Les barricades n'ont que deux cotés,
je confirme mon camps.
"Quand l'ordre est injuste,
le désordre est déjà
un commencement de justice"!
Romain Rolland
Ce ne sont pas les banlieues qui s’enflamment, c’est toute une tranche d’âge et catégorie sociale des exclus, celle des catalogués à risque dès leur naissance, celle des externalisés des périphs et centres villes qui veut faire sauter le couvercle de la répression « préventive », de la suspicion au faciès, de la catégorisation sociale sous-tendue par une haine de classe alimenté par le pouvoir d’État.
Devant un assassinat d’un jeune de 17 ans, après tous les précédents non sanctionnés voire leurs auteurs légitimés et protégés, cette colère explose.
Une colère dont il faut pour un pouvoir au service d’une classe de toute urgence masquer les causes et leur profondeur et où l’assassinat de Nahel aura été un prévisible détonateur.
Tout ce que la bourgeoisie politique et médiatique peut mobiliser pour quadriller l’espace est utilisé pour que les questions de fond que les conditions de cet assassinat affichent ne puissent remettre en cause ceux qui en sont les premiers responsables. C’est l’actualisation du talon de fer de J London. Leur objectif, concentrer les feux sur les victimes pour amnistier les vrais responsables.
Il y a une semaine, les jeunes des beaux quartiers, tout de blanc vêtus envahissent sans autorisation la place des Vosges vers 19h00 pour faire la fêtes jusqu’à tard dans la nuit. Ce sera la presse people et la protection par la police. Depuis des années, qu’ici ou là 20 jeunes dans un quartier mettent de la musique et ce sera la BAC ou la BRI et BFM TV et si la peur s'empare des cognes, une bastos pour qui n'obtempère pas. Combien de morts ainsi en deux ans ? Où ? Quel profil ?
Ces jeunes géographiquement et socialement marginalisés grandissent dans des espaces transformés par les politiques d’Etat en sorte de township. La bourgeoisie française refabrique des « zones », répliques de celles historiques dont sortaient les apaches du débuts du 20e siècle ancêtres des loubards d’hier, des zones qui n’étaient pas romanesques mais déjà réalités sociales de classe.
Ce terme de zone, marqueur générique de cette stigmatisation de classe, qui de « zone » a été réduit par commodités administratifs à leur « Z » les génériquant : ZUP ZEP ZAC ZAD, ZIF, ZUS et combien d’autre acronymes, classent ainsi l’espace vital consentit aux parqués dans ces réservoirs de main d’œuvre à sous payée et sous qualifiée, zones où malgré la mobilisation de personnels des services publics, souvent les efforts des municipalités voient s’amenuiser la couverture sociale, culturelle de leurs habitants, zones d’organisation de la scolarité au rabais, de la vie économique locale. Elles établissent un déterminisme de masse en matière d’exclusion et marginalisation où l’effondrement des services publics de proximité, la nature ayant horreur du vide, libère des espaces ouverts à tous les trafics, où le désœuvrement le chômage de masse des jeunes quand tout s’empile peut conduire à des situations de crises où la seule réponses depuis des années est l’escadron de CRS, la BAC avec toutes les pratiques délinquantes et humiliantes de la violence policière encouragées et aggravées avec la loi Cazeneuve libérant le droit d’usage des armes de service.
Certes, ces violences urbaines ne sont pas acceptables. Mais qui faut-il combattre le plus fermement ? Les causes où les conséquences ? Nous sommes dans une nouvelle phase de crise profonde de notre société. Si telle traînée de poudre les embrasements se produisent là où des précédents de même nature ont concentré de la colère devant les injustices subies, il faut très vite s’interroger sur comment transformer cette rage sourde en volonté claire transformatrice au risque, si on ne le fait pas, d’être confondu avec les causes de la situation et de fermer toute issue et ne laisser de place qu’à la colère et sa répression. Les tracts du plus grand nombre d’organisations de policiers montre le danger de la dérive.
Voici en pièce-jointe, se séparant de cet amalgame un communiqué de la fédération CGT de la Police qui porte une autre logique.
Voici aussi un communiqué du 29/06 de la CGT qui me paraît d’une autre facture.
« Relations presse confédérales / 01 55 82 82 64 / presse@cgt.fr
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Communiqué de presse
Drame à Nanterre : les pouvoirs publics doivent réagir !
Un policier a fait usage de son arme et a tué un adolescent, vraisemblablement après un refus d’obtempérer,ce mardi 27 juin 2023, à Nanterre.
Le conducteur était âgé de 17 ans. C’est un drame.
La CGT adresse toutes ses condoléances aux proches de Nahel et apporte son soutien à sa famille dans son combat pour que justice soit faite.
Ce drame ne peut être ni banalisé, ni minimisé.
La vidéo, authentifiée par l’AFP, montre que le policier a tiré à bout portant depuis le côté du véhicule. Les éléments des enquêtes ouvertes sur les faits doivent être rendus publics au plus vite, afin que la vérité soit établie.
Rappelons qu’en 2022 13 personnes ont perdu la vie, après un refus d’obtempérer lors de contrôles routiers.
Les leçons n’ont pas été tirées.
La responsabilité du gouvernement est, de fait, pleinement engagée pour que la justice soit rendue au plus vite et que des mesures fermes empêchent dorénavant de tels actes inqualifiables.
Pour la CGT, il est nécessaire de procéder à une profonde réforme de l’usage de la force publique, de son cadrage et du fonctionnement global du service public de la police. Nous revendiquons notamment que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) devienne une autorité administrative indépendante.
La police nationale est un service public qui doit être au service de la garantie des libertés et des droits fondamentaux des citoyen·nes.
Ce drame nous rappelle combien il est nécessaire d’ouvrir l’indispensable débat démocratique sur ce service public , avec l’ensemble des acteurs·rices concerné·es, les citoyen·nes et usager·es.
Montreuil, le 28 juin 2023
Le communiqué de la CGT police :
C:\Users\hyar\Documents\2023_2_Synd\Synd Interpro\[CP CGT] Drame a Nanterre.pdf