Canaille le rouge sait bien que ce qui suit risque d'irriter les hérauts de la communion footballistique, mais comme apparemment les outils et grilles de lectures appliqués à d'autres nations participantes semblent épargner la Croatie finaliste, autant mettre en lumière quelques aspects de ce qu'est le football croate (du moins parmi son gratin).
Le Foot en Croatie, c'est une institution sportive aux mains des dirigeants politiques pour usage nationaliste. Une institution fortement investit par la droite dure, une droite historiquement compromise et cause première de la crise des Balkans, en se souvenant que l'Allemagne d'Helmut Kohl sera le premier Pays à reconnaître la Croatie en décembre 1991 et donc à entériner la partition de l'ex-Yougoslavie.
Pourquoi l'Allemagne, pourquoi cette approche du foot et de la Croatie ? Là il ne s'agit pas du monde de Beckenbauer, mais plutôt à chercher du côté des réseaux Gehlen.
Comme toute affirmation, cela doit être démontré. Canaille le Rouge vous invite à le suivre pour une petite exploration.
La Croatie, le pays où pour le parti (HDZ) au pouvoir " Le football est un élément fondateur de la résistance et de l'indépendance croate "
"Après la guerre, le sport est la première chose qui permet de distinguer les nations." Franjo Tudjman (fondateur du parti HDZ) .
Le pays où le parti au pouvoir (HDZ) porte la réhabilitation des Oustachis* .
En 2013, à propos de la place du football dans la société Croate, le chercheur Dario Brentin évoquait même "un pilier central de l'identité nationale".
Un pilier si ancré à droite que publiquement au moins deux joueurs de l'équipe nationale manifestent sur les terrains russes leur soutien aux nazis de Kiev.
En termes d'idéologie, les leaders de la HDZ se sont tout d’abord définis comme un parti de droite et Tuđjman se disait inspiré par Margaret Thatcher.
Ivo Sanader, deuxième président de la HDZ, Premier ministre entre 2003 et 2009, en gardant cet ancrage, en négociant un virage centriste et pro-européen, va donner un verni pour paraître présentable. Avec lui, la HDZ se définira comme de centre droit et comme chrétien démocrate, un peu comme la droite polonaise avant de tomber le masque.
Les fondateurs du parti bénéficièrent d'un large soutien financier de la part des Croates exilés (lire compromis avec les nazis ) et dont beaucoup soutenaient les idées des Oustachis* ou (et) de l'ancien État indépendant de Croatie. Soutenus secret de polichinelle tant c'était officieusement officiel par les services secrets allemands et autrichiens. Cette influence se retrouva à la HDZ qui appela au rétablissement de la Croatie dans ses « frontières naturelles et historiques ». (Celles-ci auraient inclus la Bosnie-Herzégovine jusqu'à la rivière Drina ainsi que les territoires que la commission Djilas avait attribué en 1945 à la Serbie et au Monténégro).
La HDZ se renforça lorsque le TPIY commença à rechercher et à inculper les décideurs de l'armée croate ce qui entraîna de nombreuses protestations en Croatie.
La seule idéologie officielle était "la réconciliation nationale", une idée qui gagnait le soutien de la forte colonie Croates vivant aux USA, droite extrémiste, se réclamant des oustachis. En pratique, cette idéologie justifia une réhabilitation de ces derniers et une justification implicite de leur idéologie donc de leur crimes.
La présidente de Croatie passe son enfance et son adolescence aux États-Unis, à Los Alamos. En 1992 elle devient conseillère au département de la Coopération internationale du ministère croate de la Science et de la Technologie. arrive en 1993 au ministère des Affaires étrangères.
Elle est placée deux ans plus tard à la direction du département nord-américain du ministère des Affaires étrangères jusqu'en 1997. Cette année-là, elle commence à travailler au sein de l'ambassade de Croatie au Canada en tant que conseillère diplomatique jusqu'en octobre 1998, quand elle devient ministre-conseiller. Elle reste au Canada jusqu'en 2000.
Elle est promue en 2001 ministre-conseiller au ministère des Affaires étrangères.à 35 ans, elle est nommée au poste de ministre de l'Intégration européenne dans le premier gouvernement d'Ivo Sanader1. Elle entame en 2004 les négociations d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne.
"Depuis 2013, et avant, il y a une compétition au sein du parti HDZ entre une ligne chrétienne démocrate et de centre-droit – le Premier ministre Andrej Plenkovic – et la ligne identitaire de Franjo Tudjman." L'actuelle présidente et son prédécesseur, Tomislav Karamarko, sont plutôt sur la ligne identitaire de Tudjman.
Identitaire ayant partout dans l'UE la même signification de cache sexe de l'extrême droite la plus extremiste.
Pour l'ambiance, avant d'aller faire un tour du côté des vestiaires, cela se passe lors des qualifications pour la coupe du monde 2014 :
« ... le joueur avait entonné, avec la foule, un cri de ralliement croate qui était utilisé durant la seconde guerre mondiale par le mouvement fasciste des Oustachis », et « convenu que ce cri de ralliement était discriminatoire et portait atteinte à la dignité d'un groupe de personnes pour des raisons, entre autres, de race, de religion ou d'origine ».
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a confirmé lundi les 10 matches de suspension infligés par la FIFA au défenseur croate Josip Simunic, ainsi bien privé du Mondial au Brésil pour avoir célébré la qualification de son pays en scandant un cri fasciste.
Après la victoire de la Croatie contre l’Islande le 19 novembre Simunic s’était emparé du micro et avait scandé un cri de ralliement utilisé par le régime pro-nazi croate lors de la Seconde Guerre mondiale."
