Avec beaucoup d'à propos l'Institut d'histoire sociale de la CGT vient de faire paraitre un petit opuscule intitulé LUCIDES, acronyme de :
Lexique
Usuel
Critique de l'
Idéologie
Dominante
Economique et
Sociale…
Travail sur le fond et la forme autour des mots qui portent les débats d'idées, l'affrontement idéologique au cœur des batailles sociales et revendicatives.
Exercices de style ? Hélas non. La vie au quotidien montre l'urgence de sa lecture et le besoin de le tenir à jour :
Charges sociales qui ne sont que du salaire détourné à partenaires sociaux qui sont de fait adversaires, pragmatisme qui n'est qu'acceptation de l'idée dominante à
fin de l'histoire, d'Adaptation à Valeur travail, 123 pages d'explorations du champ des idées.
Ce livre devrait être dans la musette de chaque militant syndical et politique engagé dans les réponses aux besoins sociaux et leur garantie durable.
Chaque militant, quelle soit par ailleurs ses responsabilités.
Pourquoi cette précision ?
Le congrès de la CGT s'ouvre ce lundi et comme à l'accoutumée la presse tout média confondu recherche des éléments plus ou moins croustillants et enregistre toutes
les déclarations. Des délégués de bases, souvent pour meubler aux dirigeants plus ou moins connus pour enfoncer des coins. Et les mots sont importants.
Il ne s'agit pas ici de redire les inquiétudes traversées par des colères que les orientations proposées suscitent parmi de nombreux militants. Je crains que les
règles statutaires de mandatement au congrès ne reflètent que très mal la réalité exacte du niveau de mécontentement concernant les objectifs revendicatifs, leur orientation et l'engagement des
directions pour parvenir à leur réalisation. C'est le débat du congrès, plus que très mal préparé à mon avis.
Par contre et là c'est de l'immédiat, l'interview de Bernard Thibault dans le Figaro du 06 décembre, à propos de la syndicalisation, nous plonge au cœur des
préoccupations de la brochure en question.
Citons :
"La trouille reste le principal obstacle à un salarié qui songe à se syndiquer ! On ne reproche jamais à un médecin, un
avocat ou une entreprise d'adhérer à un syndicat, mais on ne l'admet pas d'un salarié. La discrimination syndicale est un frein objectif".(B.T.)
Pas d'accord. La trouille n'est pas la cause. Ce positionnement déplace sur la victime la responsabilité première.
Elle n'est que la conséquence.
Un avocat, un médecin, une entreprise (comme si celle-ci, hors de ses salariés, était une entité homogène exempt d'antagonismes dont celui qui conduit à réprimer
les salariés) n'a pas un "DRH" au dessus de sa tête avec à la clef l'ANPE si, tel un quelconque salarié, elle la ramène de trop.
L'entreprise, au dessus de sa tête, a les détenteurs de son capital qui exigent rémunération et donc exploitation maximale quitte à suicider ses personnels pour y arriver. Alors oui, "
La discrimination syndicale est un frein objectif", mais c'est ailleurs qu'il faut en chercher la cause.
Surtout quand on s'exprime dans le Figaro. C'est pour la CGT si rare d'y être accueilli. Ne pas manquer en ce lieu de rappeler l'essentiel : La cause première de la
non syndicalisation, c'est la traque des militants dans les boites, la répression frontale (silence ou la porte) ou larvée (pression sur les salaires et les conditions de
travail).
Plus sur le fond des mots : la formule induirait que ne pas se syndiquer serait un manque de courage et que les salariés qui peuvent s'organiser le pourrait-il
parce que moins trouillards ? N'est-ce pas plutôt parce que leurs garanties sociales sont meilleures grâce aux luttes qui ont arraché des acquis statutaires en cour de remise en cause? Y
aurait-il un gène circonscrit à la condition salariale, non répertorié par l'INSERM, qui pousserait à s'organiser et son absence induirait cette "trouille" ?
Cela montre une lacune qui devient abyssale dans le mouvement syndical. Un révélateur des faiblesses de la réflexion collective et son corolaire la formation des
militants : On ne trouve pas seul la bonne réponse ou les bonnes solutions. Le travail individuel doit alimenter la réflexion collective c'est d'ailleurs un des piliers du syndicalisme.Hors de
cla on dérape, cela vaut à tout niveau de responsabilité.
C'est pour empêcher ce travail collectif que le capital fragmente, morcelle et tronçonne dès qu'il le peut toute base d'organisation.
Trouillards les militant de la métallurgie, de la chimie, de l'agro ou du commerce, trouillards les salariés de Veolia (arrière cour de Proglio, le
débatteur attitré en CDI avec des dirigeants de la CGT depuis des années à la fête de l'Huma) ou ceux de Kéolis (part privatisée du groupe SNCF) ? Trouillards les salariés de FT ou de l'APHP
?
Cette petite phrase est révélatrice : Impasse sur les stratégies patronales de répression et fragmentation du corps social des salariés, des complicités politiques
et institutionnelles, non appréhension des raisons profondes des délocalisations : ce n'est pas parce que la main d'œuvre est moins chers ailleurs qu'ils délocalisent, c'est parce
qu'idéologiquement ou plus souvent encore de façon répressive la force de travail est contrainte et ne peut se défendre, et donc est moins cher.
Cessez de regarder le doigt qui montre la lune, regardez la lune, camarade de la direction confédérale!!
La casse des grands centres industriels après 68, là ou le rassemblement imposait des reculs au capital, le démantèlement des grandes unités de production des
services publics pour casser les statuts et privatiser procèdent de cette logique.Le nombre de salarié parmi les actif ne cesse de croitre. ils sont opérateurs de transport, de gestion, de
production ils ne sont plus appelés ouvriers mais produisent plus(+) de plus-value parce que plus(+) exploités.
Sont-ce les lois de privatisation ou le manque de courage des syndiqués qui ont conduit FT à cette situation homicide ?
Est-ce la "trouille" ou les lois votés par le parlement qui ont privatisé Renault ?
LUCIDE ? Oui, lucide. Lisez faites lire et enrichissez de votre réflexion cette brochure qui se révèle indispensable.
07 12 2009