Le charme discret
de la (notre) bourgeoisie
Il y a le scandale révélé par le Palmipède de ce mercredi et ce serait savoureux si cela n'avait pas aussi un arrière goût plus que douteux éclairant sujet d'une lumière glauque.
Les commentaires vont bon train (et ils ont raison) sur la façon un tantinet crapuleuse dont le père la morale (stigmatisant ces gueux qui veulent toujours plus) se gobergeait frauduleusement et passait son (notre) pognon en Suisse.
Beaucoup plus discrète la presse (du moins jusqu'à maintenant sur les exploits politiques dont un des coups de Barre aura été de dénoncer non pas l'attentat antisémite de la rue copernic mais le fait qu'aux côtés des victimes ciblées il ait aussi tué "des Français innocents" (sic). Les Français n'étaient pas du tout liés à cette affaire (resic)
Il faut dire que le meilleur économiste de France (selon VGE) savait créer les conditions pour entretenir ses plate-bandes de fleurs vert de gris qui s'épanouissaient dans son gouvernement. Avoir installé Papon le "charronniard" de 62 après avoir été le ratonneur de 61 comme ministre du budget, lequel ainsi adoubé ne verra pas son sinistre parrain ciller lorsque le passé de collabo zélé sera révélé est un marqueur politique de la droite en France. Wauquiez et Ciotti n'ont rien inventé.
L'homme de l'UDF ira jusqu'à légitimer Papon et ses actes à la préfecture de Gironde quand il organisait la déportation et donc la mort des juifs.
Bref entre Barre et Papon une sorte de fraternelle Kamaraderie les unissaient.
Dans un interview à libération publié en 2007, après avoir témoigné en faveur de Papon :
" L'ancien Premier ministre a pris la défense de Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de Juifs sous l'Occupation alors qu'il était secrétaire général de la préfecture de Gironde. Papon aurait-il dû démissionner? A cette question, l'ancien Premier ministre répond par une autre question : «Est-ce que tous les fonctionnaires de l'Etat qui étaient en fonction à l'époque auraient dû abandonner leurs responsabilités?» Pour lui, la réponse est non : «Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur». Et tel n'était pas le cas «car il fallait faire fonctionner la France». "
S'opposer aux déportations ou les organiser , pour Barre ne relève donc pas d'une question "d'un intérêt national majeur".
Et pour être certain d'être bien compris il précise :
«Je vous ai parlé très franchement. Que vous me fassiez passer pour un antisémite, pour quelqu'un qui reconnaît pas la Shoah, j'ai entendu cela cent fois et cela m'est totalement égal». (Libé, 2007)
Et pour enfoncer le clou, il rajoute, après avoir condamné le "lobby juif" (reresic), concernant Gollnish l'alors dirigeant du F-Haine et condamné pour propos négationniste :
" c'était un homme bien", a-t-il expliqué. Affirmant être "quelqu'un qui considère que les gens peuvent avoir leurs opinions" (interv. repris par France Culture mars 2007) :
Nous devrions alors rapidement savoir si comme le sous-entend le canard ces thunes proviennent du captage des fonds secrets de Matignon à son usage perso ou s'ils proviennent d'ailleurs, mais hors de proportion avec la rémunération d'un universitaire fut-il carpette zélée du CNPF d'alors -MEDEF aujourd'hui .
Le lien entre l'extrême droite, les milieux fascistes et les grands commis du capital n'étant pas une nouveauté des années 2000 mais bien de la "Synarchie"* d'il y a un siècle à nos jours la continuité des pratiques historiques constantes des droites françaises classique et extrême.
Que Barre, d'une dynastie de fonctionnaires et planteurs coloniaux soit prof d'économie, héraut de l'économie ultra libérale, premier ministre de Giscard, ancien commissaire au finance de la CEE, pourfendeur de syndicalistes et progressistes ne fait que confirmer le lien entre le capital et l'Etat en France.
Bref ce que savent les contemporains de ce sinistre pantin, c'est qu'il était une guenille politique l'actualité montre qu'à l'occasion la guenille savait endosser la défroque d'un voyou. Mais ne serait-ce pas une des lois du genre ?
* Cette affaire est l'occasion de renvoyer aux travaux d'Annie Lacroix Riz qui en plus du sérieux de l'historienne en deviendrait presque avec cette actualité comme la trame d'un polard où ne manque qu'un Balzac pour peindre cette comédie inhumaine ; encore qu'un Pierre Lemaître avec son "couleurs de l'incendie" montre qu'il pourrait avec talent exploiter cette veine.