Et sur le fond.
Bien sûr, il y a ce que le personnage offre de traits caricaturaux dans l'expression de ses idées, leur contenu ; Canaille le Rouge n'est pas le dernier à les pointer.
La Canaille est persuadé que si la dénonciation " comportementale " de celui qui se présente comme LE recours fédérateur soulage ceux qui sont irrités, cela ne fait pas la maille au regard des problèmes posées et des issues réelles à construire.
Sans prétendre tenir l'alpha et l'oméga de la question, autant tenter d'ouvrir quelques pistes à alimenter par toutes celles et tous ceux qui veulent construire une véritable alternative.
Posons une question de fond à laquelle peu de commentateurs s'essaient à tenter de répondre : réalités ou mirages ? Si réalité, quelle alternative à la réalité du moment ? Si mirages, sur quoi construit-il son palais des glaces, avec qui et à quoi les miroirs servent-ils, qu'occultent-ils?
Si un espace a pu se dégager de façon aussi surprenante que rapide pour une nébuleuse politique dont son fondateur revendique le caractère gazeux et informel, c'est bien parce que ceux qui occupaient auparavant l'espace où il s’installe n'y sont plus. Soit par faillite politique, par choix, soit par soumission aux chants des sirènes de l’idéologie dominante laquelle est toujours porteuse des choix et orientations de la classe dominante.
De quoi la faconde de l'avocat mittérando-rocardien est-il le nom ?
Le PS s'est maintenant officiellement converti à ce libéralisme galopant que son discours anticapitaliste du 20e siècle parvenait à masquer.
Voyant l'opportunité, le PCF s'est glissé pour occuper la place laissant au passage sa défroque accrochée dans une cloture pourtant laxe ...devenant ainsi un succédané du PS.
En abandonnant le combat anticapitaliste qui était le principe fondateur du choix de Tours contre justement cette SFIO qui de Léon Blum en Guy Mollet, de Mitterrand en Hollande via Jospin nous a apporté sur un plateau porté par Cambadélis ce Valls rêvant de devenir le Shérif attitré de ce Macron des Rois qui prend aux pauvres pour gaver les riches, il laisse désarmé un mouvement populaire à la recherche non pas d'un infatué tribun délégué mais de composantes politiques non hiérarchisée pour un combat social et politique global.
Tels les démunis de repères pendant les grandes peurs de l'An Mil, ou plus tard le refus des wiki-trafics d'indulgence papistes réservées au hors-sol, la faillite des réguliers et séculiers de l'époque laisse les estrades aux prédicateurs munis de leurs rodomontades et anathèmes.
Pour certaines et certains de celles et ceux, porteurs de valeurs anticapitalistes, opposé-e-s aux sectes fascisantes, le gourou nouveau était arrivé.
Une partie des ex, parfois hauts dignitaires des appareils faillis, parce que voulant continuer d'agir, lui ont emboîté le pas non sur le contenu du projet, mais sur l'espoir pour les uns de place, d'autre plus sincèrement de rupture (ces derniers démontrant que le concept de révolution reste vivace dans le corps social de notre pays).
Reste le fond qui de jour en jour se révèle plus par le sens et la violence des dénonciations sans propositions que par l'affirmation du contenu du programme.
Pour le batteur d'estrade (orateur talentueux, là est le vice), si Macron est dominant (ce fameux "il tient le point " ; comme si la casse sociale et industrielle pouvait s'assimiler à une partie de pétanque!), c'est toujours à cause des autres lesquels ne l'écoutent pas (Caliméro politique) et ne le rallient pas.
L'homme dénonce "les syndicats". Lui qui n'a jamais fait une heure de grève, qui refuse de voir ce que ses ex petits camarade de la CFDT – ils avaient la même cantine à Solferino durant plus de 20 ans ; ça créé des liens – ont aidé à détruire de ce socle social que par ailleurs il ne propose pas de reconstruire puisque certaines de ses idées (CSG par exemple) sont communes à celui dont il se pose en unique opposant.
Nouveauté du weekend, depuis Clermont-Ferrand, en matière de traité européen, il ne propose de réviser " que les traités économiques " laissant d'un seul coup de côté les questions de souveraineté et d'indépendance nationale, ferraillant contre le nucléaire (sans débats) mais que s'il est civil, " oubliant " que la première menace de destruction dans un monde en crise est la bombe qu' un fou furieux qui joue au golf tout les week-end ne part qu'avec l’idée de faire un swing de missiles à travers la planète.
En dernier ressort, son admonestation de tout et chacun, syndicalistes, écolos, militants associatifs et autres légitimement déçus des forces politiques antérieures vise-t-elle à construire du neuf dans un espace dégagé ? Non ! Si l'espace est dégagé, il ne propose que d'en revenir au congrès de la SFIO de 1905 et les pratiques de toutes les social-démocratie du monde où le mouvement social n'aurait de solution que de déléguer au politique la construction d'une issue d'autant plus hypothétique que les forces vives sommées d'abonder le fond en ressources et forces "réseausocialisées" n'aurait voix au chapitre aux mieux que par tirage au sort.
Pour sortir le pays de la crise profonde dont le capital a besoin pour continuer sa prédation, il faut organiser une subversion profonde et pour cela, il faut une organisation révolutionnaire entre les mains de celles et ceux qui ont une urgence vitale de s'affranchir du capital. Canaille le Rouge qui tient à la démocratie ouvrière et à la démocratie syndicale comme constitutive de l'espace démocratique républicain tire le signal d'alarme : les choix tel que présenté à Clermont-Ferrand mènent à tout sauf au progrès et à la démocratie.
Que l'autoproclamé Robin opposant à Macron des rois ne propose qu'un compromis dans le cadre de traités européens amendés à la marge démontre si besoin l'était encore que ce n'est pas avec le gourou de Palaiseau-Latché-Conflant st Honorine que se construira l'issue pas plus qu'avec ceux qui par capitulation, incapacité ou complicité lui ont libéré la place.