Pour ne pas se tromper de cible
Bien alimentés par les chiens de garde du système, depuis deux jours déferlent dans les média des vociférations contre ces jeunes qui laissent exploser leur colère. Oui, les destructions pillages ne sont pas acceptables. Mais le mépris affiché par la grande masse de ce qu’on appelle la classe politique , la pinochetisation de Darmanin et son coach, les blindés appelés en renforts, les couvrefeux de fait imposés dans les quartiers populaires, le quadrillage et les interpellations sur présomptions ne sont-elles pas autant de bonbonnes d’essence jetées sur les feux comme si le pouvoir cherchaient l’affrontement, ses laquais idéologiques encadrés par Lagardère Bolloré, Niel, Bouyghes, Dassault & C° tentant de rassembler un camp de cette peur entretenue par les soins du pouvoir ?
Au détour des réseaux sociaux, surprise de croiser certain(e)s nostalgiques des barricades de 68 (où ils et elles ne sont jamais allé-e-s) valider par leur stigmatisation préalable de cette explosion de colère cette célèbre phrase d’Aragon "c’est avec les jeunes sots qu’on fait les vieux cons", cela avant toute réflexion analyse, tentative de comprendre le moment en trouver les causes et chercher des solutions.
Accuser la vague qui déferle quand s’est rompue la digue mal entretenue voire intentionnellement sapée, c’est absoudre celles et ceux qui ont laissé cette dernière s’affaiblir, celles et ceux qui par leur choix ont aidé à ce qu’elle soit minée et ici avec la loi Cazeneuve autorisant l'usage des armes ont accéléré les causes de sa rupture.
Et maintenant ? Faut-il laisser réprimer toutes cette masse de jeunes, les stigmatiser ? Ne pas voir le risque de faille irréductible de la société française si d'autres orientations ne sont pas mises au plus vite en oeuvre ? Voir autour de soi certains s'affichant spécialistes de Makarenko, exégètes de Freynet ou Montessori trembler devant leur télé qui atise les haines et abandonnant les territoires dont ils se prétendent experts est navrant.
Ce sont les choix répressifs de l’État qui ont mis le feu au Pays ce doit être à ceux qui sont à sa tête et ont imposé ces choix de rendre des comptes. A charge pour les citoyen-ne-s de notre pays de les sortir et de ne pas les remplacer par des identiques voire à coup sûr encore plus violemment répressif. Cela s’appelle un choix de société.
Cela exige au moins d’être en résonance avec la réalité sociale et d’être au niveau des multiples colères populaires qui s'entasse depuis au moins 5 ans. Ce n’est pas d’effets de manches et discours dont nous avons besoin mais de débattre en particulier avec ceux à qui il faut proposer de construire un projet qui apporte solution à cette crise qui sans cela ne pourra que s’aggraver.