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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

A propos de la "Rafle"

Publié le 10 Mars 2010 par canaille le rouge in Mémoire et Histoire

A propos de la "Rafle"

La Canaille voulait prendre un peu de temps pour mêler son grain de sel non sur le film lui même mais sur la riche soirée que Fr2 a consacré à sa sortie.

L'ami jean ayant avec talent et efficacité dit l'essentiel de ce que j'aurai avancé, pas le peine de plagier ni de fouiller à la marge pour faire original mais pas forcément mieux.

 Pour ceux qui voudraient explorer un peu plus la période, deux ouvrage de l'amis Jean : "le dossier Albertini" et "de la République à l'état français , 1930-1940, les chemins de Vichy"(les deux chez l'Haramatan ou en passant par son Blog : http://canempechepasnicolas.over-blog.com/)


http://www.ushmm.org/lcmedia/photo/lc/image/78/78893.jpg 

Beaune la Rolande, l'arrivée au camp
 

Voila le texte de Jean LEVY :
 

 

Hier, 9 mars, Antenne 2 consacrait sa soirée à l’évocation de la rafle de la population d’origine juive, française et immigrée, rassemblée au Vel’d’Hiv,  le 16 juillet 1942, avant de prendre le chemin des camps de la mort.

A l’occasion de la sortie en salles du film, « La rafle », sensé rappeler ce tragique évènement, étaient réunis autour de la réalisatrice et de ses acteurs principaux, de rares survivants, ainsi que des historiens. Leurs paroles, entrecoupées de séquences du film, devaient permettre aux générations d’aujourd’hui, d’apprendre ou de se remémorer une page sombre de notre histoire.

L’objectif a-t-il été atteint ?

Certes, l’horreur, générée par cet acte barbare, était bien au rendez-vous. De même qu’apparaissait la responsabilité des autorités politiques, du maréchal Pétain à Pierre Laval, de René Bousquet, le chef de la police de Vichy aux collaborateurs antisémites de l’Occupant.

Mais comment un État, dit « français » en est –il venu à prêter la main à de tels actes ?

La question fut posée sur l’antisémitisme et la xénophobie, en France, avant la guerre. La réponse fut incomplète, citant des vecteurs de cette idéologie-là, réduisant leur audience à une minorité d’exaltés.

Il faut donc rétablir un certain nombre de faits.

Oui, il y avait, dans notre pays, un courant très large d’hostilité aux étrangers, qualifiés « d’indésirables », jusqu’au niveau du pouvoir de l’époque. Il en est toujours ainsi, en période de crise économique : les classes dirigeantes, les patrons en premier lieu, font des immigrés le bouc émissaire du chômage. Dès le début des années trente, les gouvernements, y compris de « gauche », parlaient ‘quota’ et la grande presse de l’époque ne manquait pas de faire chorus.

Avec la prise du pouvoir d'Hitler en Allemagne, à l’appel du grand capital, du fait de la profonde crise plombant le pays, et la généralisation de régimes fascistes en Europe, nombre de réfugiés politiques arrivent en France. Et parmi eux, beaucoup sont d’origine juive, et, de ce fait, doublement persécutés et terrorisés.

Cette vague d’immigration est alors stigmatisée par une violente propagande xénophobe, antisémite et anticommuniste, relayée par la presse d’extrême droite, largement diffusée*, mais aussi par les journaux à grand tirage, quotidiens et hebdomadaires, qui se faisaient l’écho des « horreurs » commises par « la tourbe étrangère » sur notre sol.

Il n’y avait donc pas seulement les émules du fascisme à répandre quotidiennement la haine des « étrangers » et des Français, les communistes pour la plus part – les « Rouges » -  qui s’en trouvaient solidaires.

 

C’est ainsi que dès 1938, le gouvernement Daladier (issu pourtant de la majorité de Front populaire élue en 1936), développe une violente offensive antisociale et prend des décrets-lois instituant les premiers camps de concentration en France. Ouverts dès janvier 1939, neuf mois avant la guerre, ces camps regroupèrent les fameux « étrangers indésirables », avant « d’accueillir » les Républicains espagnols, défaits par les forces de Franco, largement appuyées par les troupes de Mussolini et d'Hitler.

Dès fin août 1939, à la veille de la guerre, la répression politique du gouvernement Daladier, soutenue par la droite, mais aussi par les socialistes de la SFIO, s’en prend aux communistes, dont le parti est dissous, la presse interdite et ses élus mis en prison. Ils le resteront avec le régime de Vichy

Et l’occupant nazi y trouvera nombre d’otages, qui seront fusillés.

 

Ainsi, il n’y a pas eu de rupture entre la Troisième République et l’État français.

Ce sont les « élites », dites  « républicaines » qui sont passées naturellement de l’une à l’autre, les élus « du peuple » votant massivement le 10 juillet 40, à Vichy, la mort de la République.

L’historienne, Annie Lacroix Riz, montre clairement dans ses ouvrages la trahison de la bourgeoisie, banquiers et industriels, qui ont, tout au long des années trente, « joué» délibérément la défaite, pour organiser la collaboration économique de la France au sein d’une Europe allemande.

