Voyage à Lisbonne
Pour convaincre ici, rien de mieux que d'aller se montrer ailleurs :
Voyez mes plumes, je suis de gauche ; oyez mon chant il porte mes plumes d'illustre ambassadeur de l'espoir transpyrénéen.
Mais faut pas pousser quand même Dans sa recherche d'un duo soutenu par le choeur, il a atterrit sur le ventre.
Au Portugal, Benoît Hamon, qui "rêve d'union de la gauche", et voulait se donner la statute de sa transposition ici n'a rencontré ni le principal syndicat, la CGTP, ni le Parti Communiste Portugais...
Et pour cause : le parti communiste portugais est, lui, sur des bases de classe et conteste l'UE, il pèse d'un poids politique garanti par son activité de terrain dans les entreprises et les quartiers qui se retrouve dans les urnes malgré les coups que depuis la chute du salazarisme lui porte le parti socialiste portugais.
Quand à la CGTP, elle est en première ligne pour combattre les plans imposés par l'UE et sa BCE avec le FMI qui s'acharne depuis des années à lui imposer un régime du type de celui accepté en Grèce par Tsipras.
Dans ses conditions, il était évident que même introduit par les recommandations de l'Internationale Socialiste il n'aurait pas le blanc-seing qu'il escomptait ramener en France pour se parer d'une image du rassemblement portugais. Il ne devra se satisfaire que des joueurs de marelle du P"c"F.
Et c'est tant mieux.
Au passage, chacun pourra noter combien Hamon persiste et signe dans la voie de l'intégration européenne avec sa proposition de "création d'une assemblée parlementaire de la zone euro", laquelle vient au même moment que celle de la remise en chantier d'une "force armée européenne" agitée au nom des craintes que fait peser l'aventurisme politique de Trump.
Ce qui suit est extrait des p@ges de "canempechepasnicolas" et d'"El diablo"
Jean Levy, par ailleurs fin connaisseur de la vie politique et syndicale portugaise, rapporte de son exploration de la presse, à propos de l'excursion inteéessée de B Hamon à Lisbonne :
Le candidat du PS à Lisbonne
Ça bloque avec le « Bloc »
Hamon aborde le premier rendez-vous purement politique de son séjour lisboète en se rendant au siège du Bloco de Esquerda – littéralement « Bloc de Gauche » –, parti radical allié aux socialistes dans la coalition gouvernementale, sans pour autant y participer. L'inamovible Pascal Cherki, le conseiller de Paris Hermano Sanches et Gabrielle Siry, qui briguera aux prochaines législatives la cinquième circonscription des Français de l'étranger (Espagne, Portugal, Andorre, Monaco) complètent la délégation. Mains croisées, lunettes posées, le candidat socialiste entame le dialogue avec la députée Catarina Martins, coordinatrice du mouvement portugais. Objectif : établir un premier rapprochement sur l'idée d'un arc de gauche européen capable de faire face au bloc conservateur et de réorienter la politique économique de l'UE. Seulement, au fil des dernières années, Bloco de Esquerda a durci son euroscepticisme et apparaît de moins en moins emballé par le fédéralisme européen.
Alors Hamon soigne son intro-séduction : « La gauche retrouve de la force en Europe et vous en êtes un bel exemple, l'une des lumières qui brillent. Nous avons des positions communes, on ne veut pas continuer avec le poids insoutenable de la dette. » Il dégaine alors son projet-phare, signé Thomas Piketty, censé unir les forces européennes de gauche : la création d'une assemblée parlementaire de la zone euro, démocratiquement élue, se substituant à l'Eurogroupe pour redéfinir les règles budgétaires auxquelles sont soumises les États, notamment au sujet de leurs dettes et leur déficit. « Si je deviens président de la République, serez-vous d'accord pour que l'on travaille ensemble sur un traité comme celui-ci ? » lance-t-il à Catarina Martins, les yeux dans les yeux. Mais l'hypothèse n'enthousiasme pas la politicienne portugaise. Hamon a beau revenir à la charge trois fois, en français et en anglais, elle finit par lui rétorquer, lentement, froidement, qu' « il n'y a pas de majorité capable de faire cela ». Un ange passe.
Les journalistes sont priés de sortir de la salle…
Sérieusement, cela montre surtout qu'il y a un désenchantement au sein de la gauche européenne. Ils ont une vraie défiance vis-à-vis de toute forme de projet institutionnel. Mais si on ne va pas au contact avec ces formations-là, ça ne marchera jamais. Et puis, de toute façon, je ne pensais pas qu'on allait conclure ce soir… » se rassure Hamon avant de reprendre la route. La journée n'est pas finie : il doit encore rencontrer le syndicat de l' Union générale des travailleurs et passer la soirée au contact de la communauté française de Lisbonne dans une boulangerie estampillée bleu-blanc-rouge.
La rencontre du lendemain constitue le point d'orgue de ces deux jours passés dans la capitale lusitanienne. Aux alentours de 16 heures, Benoît Hamon monte les marches du Palácio de Marquês da Praia qui abrite – comme sa devanture rose saumon le laisse imaginer – le siège du Parti socialiste portugais. Accueilli sous les dorures par la secrétaire générale adjointe Ana Catarina Mendes, le candidat est ensuite reçu, à huis clos, par le Premier ministre António Costa.
L'ex-maire de la ville est le principal artisan de la coalition gouvernementale de gauche aujourd'hui au pouvoir. Une alliance PS – Bloco de Esquerda – Parti communiste que l'on qualifie ici de gauche « geringonça » – littéralement « brinquebalante » du fait de ses dissensions idéologiques –, mais qui tient bon depuis 2015 grâce à des résultats probants. Hamon espère bien obtenir son soutien dès aujourd'hui. « Avec Costa, ce devrait être d'une tout autre facture », soufflait-il la veille, confiant, au sortir des discussions avec le Bloc de gauche.
Une fois le rendez-vous et la promenade protocolaire dans le jardin terminés, Benoît Hamon entre seul dans la salle de conférence de presse. L'agenda de Costa est chargé et le contraint à s'éclipser.