Au besoin à coup d'attendrisseurs
made in Beauveau
Camarades cheminots, mes amis de pourtant 40 ans de complicités actives, c'est pas bien.
Vous faites de la peine aux éditorialistes du Monde.
Regardez leur douleur affichée dans cet éditorial publié à la une du 10 juin 2016.
"Pour mettre un terme à la grève à la SNCF, à la veille du début de l’Euro de football vendredi 10 juin, l’Etat, actionnaire principal de l’entreprise publique, a été très loin. Il a imposé à sa direction, de fait fragilisée, de renoncer au reformatage de son accord social qui visait à « dérigidifier » son organisation pour faire face à l’ouverture à la concurrence. La fameuse règle du « 19 heures-6 heures », qui permet au personnel roulant de cesser de travailler après 19 heures la veille d’un repos et de ne pas reprendre le service avant 6 heures du matin le lendemain, a été reconduite…
Doit-on conclure que lorsqu'on rencontre un éditorialiste de ce "Monde" vers 21h00 une coupe à la main à la première d'un Opéra ou d'une pièce de théâtre, dans un restau étoilé il serait donc au travail ?
On comprend dès lors ses interrogations sur le concept de pénibilité.
Nos claviériparcteurs politico-sociaux de plaindre ce pôv monsieur Pepy qui n'arrive pas dérigidifier. C'est qu'il est vraiment à plaindre, rendez-vous compte :
...L’objectif de Guillaume Pepy, le président de la SNCF, qui voulait « faire en sorte que chaque heure payée soit une heure productive » est renvoyé aux calendes grecques. Résultat : le train en France va continuer à perdre de sa compétitivité face aux autres modes de transport...
Nos alpinistes de la face nord de l'agressivité sociale savent-t-il que déplacer des traverses, remplacer des pendules de caténaires, recaler des essieux, faire des itinéraires et faire rouler des trains dans des conditions de sécurité pour les voyageurs comme pour les marchandises, ce n'est pas comme débattre de l'actionnariat du titre autour de la machine à café.
Suit une longue période qui dans le genre va faire référence tant la rédaction du journal de déférence donne des "éléments de langage" à tout ce qui permet de tirer sur ce pelé ce galeux de gréviste nantis d'un statut. Des munitions ultralibérales pour durant le weekend.
...A première vue, la CGT et SUD-Rail, les syndicats à l’origine d’une grève qui entre dans son neuvième jour d’affilée avec un coût pour l’entreprise de 300 millions d’euros, sont gagnants. Cela avait été le cas lors du mouvement social de 1995 contre le plan d’Alain Juppé sur la Sécurité sociale. A l’issue de trois semaines de grève, les cheminots avaient été les seuls vainqueurs. Ils avaient obligé le premier ministre à renoncer à aligner leur régime de retraite sur celui des salariés du secteur privé. Il en avait été différemment en 2014 lorsque les mêmes syndicats avaient perdu leur combat contre la loi ferroviaire. Après quatorze jours de grève, ils avaient capitulé sans rien obtenir.
La CGT n’a pas réussi à bloquer l’activité économique du pays, mais elle la perturbe par des actions coups de poing qui n’ont pas grand sens
La CGT a aujourd’hui toutes les raisons de déposer les armes. En perte de vitesse électorale à la SNCF, elle se garde de suivre le jusqu’au-boutisme de SUD-Rail et reconnaît que « des améliorations arrachées par la mobilisation sont à observer » malgré la persistance de « points négatifs ». Elle réserve son avis sur le texte, mais elle ne siffle pas la fin de la grève. En réalité, la direction de la CGT veut entretenir la flamme de la contestation au moins jusqu’au 14 juin, jour d’une manifestation nationale à Paris contre une loi travail qui ne concerne pas directement la SNCF…
Qu’importe si la grève des cheminots s’étiole, avec 8,5 % de grévistes (mais une bonne moitié de conducteurs) le 7 juin contre 17 % le 1er juin. Elle n’a pas réussi à bloquer l’activité économique du pays, ce qui est un aveu de faiblesse, mais elle la perturbe par des actions coups de poing – dans le ramassage des ordures, au marché de Rungis ou sur des voies de chemin de fer – qui n’ont pas grand sens. Il s’agit de montrer, contre toute évidence, que la mobilisation contre la loi travail, qui ne bénéficie plus d’un soutien majoritaire de l’opinion, s’amplifie.
Si elle ne saisit pas la porte de sortie que lui offre, trop généreusement, le gouvernement, la CGT risque de le payer cher. François Hollande a paraphrasé Maurice Thorez en affirmant qu’« il faut savoir terminer une grève ». Sa citation était incomplète. Au lendemain des accords de Matignon, il y a quatre-vingts ans, au début du Front populaire, le dirigeant communiste avait souligné qu’« il faut même savoir consentir un compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais si l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes des revendications ». La CGT est dans cette situation. Elle a obtenu que rien ne bouge. Ou presque. Un entêtement serait incompréhensible...
C'est quand qu'on dérigidifie le statut professionnel des éditorialistes du Monde ? Qu'on supprime le coupe fil pour accéder gratuitement aux salons, expositions concerts, théâtres, cinéma, cette rémunération hors convention collective indexée sur l'angle aigu affiché entre la semelle, les reins et le front du signataire, bref tout ce que le cheminot moyen ne veut avec sa dignité et ne peut avec son salaire se payer et que nos tenseurs-censeurs de rigidité pétitionnent à supprimer ?
A lire tout cela on en aurait presque envie de renvoyer à la niche ces chiens de garde du capital mais ils n'attendent que cela tant leur niche et son coussin fiscal leur est confortable.
Finalement, à lire leur propos ils n'ont rien à dérigidifier…tant leur échine est souple quand il faut venir aux pieds de leurs maîtres d'équipage qui les nourrissent en meute.