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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

La culture, c'est cela :

Publié le 18 Décembre 2020 par Canaille Lerouge in la culture et les idées, démocratie, Pandémie, Coup de gueule, En passant - juste un mot, Nouvelles du front, penser l'avenir, Theâtres, spectacle, scène

Ode au spectacle vivant,

à l'exigence culturelle, 

outil d'élévation de la pensée.

Par François Morel 

La culture, c'est cela :

Si des fois il devait être censuré,

Canaille le Rouge a recueilli le texte,

mais ne ratez la vidéo sous aucun prétexte.

billet de Fr Morel

J’aime aller me vêtir vers les huit heures du soir

En prince ou en mendiant devant un auditoire. 

J’aime prendre l’habit de Tartuffe ou d’Alceste

De Ruy Blas ou d’Ubu. Je suis un palimpseste

Sur lequel sont inscrits des rôles qui s’effacent,

Dont il reste des bouts avec le temps qui passe.

J’aime aller me changer pour être un personnage

Devenir quelqu’un d’autre et vivre davantage.

J’aime aller m’affubler du nez de Cyrano,

Passer une rhingrave, une cape, un manteau.

Enfiler un costume et changer d’apparence,

Ça a moins d’intérêt en visioconférence.

Parce qu’en ce moment triste est mon quotidien

Si je ne peux pas jouer, je ne sers plus à rien

Alors que mon beau-frère et ça c’est pas logique

Il peut servir la messe en habits liturgiques.

Dans sa petite paroisse, il absout les péchés

En chasuble, en soutane, j’aurais dû faire curé !

Chacun a ses usages, chacun a ses rituels,

J’ai des défauts, c’est sûr, mais je suis très ponctuel :

A l’heure où l’employé a fini son service,

Jouissant de son foyer, moi je suis en coulisses.

Je récite mon texte une dernière fois,

Je mets du fond de teint et j’exerce ma voix,

Je salue des amis régisseurs, comédiens,

Valets de comédies, barbons ou musiciens,

Comiques, tragédiens, vedettes, figurants,

Tous en déséquilibre au bord du firmament .

Et j’attends le moment  avec espoir et crainte 

Où la salle d’un coup sera enfin éteinte.

Et moi qui, dans la vie, suis un type banal,

Je soulève un public de façon colossale !

Mais depuis trop longtemps me voilà empêché

D’exercer mon art ou juste mon métier

Surtout qu’après souvent le spectacle fini

On boit quelques godets, enfin on se finit

Alors que mon cousin, le salaud, l’animal

Grâce à un rituel d’ordre pontifical

Au sein de sa paroisse et ça me désespère

Écluse les burettes, j’aurais du faire vicaire !

On ouvre les mosquées, les temples, les églises,

Les synagogues aussi, il faut que je te dise

Les théâtres, vois-tu, comme des sanctuaires

Réunissent parfois  des volontés contraires.

Certains croient dans le ciel et d’autres n’y croient pas

On ne demande rien et chacun fait son choix.

Note bien que tous ceux qui en Dieu ne croient pas

Recherchent des réponses, rêvent d’un au-delà.

A l’orchestre, au balcon, assis dans leurs fauteuils,

Sans se mettre à genoux, ils prient et se recueillent.

Car vois-tu, un théâtre est un geste barrière

Contre les fanatiques et tous les  mortifères.

Le théâtre combat les superstitions.

Un théâtre fermé est une aberration.

Je ne peux pas jouer et j’en suis malheureux,

J’ai besoin de la scène éclairée de ses feux.

J’ai besoin du public et de l’entendre rire,

Et le sentir ému et pleurer et frémir

Alors que mon papa, qu’est pas un méchant mec,

Rassemble ses fidèles, j’aurais dû faire évêque !

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