquelle est antagonique à la sélection élitiste qui serait consentie par le peuple à ses maîtres.

Pour avoir tourné le dos à ces principes y compris parfois en usant de pratiques antagoniques aux mandats dont ils s'étaient déclarés dépositaires, les porteurs du courant révolutionnaire sur la totalité de la planète ont à chaque fois été balayés.

S'installer dans un état stabilisé de représentation en pensant que les battus d'hier resteront inactifs par la corruption, l'édulcoration ou, s’ils le peuvent, la violence sociale, politique voire policière, est porteur de l'échec. C'est aussi cela la lutte de classe.

D’où le besoin de reprendre la bonne vieille maxime qui garantit des dérives de cette délégation de pouvoir : " la confiance n'empêche pas le contrôle " ce que les Communards avaient traduit par " mandat impératif et révocable".

Parce qu'ils sont désabusés devant les lévitations des hors-sols qui dès que possible leur tournent le dos, les citoyens (qui par ailleurs ont souvent une vie associative d'une très grande richesse) ne vont plus voter. Et voilà pourquoi la démocratie devient muette.

Pour lui rendre la parole, dépoussiérer l'espace politique, l'urgence est d'ouvrir en grand portes et fenêtres pour lui offrir lumières et courants d'air. Comment s'y prendre ?

Cela pose autrement la question qui taraude le mouvement communiste : celle de l'avant-garde. L'histoire, avec cruauté, nous enseigne que celle qui s'avance de façon autoproclamée au mieux sera balayée par la déconnexion d'entre ceux qui s’autoproclament et la masse de ceux dont ils prétendent être dépositaire des clés de leur émancipation, au pire à se comporter pareil que ceux qu'initialement ils combattaient. Les conduisant à entretenir ainsi le " tous pareil, tous pourris " et ce no future de l'émancipation. 

Regardez donc le paysage français sur ces 20 dernières années la photo est d'une grande netteté.

Pas d'issue ? Si, peut-être.

Tel Marx remettant sur ses pieds la dialectique hégélienne pour au moins lui supprimer ses migraines et lui permettre de voir plus loin, reprenons deux idées et mettons les en mouvement du même pas:

-le communisme, c'est ce mouvement permanent qui pour rester en phase avec les potentialités nées de l'intervention humaine se doit d'abolir à chaque instant l'état des choses existant ; Devant l'Histoire comme en politique, on ne prend jamais de retard quand on perd le contact avec le peuple c'est juste qu'on s'est trompé et une avantgarde qui se trompe ...merci , on a déjà donné.
- existe-t-il une avant-garde plus efficace que celle constituée de ceux qui sont dans le mouvement, participe à son existance, sa dynamique, ceux qui sont sur le stade plutôt que les chroniqueurs sportifs emmitouflés analysant et conseillant, leur thermos entre les pieds ? 

Cela demande effort permanent à ses acteurs mais garantit une non-déconnection du mouvement et protège du " retard-erreur " qui vient d'être dénoncé.

Illustrons : dans une grève le plus important sont-ce les grévistes du piquet de grève et l'assemblée générale ou les journalistes du 20h qui au mieux s'ils daignent en faire état diront que la grève sera reconduite sans dire les raisons du conflit ni l'évolution du rapport de force (sans parler des intérêts propres des détenteurs idéologiques ou(et) capitalistes des média)?

De même que l'information est utile, elle n'existe (enfin théoriquement ) que s'il existe le fait.

L'avant-garde est donc ceux qui pensent l'action et sa suite que parce qu’ils y sont immergés et en sont. A charge pour ceux qui fabriquent ce mouvement d'aider à en penser le sens pour le renforcer, élargir l'avant garde à en faire une onde de force massive qui d'un même pied élabore lapiste des possibles, choisisse son souhaitable à partir de ses intérêts individuels et collectif (donc de classe) et mettre en chantier non pas le réalisable, mais le " à ensemble réaliser ". Rappelons-nous le coup de tonnerre du " tous ensemble de 95 ".

Ce qui précède n'invente rien. Il n'est qu'un rappel rendu nécessaire tant les efforts pour le faire oublier n'ont malheureusement pas été vains.

Avec ces réflexions comme outil de débat pour l'action dans la musette, s'il est plus facile de dire en quoi il est possible d'être révolutionnaire, il est d'autant plus urgent que ceux-ci soient plus nombreux pour s'extraire de l’environnement glauque et nauséabond que l’absence de lumières et de courants d'air entretient.

Et là encore ce ne sont pas les urnes qui seront l'horizon indépassable de la transformation mais bien le mouvement à construire avec comme sanction d'un moment de l'avancée une possible traduction électorale ; en se souvenant que les lois imposées en 1968 l'ont été à un parlement majoritairement réactionnaire (avant même d'y intégré le nombre des députés socialistes) mais avec dans l'hémicycle des députés s'affirmant anticapitalistes. Pour l'instant plus aucun ne se revendique de ce combat. 

Et maintenant ?

*regrattier : ​la profession de Regrattier. Ancêtres de la cuisine de rue, les regrattiers revendaient les restes des tables des riches, nobles et notables, au plus grand nombre, qui n'avait pas de cuisine.

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J
Je partage votre analyse, mais reconstruire une nouvelle gauche n'est pas gagner !
C
opiniâtreté et rapport de force à construire ; de toute façon il n'y a pas d'autre solution.
J
Oui , le nombre d'abstentionnistes est quelque part stimulant et me réconforte dans l'espoir que j'avais fondé sur le caractère et la spécificité réactive et positive du peuple français ; espoir qui se transformait au fil du temps et de l'accentuation de la crise en doutes persistants .