Et pour qui, Vichy et l’État français en sont l’aboutissement.

C’est ce qui explique le rôle d’un Bousquet, haut fonctionnaire de la République, mettant sans état d’âme, la police au service des nazis, l’attitude des juges et des hauts fonctionnaires, qui jureront, dans leur grande masse, fidélité à Pétain.

Quant aux industriels et aux banquiers, dont beaucoup d’entre eux accéderont aux plus hautes marches du pouvoir, ils se retrouveront dans les « comités d’organisation » européens aux côtés de leurs homologues d’outre Rhin.

C’est dans ce cadre qu’il faut replacer la « rafle du Vel’d’Hiv », le « statut des Juifs », la collaboration entre polices française et allemande.

Il a fallu Stalingrad et les victoires de l’Armée rouge pour que tout ce beau monde apeuré change de camp et de protecteurs étrangers. La bannière étoilée remplace alors la croix gammée**

 

Certains aujourd’hui posent la question : pourquoi tant de « représentants de l’autorité », du haut au bas de l’échelle,  ont-ils accepté de se faire les auxiliaires de la barbarie ?

Pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui, ils traquent les « sans-papiers », ils harcèlent les jeunes des « quartiers », ils se croient tout permis dans les contrôles d’identité : ils représentent la loi du moment.

Alors devrait venir l’interrogation : « Qui t’a fait « loi ? »

En allant voir « la Rafle », n’y a-t-il pas lieu, aujourd’hui, de s’interroger ?

 

Tirage de la presse xénophobe et antisémite en 1939 :

QUOTIDIENS /

  • L’Action française, royaliste                                                    45.000
  • La Croix, catholique                                                                140.000
  • Le Jour,   extrême- droite                                                       183.000
  • Le Matin,  dit d’informations                                                  312.000
  • Le Petit Journal (du colonel de la Rocque)                              178.000

D’autres quotidiens dits « d’informations » relayeront les mêmes thèmes xénophobes, tel Le Petit Parisien (plus d’un million d’exemplaires)

HEBDOMADAIRES d’extrême droite :

            Candide                                                                                       340.000

            Gringoire                                                                                     580.000

            Je suis partout                                                                             45.000

Tous ce journaux paraîtront sous l’Occupation, soit à Vichy, soit à Paris

 

** Marcel DEAT, un des leaders de la collaboration, écrira dans ses Carnets, parlant des « gens de la banque Worms », très présents dans le gouvernement de l’amiral Darlan (1941-1942) :

« Ils sont aussi collaborationnistes que nous, mais, eux, n’ont pas mis leurs œufs dans le même panier », faisant ainsi allusion aux intérêts de la banque aux États-Unis.


http://4.bp.blogspot.com/_ClYcSaPsLm4/Si_NtC0Or6I/AAAAAAAADHA/j2xwqtisVNk/s400/Gend.jpg 

sans légende

Grain de sel de la Canaille (qui décidément ne se refera pas) : 

En guise de conclusion toute provisoire, à la lumière du débat, il faut que ce film ait le succès permettant qu'il ne soit pas mis aux oubliettes. Comme lors de la sortie du "Chagrin et la pitié"
d'Ophüls,  les spectateurs  ont un rôle militant décisif à jouer pour cela.

Il vient en point d'orgue au thème 2009 du Concours National de la Résistance et de la Déportation, le débat d'hier soir pour cela a vertu pédagogique. 


Il faut montrer ce film (et mieux, accompagner du débat) aux générations à qui cette honteuse part de l'histoire et ses responsables ont été occulté. Il faut aussi y aller, avec elles, pour débattre et enrichir le propos dans l'esprit des question posées par J. Levy sur la nature majoritairement  de classe de l'antisémitisme en France, sur les racines communes anti progressistes, anti communistes, anti laïques du nazisme de tous les fascismes dont le vichysme français jumeau du nazisme.

Aller le voir en groupes en ligues en processions pour éclairer le cheminement qui conduit de l'ouverture des premiers camps en 1934 en Allemagne pour interner et tuer communistes et démocrates, à la nuit de cristal en 38, à la conférence de
Wansée qui planifie le génocide.

Donner à connaître que conjointement, à partir de 1938 le gouvernement de la République ouvre ces dizaines de camps en France, appelés d'internement ET de concentration dont l'Etat français élargira le peuplement aux femmes et aux enfants. 

C'est d'autant plus urgent que d'ici trois ans les manuscrit de "Mein Kampf" vont sortir de l'interdiction d'édition que la loi que la RFA à promulgué dès l'après guerre et que les révisionnistes et négationnistes de toutes espèces vont cherche sinon une réhabilitation des monstres mais une torsion pour banaliser les crimes imprescriptibles.

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C
<br /> Il faut lire aussi pour comprendre ce qui s'est passé en Allemagne le recueil d'articles de Klaus Mann " Contre la barbarie". Dès 33 il comprend tout, à la différence de S. Zweig. Il parle aussi de<br /> son exil en France.<br /> Une critique du livre :<br /> http://www.magazine-litteraire.com/content/critiques/article.html?id=12856<br /> <br /> <br /> <br /> <br />