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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

ou le marteau pilon idéologique

des dominants 

raconté

à mes enfants et petits enfants

La morgue de classe

Canaille le Rouge ne sait si vous connaissez "Rétronews", (Retronews, c'est ici), le site est "le site de presse de la Bibliothèque nationale de France, donne accès librement et gratuitement à 1000 titres de presse publiés entre 1631 et 1950. S’ajoutant aux ressources présentes sur Gallica, RetroNews est à la fois un espace digital de consultation d’archives, un outil de recherche et un magazine pour tous donnant à découvrir l’histoire par les archives de presse" (sic). Il aborde l'histoire la petite et la grande au travers de la presse du moment de l'évènement. C'est très interressant.

Pour ce qui concerne la France, ils puisent leur documentation dans les immenses et riches fond du départ-ement Gallica de la BNF (Gallica c'est là)

Dans ces moments d'arrosage permanent du capital par l'argent public, il n'est pas inutile de prendre le temps de lire l'entretient (en 1892, on ne disait pas interview ) qu'E. Schneider II maitre de forge, maire du Creusot de 1871 à 1896 où il a pris la succession familliale après un très bref passage d'un maire socialiste* donne au Figaro (nommé sans rire "journal apolitique"), pour vanter -déjà- "l'association capital travail".

Ces proches de Thiers, piliers sidérurgiques des dynasties de baron du capital,  fournisseur d'armes pour toutes les guerres, dont l'interviewer, lequel un moment se hasardera vers le Boulangisme des années 1890 avec un mot d'ordre :  « l'ordre, la paix, la liberté »..

Sa morgue concernant la supériorité consdérée comme quasiment d'essence divine, son mépris envers les bras lui qui est la Tête qui pense et le paternalisme affiché qui masque la violence repressive mérite le détour.

Puisque les Rendez-vous de l'Histoire de Blois dans le cadre du thème "Gouverner" vont accueillir plusieurs anciens Premiers ministres et ministre Edouard Philippe, Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault, ainsi que François Hollande, pour parler de la loi et l'ordre dans l'Histoire, rappelons que ce "maire du Creusot " qui stigmatise (déjà) le marxisme est celui d'une ville qui, 20 ans avant l'entretient, a subit une violente répression patronale appuyée par l'armée.  

La morgue de classe

Pour en savoir un peu plus sur les Schneider et leurs pratiques : 

Aux élections de 1869, un candidat bourgeois mais libéral obtient 800 voix au Creusot alors qu’au scrutin de 1863, le maître de forges avait été élu à l’unanimité moins une voix. Pour se venger, Schneider père licencie 200 ouvriers soupçonnés d’avoir voté contre lui.

En décembre 1869, les ouvriers revendiquent la gérance de la caisse de secours. Schneider organise un référendum. Une forte majorité se prononce pour la gestion ouvrière. Le 17 janvier, les ouvriers élisent un ajusteur, Adolphe Assi, président d’un comité provisoire chargé de gérer la caisse. Le 19, Assi et ses deux assesseurs sont renvoyés. Aussitôt, les ouvriers se mettent en grève. Le 21 janvier, la direction décide un lock-out général (fermeture des usines) et le préfet fait venir 3 000 soldats au Creusot.

Eugène Schneider appelle à la reprise du travail, les ouvriers « trompés, selon ses termes, par quelques meneurs étrangers au Creusot ». Le 24 janvier, aussi rapidement qu’elle avait éclaté, la grève se termine. Ce n’est que partie remise. Dès le 21 mars, les 1 500 mineurs du bassin du Creusot se mettent en grève pour protester contre une baisse de leurs salaires. Ils avaient soutenu, sans y participer le mouvement des ouvriers de janvier. Ce manque de coordination est une faiblesse dont Schneider tire parti. Dès le 23, il reçoit le concours de trois régiments.

Les grévistes se rendent en cortège dans la localité voisine de Montchanin où ils font cesser le travail. Les soldats les poursuivent dans les bois et procèdent à quatorze arrestations. Le 24, un comité de grève est formé qui formule les revendications, Il est décapité par des arrestations et aussitôt reconstitué.

Benoît Malon, envoyé par l’Internationale, prend la direction du mouvement. Schneider repousse toutes les revendications. Ce refus brutal renforce la combativité des grévistes. Ils sont soutenus par l’action énergique des femmes qui incitent les quelques non-grévistes à cesser le travail. Les gendarmes en arrêtent une ; ses compagnes la délivrent. Elles récidivent le lendemain. Pour protester contre l’arrestation de trois d’entre elles, elles déposent leurs jeunes enfants devant les gendarmes en criant : « arrêtez nous et nourrissez-les ». Puis elles se massent devant le train qui emmenait les prisonnières à Autun pour y être jugées ; elles obtiennent leur libération.

Les grévistes tiennent grâce aux souscriptions qui arrivent de sections de l’Internationale de toute la France. La pression patronale et gouvernementale s’accentue. Assi doit se cacher. Eugène Varlin, de passage au Creusot, jette les bases d’une section de l’Internationale.

Le 25 avril, vingt-cinq grévistes comparaissent devant le tribunal correctionnel d’Autun qui prononce des peines de prison allant de trois ans à dix-huit mois. Une centaine de mineurs sont licenciés. Face à cette sévère répression, des mineurs, de plus en plus nombreux, reprennent le travail. Le comité appelle à cesser la grève.

Les grèves de février et mars 1870 n’ont pas abouti à la satisfaction des revendications mais elles auront une grande influence sur l’avenir du mouvement ouvrier dans toute la France. Au Creusot, elles auront des suites après la chute de l’Empire et au moment de la Commune de Paris

D'après Pierre Ponsot, Les grèves de 1870 et la Commune de 1871 au Creusot, Editions sociales, 1958

Le fils devenue maire en 1871 continuera de souffler le feu et jeter la glace en accompagnant le paternalisme patronal d'une capacité répressive  d'une extrême violence.

*****

LES MAIRES DU CREUSOT

- 1841 Adolphe Schneider Copropriétaire des forges du Creusot

- 1855 Alfred Deseilligny, Gendre d'eugène Schneider -

-1866 Eugène Schneider, Copropriétaire des forges du Creusot -

-1870 (24 septembre) : Jean-Baptiste Dumay Socialiste (nommé par le préfet)

- 1871 Henri Schneider, Copropriétaire des forges du Creusot

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