que révèlent les alliances
apparues au grand jour ?
Face à la déferlante répressive néo-franquiste engagée par le clan affairo-monarchiste, il y a une tendance naturelle, l'histoire semblant lancer des signes, à vouloir faire sans condition un rempart de solidarité pour protéger l'annonce d'une Catalogne républicaine.
Pour ceux qui ici sont venus à la lutte politique et à la solidarité internationale en construisant des solidarités anti-franquistes, quoi de plus normal ?
Avant de s'emballer, regardons qui sont les amis de ceux à qui nous aurions tendance à donner sympathie et amitié sans conditions. Confirment-ils ?
Un peu de recul s'impose.
Carles Puigdemont vient de déclarer :
« Je ne suis pas là pour me mêler à la politique belge et je ne lui demande rien, même si l’on connaît les sympathies et les complicités qui existent ici »
Quand on sait que ces sympathies et complicités sont celles de l’Alliance néo-flamande (NVA), celles-ci ne devraient-ils pas alerter celles et ceux qui, condamnant à juste titre le coup de force du PPE, PSOE associé, s'illusionnent sur les références progressistes du président si peu démocrate d'une Catalogne laquelle n'a pas plus à gagner avec ce dernier qu'à attendre progrès social et démocratie de l'ultra réac corrompu Rajoy et son parrain ci-devant Bourbon.
Il y a même de quoi s'alarmer.
ResistanceS.be, l'Observatoire belge de l'extrême droite nous donne quelques clés pour comprendre l'articulation nationaliste en Belgique et interroger, via cette solidarité exprimée, sur la nature du nationalisme de la formation de Puigdemont qui parait bien éloignée du progressisme historique des démocrates catalans.
RésistanceS.be – web-journal de l'Observatoire belge de l'extrême droite – www.resistances.be – info@resistances.be – http://www.resistances.be/marcelsel.html
Nationaliste sans complexes, sur le plan socio-économique, la N-VA est ultralibérale. Avec elle les inégalités sociales sont au rendez-vous. La fin de la Belgique est à son programme par étapes « réformistes» et surtout en filigrane. Il ne faut pas oublier que les créateurs de ce parti sont directement issus de l’aile ultradroitiste et flamingante de feue la Volksunie, le parti nationaliste démocrate flamand historique, fondé en 1954 et disparu en 2001.
Pour certains de ses observateurs et pourfendeurs, le parti de Bart De Wever incarne aussi la «nouvelle (extrême) droite».
Marcel Sel, spécialiste francophone de la Flandre nationaliste, a consacré un important ouvrage (439 pages) dédié à cette thèse.
Dans Les secrets de Bart De Wever (éditions de l’arbre), il propose une enquête poussée sur les liens de la N-VA avec le corpus idéologique de l’extrême droite classique. Marcel Sel (historien politologue spécialiste du séparatisme flamand) donne aussi des exemples concrets de contacts entre la droite nationaliste flamande, incarnée par la N-VA, et la droite national-flamande revancharde. Cette dernière s’était engagée durant la Seconde Guerre mondiale dans la collaboration avec les nazis, officiellement dans le cadre d’une stratégie qui aurait été favorable pour finir à l’indépendance de la Flandre.
Des responsables de la N-VA, dont Bart De Wever en particulier, fréquentent – ou l’ont fait dans un passé récent - les activités de la Fondation Joris van Severen, du nom de l’un des chefs charismatiques de l’extrême droite flamande des années 30. Précisons que cette fondation se consacre toujours de nos jours à faire perdurer l’héritage doctrinal de van Severen auprès des nouvelles générations militantes de la cause «national-flamande».
Les connexions avec le fascisme ne sont pas qu’historiques. Marcel Sel révèle des fréquentations communes de Bart De Wever avec l’ultradroite contemporaine. Il dévoile l’influence que la «Nouvelle droite» française et flamande ont exercé sur le président de la N-VA. Directement issue, à la fin des années 60 de la mouvance néofasciste et néonazie, cette Nouvelle droite s’est engagée dans une entreprise intellectuelle et culturelle pour doter l’extrême droite classique d’une nouvelle stratégie de prise du pouvoir.
Les rencontres entre Bart De Wever et Jean-Marie Le Pen (dont la dernière remonte à 2006, à l’occasion des funérailles de Karel Dillen, activiste négationniste de la première heure et président-fondateur du Vlaams Blok/Belang) sont encore rappelées dans le livre de Marcel Sel (). Plusieurs personnalités de la N-VA collaborent par ailleurs activement, précise Sel, avec le Taal-Aktie-komitee (TAK), un groupe d’action nationaliste ayant été fondé par des radicaux de l’extrême droite flamande, notamment du VMO
Dans un moment où la défaite idéologique du camp progressiste a brouillé toutes les cartes il est des réflexes partant d'un bon sentiment qui peuvent conduire dans des impasses se terminant en culs de basses fosses.
Une République sans droits sociaux n'est qu'une République de Venise, celle des notables possédants, la même qui invente les Ghettos et réserve le pouvoir aux marchands. A Barcelone comme ailleurs, là ne se situe pas l'avenir.