Ensuite, il faut les financer
Et là commence une autre discussion indispensable à mener. Qui va payer quoi ?
Un vaste débat tant pour le transport des voyageurs que pour celui des marchandises : faire payer le bénéficiaire réel.
Le transport gratuit pour les voyageurs, qui est maintenant une urgente priorité, ne peut se concevoir en dehors de son rôle social, économique et environnemental.
Que les collectivités territoriales de tout niveau de l'état à la commune prennent en compte les transports scolaires et universitaires, ceux liées aux besoins des personnes pour leur vie courante à partir de l'égalité de traitement - dont le coût pour l'usager - en tout point du territoire (santé, administration etc.) ne pose pas de problème et peut être réglé par la solidarité nationale via l’impôt.
Mais le transport pour raisons professionnelles, celui qui est mobilisé pour assurer aux directions d'entreprises la présence à l'heure décidé par elles de la main d'ouvre dont elles ont besoin, main d'oeuvre qui est tributaire des choix d'implantation, de mode d'organisation interne (2x8,3x8, horaires "normaux"), soumis aux aléas des restructuration ou des réorganisations saisonnières décidées par le patronat pourquoi serait-il exempté de ses responsabilité ? . C'est bien lui qui est le bénéficiaire réel du transport de ses salariés pour les trajets domicile-travail mais aussi pour les déplacements DANS le cadre de l'activité (il n'y a qu'à voir le nombre de cadres qui travaillent dans les TGV ou autres au point qu'un service commercial entier de la SNCF à la tarification confidentielle y est consacré ). C'est d'ailleurs à la suite des luttes menée au plan syndical par la CGT que le versement transport a été imposé au patronat pour qu'il contribue - de façon trop partielle - à ce financement.
Le transport gratuit des salariés réponds aux trois exigences sociales économiques et environnementales et permet par la tarification de rendre le patronat responsable des conséquences de ses choix : à lui de supporter les coûts "d'implantation, de mode d'organisation interne, soumis aux aléas des restructuration ou des réorganisations saisonnières" évoqués plus haut.
Impossible ? Comme l'interdiction du travail des enfants, l'était l'idée de congés payés, la sécurité sociale, la journée de 8h00, les 35 heures, toutes ces utopies devenues réalités par la grâce d'un rapport de force construit par des luttes ayant contraint à des décisions politiques.
Si la France disposait encore d'une force politique décidée à porter cette exigence, cela serait un appui considérable.
A voir les positionnements des organisations politiques se parfumant de parler au nom du monde du travail et disant le représenter, à lire leurs affiches voire leur inclinaison à rejoindre les démagogies galopantes dans le moment, on peut mesurer qu'une telle force politique reste à construire.