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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Divorce en bon terme

Publié le 12 Décembre 2011 par canaille le rouge in la culture et les idées

http://www.republicain-lorrain.fr/fr/images/171FD7E8-10FC-45C9-A8C7-8477C9FF3F91/LRL_03/l-apero-thionvillois-premier-a-trinquer.jpg

Dédié à tous les agrafeurs de Kipas, les imposeurs de foulards, les cathodiques intégristes et ultra catholiques d'écrans, aux prophètes de boulevard , à tous les staliniens du Livre. :

Pédagogue et écrivain fribourgeois, Michel Bavaud lance un pavé dans le bénitier. Engagé depuis des décennies dans l’Eglise catholique, il raconte comment il est devenu athée dans un livre où il règle ses comptes avec Rome et la religion. Sa démarche se veut un «coming out» personnel davantage qu’un acte militant, assure-t-il, dans sa cuisine de Treyvaux (FR) où trône encore, tout de même, un crucifix. Dialogue avec un «Indigné» de la foi.

Vous écrivez qu’il eût été plus raisonnable de quitter la foi «sur la pointe des pieds comme tant d’autres». Pourquoi ne pas l’avoir fait?

- Ne pas dire que je suis devenu athée serait un mensonge et une lâcheté. Beaucoup de gens sont venus au fil des années me demander des conseils spirituels. Il y a des religieux parmi mes amis. Ce serait malhonnête de ne pas dire ce que je pense vraiment. On peut faire la comparaison avec un homosexuel qui sent le besoin d’affirmer ses préférences.

Un besoin de confession?
- Tout à fait. J’écrivais en l’an 2000 dans mon Epître au Romain que, malgré mes colères contre Rome et mes déceptions, je restais dans l’Eglise. Ayant écrit cela, je dois aujourd’hui être honnête en disant que ça a changé. Depuis que je suis à la retraite, j’ai le temps de réfléchir. La réponse aux questions que je me suis toujours posées est venue progressivement, comme une conviction. Je me suis en quelque sorte converti à l’athéisme.

Peut-on dire de manière banale que vous n’allez plus à la messe, voilà tout?

- Ah non, je vais encore à la messe! C’est une habitude, un moment de réflexion, de poésie. Il y a de beaux vitraux, un chœur qui chante pas mal, une atmosphère. Mais je n’écoute plus les sermons grâce à mon excellente surdité. (Rires.) J’ai encore des crucifix chez moi, ce serait ridicule de les ôter maintenant.

Mais alors pourquoi critiquez-vous l’Eglise si férocement?
- Je rejette le Vatican, c’est vrai, l’infaillibilité papale, l’obéissance aveugle à une Eglise qui condamne, qui excommunie. Je ne supporte plus d’être manœuvré par cette autorité-là, qui pinaille sur des détails. Le Concile Vatican II avait été un grand espoir, le début d’un dégel fantastique, et puis l’Eglise est revenue en arrière sur tout. Benoît XVI serait parfait en gardien de musée.

Plaideriez-vous pour le protestantisme?
- Non, le premier problème, c’est les Ecritures. Nous devrions reconnaître que la Bible, comme le Coran d’ailleurs, ce n’est pas la parole de Dieu, mais celle des hommes. Peut-être étaient-ils inspirés, mais si vous écrivez une lettre d’amour vous le serez aussi. Bien sûr qu’il y a de jolies histoires là-dedans, comme Jonas et sa baleine. Cela vaut Ali Baba et les quarante voleurs, mais ni plus ni moins. La Bible ne tient pas debout. Il est temps d’enlever sa majuscule au mot Ecritures. Et je ne conçois pas la théologie comme autre chose que la libération des injustices, comme un engagement social. La prière est inutile pour améliorer le monde, pour vêtir les pauvres ou pour guérir les malades.

Vous accusez carrément Dieu d’être un horloger malfaisant!
- Je rejette l’existence du Dieu de la Bible, sinon ce serait un Dieu abominable. Il aurait commis le pire génocide de l’Histoire en faisant le déluge. La semaine dernière, nous avons incinéré ma petite fille, qui avait 6 mois. De la voir au CHUV avec ces appareils, c’était insupportable. Le Dieu d’amour n’existe pas. On peut toujours me raconter que le mal est dans le monde pour permettre la liberté de l’homme, mais c’est inadmissible. Dieu serait alors vicieux. La Bible nous dit que Jésus faisait des miracles, alors pourquoi Dieu ne bouge-t-il jamais le petit doigt? Où sont les miracles? J’aimerais voir des pèlerins sans jambe revenir de Lourdes en marchant.

Reconnaître que vous ne croyez plus a-t-il été douloureux?

- Oui, j’avais reçu Dieu en héritage dans mon éducation. Et c’est douloureux de savoir que ce Père infiniment bon n’est pas là. Cela vous laisse orphelin. Et puis je sais que je vais scandaliser beaucoup de gens que j’aime et que je continue à aimer, j’ai peur de les blesser. Depuis que La Liberté a consacré un article à mon livre, je reçois des courriers très durs à la maison, souvent anonymes. Et les lecteurs du journal ne m’épargnent pas. Les gens me traitent de renégat, d’infidèle.

N’avez-vous pas gagné des amis dans le camp des athées?
- Je crains d’être rejeté par les deux bords. De la part des croyants, mais aussi de la part des athées parce que je ne suis pas un de ces militants qui veulent tout casser. Moi, je me sens plus proche de l’athéisme tranquille d’un André Comte-Sponville que de celui d’un Michel Onfray. Je continue à rêver avec une forte religiosité. C’est pour innocenter Dieu que je le nie, ce Dieu que j’ai essayé de servir de mon mieux et qui m’est devenu odieux. Mais si je me suis trompé, si Dieu existe, alors qu’il m’accueille à bras ouverts après ma mort…

Mais vous continuez d’invoquer le Dieu que vous niez!
On reste attaché aux choses qu’on a aimées… Je quitte Dieu en bons termes, on pourrait dire que c’est un divorce à l’amiable.

Camarade, bienvenue au club des Amis de "Mon oncle Benjamin". Pour le reste c'est une affaire de débat... autour d'un verre de vin qui n'est ni obligé ni interdit qu'il soit de messe ; c'est qu'ils en ont du bon les bougres.

* Dieu, ce beau mirage. Michel Bavaud. Ed. de L’aire, 2011.

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