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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

80 ans après la libération par l'Armée Rouge des 7000 survivants encore présents à Auschwitz

Publié le 27 Janvier 2025 par Canaille Lerouge in Fascisme, nazisme, génocide, Auschwitz

Pour bien qualifier

ce que fut le génocide

commis par les nazis,

bien identifier ses victimes

et ses auteurs

 80 ans après la libération par l'Armée Rouge des 7000 survivants encore présents à Auschwitz

Une belle entrée en matière sur le site internet de France Culture de ce 27 janvier qui à partir d’un indiscutable accord de fond permet d’ouvrir le débat :

"Le 27 janvier 1945, après une énième percée dans les lignes du Reich, l’Armée rouge ouvre les grilles d’un enfer ornées des mots “Arbeit macht frei”. Corps décharnés, lambeaux de tenues rayées, regards brisés… La vision des milliers de survivants anéantis du camp d'extermination d’Auschwitz-Birkenau est insoutenable. Comment commencer à imaginer les traitements inhumains qu’ont subi ces prisonniers, et qui ont tué des millions de leurs frères, mères, maris ou amis ? 80 années plus tard, continuer à mettre des mots sur la Shoah et ses victimes. Et continuer à les écouter."

Si l’entretient de la mémoire permet la mesure et la dénonciation du crime, le besoin d’exposer de façon clinique ses causes et conséquences pour qu’il ne tombe dans l’oubli, celui qui écrit ces lignes ne partage pas une vision restrictive du génocide nazi et une transposition dans un espace exclusivement religieux contenu dans le terme de Shoah.

Le choix du mot oriente et autorise un raccourci idéologique qui fusionne le génocide des Juifs par les nazis comme unité de mesure exclusive du crime et en fait, en France, l’unité de mesure exclusive de l’antisémitisme tandis que le ministre de l'Intérieur fait preuve d’une grande mansuétude avec une extrême droite porteuse assumée des gênes de Maurras laquelle a été en France la matrice de leur culture politique avec l’Action Française si chère à tant de cadres politiques du 20e siècle.

Ce terme de Shoah arrivant via le très beau et si important film de Claude Lanzman est une approche très spécialisée complètement absent de l’espace mémoriel lié à la seconde guerre mondiale jusqu’à ce qu’il soit invité des décennies plus tard par les structures ecclésiastiques du judaïsme.
À ce propos Lanzman lui-même disait :


"Le mot « Shoah » se révéla à moi une nuit comme une évidence, parce que, n’entendant pas l’hébreu, je n’en comprenais pas le sens, ce qui était encore une façon de ne pas nommer. Mais pour ceux qui parlent l’hébreu, « Shoah » est tout aussi inadéquat. Le terme apparaît dans la Bible à plusieurs reprises. Il signifie « catastrophe », « destruction », « anéantissement », il peut s’agir d’un tremblement de terre, d’un déluge, d’un ouragan. Des rabbins ont arbitrairement décrété après la guerre qu’il désignerait « la Chose ». Pour moi, « Shoah » était un signifiant sans signifié, une profération brève, opaque, un mot impénétrable, infracassable. — (Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Gallimard, 2009, chapitre XXI)"

En admettant que le terme ait toute sa place à l’intérieur de la réflexion des pratiquants de la religion juive, il est réducteur tant il ignore ou ségrègue dans les mémoires les autres victimes de la déportation. En termes de persécution, les tziganes, les Slaves mais aussi les homosexuels catégories juxtaposées qui portent en soi l’incommensurable bêtise inhumaine de ceux qui les ont définies et la responsabilité de ceux qui ici en France les ont justifiées et se sont mis avec zèle au service des tueurs. Cette catégorisation sépare aussi les victimes des persécutions de celles de la répression. Communistes démocrates antifascistes, tous ces "N&N" -- nuit et Brouillard -- que seuls les insignes qu’ils et elles devaient porter sur leur tenue rayée séparait dans l’organisation concentrationnaire pour celles et ceux qui n’étaient pas exterminés à l’arrivée.

D’ailleurs, du point de vue des génocidaires, certains de tous ces déportés, par dizaines de milliers relevaient de plusieurs de ces insignes : le triangle rouge et l’étoile jaune étant, parmi d'autres causes, empilées de leur arrivée à Auschwitz. Le gouvernement de Petain traquant les "judéobolcheviks".

Cette appelation sera pour une part attribués à des membres de ma famille maternelle les autres relevant de la traque de la part non bolchévique de l'appelation à l'origine si bien controlée. Une seule, ma tante, arrêtée à 17 ans comme FTPF sera transférée à Drancy en juin 44, en est revenue.

Mes grands-parents, leurs fratries, tous les cousins et cousines de ma mère qui seul échappera à l'arrestation, les neveux, nièces de la génération de mes grands-parents ne se sont pas envolés par les cheminées d’Auschwitz. Tous ont été assassinés. J’use de ce mot, les termes permettant de mesurer les actes et ne pas se réfugier dans des paraboles adoucissantes qui n’ont pas lieu d’être quand on parle de génocide. ils ont été arrêtés par les fondateurs du parti de Le Pen qui les ont livrés aux nazis lesquels les ont assassinés. Dit ainsi, cela éclaire l’ensemble du débat.

Voilà pourquoi, comme Républicain attaché à la laïcité, construit autour de la lutte contre les fascismes, si je comprends et respecte la volonté, par ailleurs surprenante du point de vue de leurs écritures, de l’adoption du terme de Shoah, je le récuse comme caractéristique unique, même si le génocide des Juifs est un des critères incontournables et majeur du crime.

Pour ma part, avec le terme de génocide qui porte la dimension de l'inhumanité, je m’en tiens à ce que dit le tribunal international de Nuremberg, adossé en cela au serment solennel de tous les survivant-es rassemblé-es dans le même élan prononcé lors de leur sortie des camps pour parler du génocide Nazi.

Là encore, au pays de Boileau, faire sienne deux maximes de l’auteur des Satires, la première totalement, la seconde partiellement.


"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
Et les mots pour le dire arrivent aisément."

"Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage;
Polissez-le sans cesse et repolissez;

...

Mais là, avec une différence importante avec Nicolas Boileau, ne rien ajouter, ne rien effacer.

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