3400 €. Retenez bien ce montant

C'est environ les ¾ d'un mois d'emplois ferry-fictif du philo-grenouilleur.

Tournez le, pesez le. Oui, c'est plusieurs SMIC.

Mettez le de côté avec ce qui va suivre.

Samedi midi, jour de la semaine où La Canaille jette un œil sur le JT de France 2 puisque outre l'absence gratifiante de Pujadas, c'est surtout le moment où il est possible de regarder "Mon œil" chronique dont la fausse naïveté fait ballon d'oxygène en décryptant des banalités de l'actualité qui devrait faire passer de l'indignation à la colère et se précipiter dans la rue le citoyen moyen.

Ce jour, fin de cette chronique encore une fois avec les limites d'une approche de journaliste qui me fait tout de même jubiler et derrière, enchaine un de ces reportages qui souvent me font serrer les poings par leurs appels à la compassion, au porte monnaie à partir de besoin, eux aussi indéniables que jamais comblés, de solidarité (Pour l'appel, ce sera d'ailleurs le cas).

Et là, nous découvrons une équipe médicale qui part à Dakar opérer à cœur ouvert des gosses qui s'il vivaient en France ou dans un pays où les luttes ont permis un équipement hospitalier équivalent, ces gamins aurait été opéré et guéri sans problème et sans attendre comme ici où a cause d'un retard de plusieurs années lié au sous équipement dû au pillage colonial, sans opération urgente ils mourront.

Ce sont des équipes pédiatriques, sur leurs repos RTT et congés qui organisent et en profitent pour faire bénévolement les formations que la coopération officielle devrait réaliser.

Passons sur la dimension technique, médicale humanitaire pour aller à ce qui est anecdotique dans le reportage mais ici catalyseur de la colère de La Canaille, allons à l'essentiel.

Dans les conditions d'aides humanitaire de ce type, le prix de reviens d'une opération pour sauver un gosse, c'est ces 3400€.

Plutôt que de dire que coût de la "fantaisie" de l'airbus de Fa# est équivalent au frais d'intervention pour 52941 gamins à sauver (ce qui déjà donne une échelle qui glace le dos), l'actualité nous apprend que la même semaine la France a engagé une nouvelle série de bombardements sur la Libye, "frappe chirurgicale" disent-ils qui tue aussi des gosses.

Sur le marché de la mort, les coûts sont tellement établis qu'on les trouve sur internet:

A partir de ces chiffres, une évaluation faite à la louche, par nature très minimaliste (pas de coût de la logistique d'un porte avions, rien sur le nombre de missile expédiés etc., mais cela nous donne cette première approche :

-Porte-avion Charles de Gaulle : 50 000 euros/heure depuis sont départ de Toulon nous sommes donc devant l'équivalent de 350 gosses jours (il est parti depuis plus d'un mois) et combien en termes d'équivalent vies sauves pour l'escadre d'accompagnement ?

-Rafale : 13 000 euros/heure à 4h00 de la mission 15 gosses par jours et par avion (combien d'unités d'engagées)

-Mirage : 11 000 euros/heure à 4h00 de la mission 12gosses par jours et par avion (combien d'unités d'engagées)

-Missile tomahawk : 650 000 euros/unité, 190 gamins l'unité (combien d'équivalent lancés)

-Missile scalp : 770 000 euros/unité 225 gosses opérés l'unité (combien d'équivalent lancés)

-Missile AASM : 250 000 euros/unité 70 gamins qui joueront au ballon ou à la marelle par missile (combien d'équivalents lancés sur les peuples)

-Dernière technologie mise en œuvre, les hélicoptères tigre : un NH90 avoisine les 7 000 euros de l'heure soit 2 gamins à l'heure. (Combien d'unités d'engagées)

Rien qu'avec ce décompte en termes de base d'unité de capacité de destruction ne cela 865 gamins opérables par jour. L'Otan et à sa tête la France et la Grande- Bretagne bombarde depuis bientôt trois mois . 75 jours d'intervention qui conduisent sur la base de cette sinistre arithmétique donne plus de 65000 vie de gamin sur la surface de la planète qui aurait pu être sauvée.

Pour mesurer les besoins :  

Entre Mali et Sénégal, l'équipe chirurgicale estimait qu'au total 2000 enfants (oui deux milles) étaient à soigner et seraient définitivement guéris de leur malformation cardiaque.

Dans le reportage sur le premier contingent retenu par critère d'urgence pour être opéré, les premiers parce que déjà limite trop tard, l'un d'eux rêvait de jouer au foot. L'opération surviendra trop tard, il ne se réveillera pas.

Pièce jaune ici, solidarité charité pour là bas, mais avec les budgets d'ici on étrangle la santé ici et on l'interdit là bas. Pire, au nom de la France qui n'a pas eu son mot à dire ceux qui disposent des leviers déchainent les machines à tuer en interdisant de donner les moyens aux machines à soigner. Et cela ne transpirait pas dans le reportage.

Ce ne serait pas si grave on pourrait presque faire de l'humour grinçant : appeler à financer le détail des moyens de morts ci-dessus avec un CCP de collecte et garder l'argent public pour les tâches de l'humanité.

La question est surtout de retirer les leviers des mains de ceux qui les utilisent pour garder à tout prix les serres et jardin à profits. 

Cela rend d'autant plus méprisable les grenouillages d'appareil pour des enjeux tellement politicien qu'ils en oublient jusqu'à appeler à résister au nom des valeurs dont ils se prétendent héritiers.

Ils n'ont pas de sang sur les mains. Mais ne bousculent pas pour empêcher qu'il ne coule.