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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Pillage, dividendes, et pompes à fric

Publié le 25 Mars 2008 par canaille le rouge in polémique



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Un article d'Ouest France du 24 mars, donne matière à poursuivre la discussion engagée sur le bilan comptable 2007 de la SNCF et le versement d'un dividende à l'Etat :

"Les rails sont un peu comme le bitume des autoroutes. Ils donnent matière à perception de taxes. Et la SNCF, qui ne peut s'en passer pour faire rouler ses trains, doit payer une redevance à Réseau ferré de France (RFF), propriétaire et gestionnaire des rails. Ces péages représentent environ 30 % du prix des billets.

D'après le Journal du dimanche, la SNCF prévoit une hausse de 80 % de ces taxes d'ici à 2015. La facture de RFF passerait alors de 1,1 milliard d'euros en 2007 à 2 milliards en 2015."
Pourquoi une telle hausse ? Deux bonnes raisons poussent RFF à augmenter ses taxes : la dette de 27 milliards d'euros héritée, en 1997, quand il est devenu gestionnaire du réseau ferré, et les dépenses prévues dans les années à venir.
"

Au moment ou la question des TER et la mise en chantier du prolongement jusqu'à Rennes puis Brest et Quimper est dans le débat politique en Bretagne, normal que le quotidien soit vigilant.

Vigilant mais idéologiquement très consensuel : l'article est en trompe l'œil. Un deuxième volet, non dit mais programmé, arrivera rapidement pour rassurer le quidam : "il existe un moyen de limiter cette hausse obligatoire des péages : c'est d'ouvrir plus le rail à la concurrence, les nouveaux arrivants paieront leur part et donc cela va diminuer celle des voyageurs (qui là, pour une fois, seront caressés dans le sens de l'usager et ne seront plus client)" CQFD.

La seconde partie de l'article permet de dénoncer de nouveau une double mystification d'état quand elle affirme : "Elles (les hausses-ndCLR) concernent la construction de deux mille kilomètres de lignes à grande vitesse, promis par Nicolas Sarkozy dans le cadre du Grenelle de l'environnement. RFF doit aussi prévoir de rénover un réseau ferroviaire vieillissant. L'ensemble de tous ces chantiers est évalué à 30 milliards d'euros". :

Tous les chantres de l'UE (ceux qoui ont validés ou on laissé passer la forfaiture de Versailles) oublient avec application de rappeler que la directive 91/440  qui justifie tout les mauvais coups impose aux états membres d'assurer le désendettement de leur système ferroviaire (voir texte Bloc-notes, rubrique "parlons-en" texte trains privés et suivant) 

Donc la totalité des chantiers ferroviaires de Sarkozy (décidés sans concertation ni réunion du haut conseil du service public ferroviaire qui pourtant n'est ni une arlésienne ni une hausse du pouvoir d'achat du président mais une réalité institutionnelle), chantiers mis à disposition de tous le pays pour le transport des personnes comme celui des marchandises, finalement, aurait un coût qui ne serait égal qu'à deux ans du bouclier fiscal  financé par Fa# avec, lui, de l'argent public ?

Une façon comme une autre de montrer que l'argent existe mais qu'il est utilisé autrement (la lutte de classe n'est pas une chimère, à Neuilly, et dans le 16ème ils en sont convaincus et la mènent.) Pour utiliser une autre unité de mesure révélée dans la période, le montant total de tous ces chantiers est égal au 2/3 de la perte réelle de la Société Générale (épongée en 8 jours) soit 6 Boutons, (un Bouton étant égal à une unité Kerviel consolidée soit 5MM€).

Le quotidien régional précisant :"Avec des caisses vides, l'État aura bien du mal à participer aux dépenses. Tout comme les Régions qui mettent déjà largement la main au portefeuille en finançant les TER (trains express régionaux). Il reste les compagnies ferroviaires". Notez l'arrivée du pluriel (ndCLR) et son usage : quand ça va mal c'est à cause des cheminots, quand il y a débat c'est la SNCF et l'issue, ce sont les compagnies ferroviaires.  

Plus loin, le rédacteur avance : "Avec son milliard de profits en 2007 et le retour aux bénéfices depuis quelques années, la SNCF a, apparemment, les moyens de faire face." Sauf que notre honorable journaliste ne dit mot de la provenance de ces bénéfices exclusivement le trafic voyageur avec entre autres les financements régionaux qui y sont adossés.

L'arrivée soudaine de cette disponibilité budgétaire est le fruit du détournement comptable et politique du travail des cheminots par l'ancienne présidente. Cela n'a pu être arrêté en dehors de son successeur et de sa complicité politique et comptable active. Tout montre comment les services publics, dans la logique ultra libérale, pour la part non encore rapidement  privatisable, vont être soumis aux pressions financières et au désengagement de l'état pour permettre au capital d'accéder aux infrastructures sans avoir à en payer réellement le coût supporté massivement par la collectivité publique.

Ouest-France de conclure ce qui est annoncé plus haut : "Mais, avec un parc de TGV vieillissant, la Société nationale a d'autres ambitions. RFF mise sur l'ouverture prochaine de la concurrence sur le réseau ferré pour faire passer la pilule. De toute façon, les usagers ne seront pas épargnés".

Histoire de boucler la boucle, rappelons que les plans du TGV (un système technologique où la fiabilité est liée intrinsèquement au mobile (rame et sa motorisation) et l'infrastructure (contrôle de sécurité permanent et alimentation en énergie)  mis au point par les études et recherches de la SNCF ont été passés à Alsthom lors de sa nationalisation de 81-82. Rappelons que les techniciens de la SNCF ont continué les travaux d'études et qu'Alsthom lors de la privatisation a gardé les plans et leurs développements. Après la spoliation sur l'estimation de la valeur des infra, il fallait aussi rappeler comment le matériel ferroviaire a été bradé au capital qui maintenant facture à l'entreprise publique les technologies qu'elle lui a pillées.aluminothermie-cheminot.jpg

Reste donc une question que tous les acteurs politiques et sociaux ayant une conception progressiste de l'activité vont devoir un jour mettre en débat : quelles réappropriations collectives et sous quelles formes pour que cesse le pillage de la recherche publique et  que le service public et ses outils et infrastructures soient sortis des pattes de la rentabilité financière et du capital. Quelle maitrise financière, industrielle? Quelles politiques de recherche ? Quel projet politique mettre en débat ?






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