Ante Pavelic chef des Oustachis en 1943 et le drapeau de "l’Etat indépendant de Croatie” mis en place par Hitler et Mussolini en 1941. Le « U » représentant son nom « Ustasha » (Oustachi), pour ceux vivant sous la terreur de ce régime, le « U » reste synonyme de « ubica », assassins.
Bon, et le foot dans tout cela ?
Le maillot, le facho et l'histoire du drapeau drapeau donnent déjà des signes .
"Il existe un lien émotionnel avec la sélection nationale, résume lechercheur Dario Brentin. "Le football est un élément fondateur de la résistance et de l'indépendance croate."
Historiquement, Le pouvoir affiche un intérêt pour les dossiers financiers des clubs, voire un droit de regard sur le choix des joueurs appelés en équipe nationale...
" Le premier président du pays, Franjo Tudjman (parti HDZ), a utilisé le football pour porter son message politique d'indépendance, dans les années 1990. Son credo ? "Après la guerre, le sport est la première chose qui permet de distinguer les nations."
En 2001, deux années après la mort de Franjo Tudjman, l'hebdomadaire croate "Nacional" révèle comment des hommes de confiance du président faisaient pression sur les arbitres pour favoriser le Dinamo Zagreb.
En 2013,si pour Dario Brentin 'Le régime de Franjo Tudjman utilisait le football sans commune mesure avec ce qui se passe aujourd’hui. Le régime n'est plus le même tout comme l'état d’esprit ", il reste "un pilier central de l'identité nationale". "
le HDZ a su se radicaliser pendant sa campagne électorale en misant sur les valeurs de la droite dure.
Le foot hors champ de la politique de Croatie ?
Zdravko Mamic, vice-président de la fédération croate est président tout-puissant du Dinamo Zagreb. "Cet homme a notamment financé la campagne électorale de Kolinda Grabar-Kitarovic et sa fête d'anniversaire", explique Loïc Trégourès auteur d’une thèse de sciences politiques sur "Football, politique et identités" . Ce sulfureux personnage a été condamné avec son frère pour escroquerie. Il était poursuivi pour avoir détourné plusieurs millions d'euros lors des transferts de Luka Modric à Tottenham et de Dejan Lovren à Lyon.
L'affaire a fait grand bruit. jusqu'à jeter le discrédit sur la sélection nationale.
Réfugié en Bosnie pour éviter la prison, Zdravko Mamic a acquis la nationalité de son nouveau pays, ce qui lui permet d'éviter une extradition.
Kolinda Grabar-Kitarovic, avant de venir sauter de joie dans les tribunes de St Petersbourg a dû reconnaître que l'homme le plus puissant du football croate avait organisé plusieurs dîners en sa faveur. (il est vrai que ces pratique sont totalement inconnues dans notre pays n'est-ce pas ?)
Le ménage est loin d'être fait. Lors du match contre la Russie, la dirigeante était accompagnée dans les gradins par Danir Vrbanovic, actuel directeur général de la fédération,... et lui aussi condamné à trois ans de prison dans la même affaire.
Le football est un beau jeu. Il est aussi vraiment un sport de gentleman au main de voyous.
Pour découvrir pour les uns ou se rafraîchir la mémoire pour les moins jeunes :
*Oustachis -
un mouvement séparatiste croate ouvertement fasciste, filleul adoré du NSDAP Allemand, antisémite et anticommuniste et anti-yougoslave. Le mouvement lui-même était appelé Oustacha (Ustaša), le nom d’oustachis étant donné, de manière générique, à l'ensemble de ses membres. Après des années de clandestinité, les oustachis prirent le pouvoir en Croatie en 1941 avec le soutien de l'Allemagne et de l'Italie, après l'invasion et le démembrement de la Yougoslavie : ils instaurèrent l'État indépendant de Croatie, une dictature particulièrement sanglante, qui se signala par de nombreux massacres des populations serbes, tziganes et juives de Croatie et de Bosnie-Herzégovine et une répression intensive de toute activité démocratique au premier rang des victimes, les communistes.
Au printemps 1941, après l'invasion de la Yougoslavie par les troupes hitlériennes, les Oustachis reçoivent des nazis le gouvernement d'un nouveau territoire : l'État indépendant croate qui rejoint officiellement l'Axe Rome-Berlin-Tokyo le 15 juin 1941. Ce nouvel État fasciste s'étend sur la Bosnie-Herzégovine et la Croatie actuelle (excepté la côte dalmate annexée par l'Italie). Dès lors, avec un soutien de de nombreux Croates et d'une grande partie du clergé catholique, le parti fasciste croate instaure une des plus sanglantes dictatures de la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement, fort d'environ 60 000 militants, applique en effet une politique de conversion forcée à l'égard des deux millions de Serbes (orthodoxes), des Juifs, et des Tziganes vivant dans le nouvel État. De nouvelles dispositions légales interdisent le cyrillique, des écoles sont fermées, des églises orthodoxes détruites. Cette politique se transforme en véritable purification ethnique. Les oustachis procèdent de deux manières : ils massacrent les habitants par villages entiers, ou bien raflent des milliers de personnes qui sont ensuite dirigées vers des camps de concentration, les plus importants étant ceux de Jasenovac et Stara Gradiska. En revanche, les musulmans de Bosnie-Herzégovine sont célébrés par le régime10.
Parallèlement, les oustachis combattent aux côtés de la Wehrmacht, notamment sur le front de l'Est et contre la résistance communiste retranchée dans les montagnes de Bosnie-Herzégovine.
En 1945, les principaux dirigeants oustachis parviennent à s'exiler, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, ou encore dans l'Espagne franquiste