ou le fond des choses :
Canaille le Rouge emprunte à Rouge Midi (http://www.rougemidi.org/)cet interview qui aurait pu rester fictif et parodique du ci-devant patron du Medef s'il n'avait pas comporté un fond structuré de réalité concrète sur lequel La Canaille vous propose de réfléchir.
A la veille des élections régionales, le Président du MEDEF a accepté de nous recevoir pour une interview exclusive.
Président, certains observateurs se sont étonnés de votre irruption dans la campagne électorale et de votre charge contre le Front National. Quelles sont les raisons de cette prise de position inhabituelle de la part d’un syndicaliste qui prétend « ne pas faire de politique » ?
Pour comprendre le message que j’envoie, il faut avoir en tête ce que vous, à Rouge-Midi, avec vos amis les Rouge Vifs 13, ne cessez de marteler : ce système qui nous assure, à nous, patrons - je dirais les « capitalistes »pour parler comme vous - (sourire), un pouvoir de décision sur les conditions de vie de chacun en raison du fait que nous possédons les grands moyens de production, les médias et les outils financiers, est en crise systémique.
Mais vous savez bien que le Front National est un parti qui, derrière le masque actuel de défenseurs des petites gens en souffrance, est une Organisation totalement opposée aux travailleurs, aux syndicats, un parti d’utile division pour vous, alors...pourquoi ?
Certes, mais il ne vous a pas échappé que partout, en Europe en particulier, tous les gouvernants en place sont régulièrement sanctionnés, en raison des dégâts que nos politiques occasionnent.
Nous pensons que nous ne pouvons plus nous contenter d’avoir « deux fers » au feu, par exemple pour qu’un Sarkosy usé soit remplacé par un Hollande et ainsi de suite...
C’est pour gagner du temps que nous avons suivi avec intérêt la façon dont, en Grèce, nous pouvions compter sur des politiciens « vierges », ne faisant encore l’objet de rejet pour cause de bilans désastreux pour les travailleurs, la jeunesse, les retraités etc...
Vous parlez de Syrisa et de Tsipras ?
Évidemment. Mais vous constaterez comme nous, que six mois à peine la pseudo rébellion de M. Tsipras - que nous avons mis en scène conjointement - les masses, pour parler votre langage, commencent à se rendre compte que l’austérité à la mode Syrisa c’est la poursuite voir l’aggravation des politiques antérieures.
Excusez moi, Président, mais quel rapport avec nos régionales ?
Patientez !
Sous une apparente léthargie, le mouvement social nous préoccupe. Certes nous n’en sommes pas, face nos plan sociaux, à des centaines de réactions semblables à ce qu’a été chez vous le conflit FRALIB, où nous avons été battus.
Vous ne répondez pas à ma question concernant les élections régionales et votre charge contre le parti de Madame Le PEN.
J’y viens, j’y viens.
Mais pourquoi cette montée au créneau contre le F.N. ?
Mais rappelez vous ce qu’a déclaré M. Hollande : « le F.N. parle comme les tracts du P.C. en 1970 ». J’ai repris cet argument en disant notamment que le programme du F.N. - pardon de me citer - "me rappelait étrangement le programme commun de la gauche de 1981"
Je participe à une opération qui vise à ce que des milliers de travailleurs votent F.N., que je présente astucieusement comme un adversaire, le remplaçant d’un P.C. inaudible et que les travailleurs ne reconnaissent plus comme une force pour les défendre !
Comme aux États Unis, en Angleterre ou en Allemagne ...
Président, c’est sans compter sur un retournement de situation que provoqueraient des luttes sociales de résistance à vos projets destructeurs, associées à la construction d’un courant communiste de ce millénaire.
Nous le savons, cher ami...
C’est pourquoi, comme l’ensemble des forces qui sait qu’une telle situation est la seule alternative à nos projets à court, moyen et long terme, nous lutterons pied à pied contre vos intentions de participer à ce genre de contre-offensive.
Merci, Président pour cette franchise qui nous conforte dans quelques idées fondamentales largement partagées par nos lecteurs.