Depuis lundi matin, c'est assourdissant.
L'enseignement du 1er tour des régionales serait le retour du FN
Sans chef visible, l'orchestre joue à l'unisson cette partition tonitruante.
Silence sur les bulletins blancs ou nuls en nombre comme en pourcentage, silence sur les urnes à plus
de moitié vide.
Sur la partition, fugue et contrepoint d'un hochet nommé FN qui en mode mineur ou majeur selon les
pupitres, sans explication ni regard plus acéré, maquille la réalité des chiffres.
Un objectif: nous refaire un remake de la présidentielle de 2002 pour accélérer la bipolarisation des
élections, avec cette formidable opportunité de marquer le tempo durablement tant la volonté du PCF de ne plus apparaitre "es qualité" facilite le travail à la
droite et à la social-démocratie.
Le but des Majors à la console d'enregistrement du concert: préparer un second tour en 2012 entre la BCE et le FMI. Pardon, entre Sarkozy et DSK, pour ensuite… regardez ce qu'ils
tentent ensemble d'imposer en Grèce.
Coup de ce premier soleil de mars qui cause des dégâts collatéraux aux méninges ? Non, ce ne sont que les faits.
Ces petites manœuvres n'ont qu'un but : tout faire pour ne pas parler des abstentionnistes et ceux qui ont voté blanc ou nul, cacher les raisons de cette sanction civique d’où les chiffres, donnés qu'en pourcentage et que sur les exprimés qui servent à conforter l'idéologie du vote utile.
Faux ? Comparons 2004 et 2012.
Pas brillant pour la classe politique (ceux que le peuple professionnalise maintenant de façon générique sous le terme de politicien(ne)s):
Dans toutes les régions la droite et l'extrême droite perdent massivement des voix.
Dans toutes les régions le PS allié ou non au PCF perd des voix.
Dans toutes les régions, on ne s'en plaindra pas, le Modem est déconnecté.
Dans toutes les régions, sauf en Auvergne où il progresse en voix (68050 voix contre 54609 en 2004) même s'il progresse en pourcentage, le PCF inclus au FdG et toutes les astéroïdes politiques qui gravitent autour du duo Buffet-Mélenchon perdent globalement des voix rapport à un périmètre équivalent en 2004.
Qu'on partage ou pas la forme de campagne et les propositions de la liste Chassaigne, le cas de l'Auvergne demande un examen particulier. Les adhérents du PC devront y regarder de plus près et quelque part avoir en tête ce qu'il y a éventuellement de différent dans le lien avec les gens et la désacralisation des "dirigeants" qui a été avancé ici). Il leur faudra regarder pour quoi il y a là des progrès en voix qui n'existent pas ailleurs, des ailleurs où les listes où figurent des candidats du PCF perdent aussi des voix plus ou moins massivement.
Revenons à l'enfumage officiel :
Arrêtons-nous sur le cas du parti lepéniste.
· En IDF, il passe de 448 983 voix à 268 261 voix
· En Alsace, de 122 873 à 70 171
· Rhône Alpes 389 565 à 239 330
· En PACA Le Pen passe de 415 69 à 296265 en 2010
· En NPC sa
fille passe de 290908 en 2004 à 224870.
Et dans toutes les régions, pour le FN, c'est pareil :
regardez en détail.
Singularité c'est un déplacement de sa base électorale qui maintenant s'installe dans les zones rurales frappées de plein fouet par la crise agricole captant ainsi un électorat déjà à
droite alors qui s'effondre en voix dans ses anciens fiefs et, signe à surveiller, il progresse aussi maintenant dans les villes de garnison frappées par le remodelage de la géographie
militaire du pays. (Est de la France et Bretagne en particulier) au détriment de la droite traditionnelle.
Le pourcentage du FN permet à l'UMP de cacher que sa récupération des
voix du vote brun fonctionne et bien, cela cause des aigreurs chez les faschos. C'est ce qui explique les triangulaires et l'absence de consigne de vote du FN là où il ne peut se maintenir
dimanche prochain.
Pour l'UMP, cela ne limite pas la casse. D'où les appels de Fillon et ses rabatteurs en direction de l'électorat raciste, le travail de Besson donnant les gages.
Il faut donc cesser avec ce résistible épouvantail et se consacrer aux vrais
enseignements de ce scrutin : le rejet par le peuple d'un mode de consultation délégataire qui mutile la démocratie et bride la souveraineté pourtant base politique d'organisation de
la société française telle que prévue par la constitution.
L'absence de solution crédible éloigne l'électorat des urnes tant il a été échaudé par ces pratiques politiciennes et délégataires de la politique. D'où ce besoin urgent pour ceux qui sont
résolus à combattre le capital pour le supprimer de travailler à une alternative qui ne soit pas un programme clé en main. Contenu et forme d'élaboration. C'est en cela que, sans
surtout en faire des modèles, les pratiques hors norme ici ou là qui tentent de poindre (comme en Auvergne), ou encore la disposition des forces politique par rapport à la question de l'État
(comme en Corse) sont aussi à regarder.
C'est l'enseignement premier de ce 14 mars, ce que pour des raisons différentes sur le fond mais convergentes dans leur silence les organisations qui ont sollicités les suffrages refusent de mettre en débat tant elles sont obnubilés par les résultats de dimanche prochain. Pour les forces politiques qui ont le soutien et les moyens directs ou relayés du capital pas de problème. Pour celles qui ont cru pouvoir se glisser dans le moule et qui pour cela y ont perdu leur âme, cela va être plus douloureux : vouloir être comme les autres quand les autres sont l'image même de ce qui doit disparaitre conduit à cela, ils vont être les premiers éliminés. Ce n'est pas faute qu'ils aient été prévenus, mais il n'y a pire sourd…
Il est vrai que pour certains de leurs cadres qui n'ont jamais su ce qu'était que travailler dans la vraie vie, il en va de leur survie comme personnage public et plus prosaïquement parfois du chèque de fin mois. Ils vont découvrir parfois brutalement que politicien(ne) ce n'est pas cela la politique, pas un métier et que c'est dès lors un statut précaire quand on n'est pas issu et adoubé par le capital. Leçon et vertu douloureuse d'un suffrage universel même perverti.