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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Entre les peuples et la monnaie,ils choisissent la monnaie

Publié le 7 Février 2010 par canaille le rouge in Du côté du capital

LA GRÈCE SOUS TUTELLE :
ABOLIR LES PEUPLES PLUTÔT QUE L' EURO

Voici un texte de J Levy qui brosse un tableau de la situation et ouvre des pistes 

Pour le Vrai Débat, la mise sous tutelle budgétaire de la Grèce signe la fuite en avant de l'Europe. Elle est désormais prête à tout pour sauver son idéologie, et risque de prendre les décisions les plus folles plutôt que de remettre en question sa vision de l'économie et de la société. Parce que la presse française ne vous en a pas parlé, vous ne savez sûrement pas que la chancelière allemande Angela Merkel a proposé cette semaine de mettre la Grèce sous tutelle budgétaire de l’Europe, en donnant la possibilité à l’UE ou à la zone euro de décider directement de la politique budgétaire des États membres surendettés. 

Comme souvent, il faut lire l’anglais pour savoir ce genre de nouvelle...

Cette annonce est extrêmement significative. Elle démontre à quel point le projet européen est devenu une idéologie quasi-religieuse qui, à l’instar de tous les systèmes idéologiques, préfèrent aller toujours plus loin dans sa logique plutôt que d’accepter de se remettre en cause.
Ne serait-il pas en effet plus raisonnable de se demander pourquoi ce sont justement les pays de la zone euro qui souffrent le plus de la crise ?
Ne serait-ce pas une preuve de maturité politique que d’accepter de voir que depuis la mise en place de la monnaie unique, les pays concernés s’en sortent sur tous les plans moins bien que les autres : croissance économique, chômage, dette, pouvoir d’achat ?

Aujourd’hui, 5 pays européens sont dans une tourmente financière sans précédent, et ces pays appartiennent à la zone euro : la Grèce bien sûr, mais aussi le Portugal, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande.
IL ne s’agit pas d’ailleurs d’un effet du hasard: l’euro agit comme une contrainte en empêchant ces pays de jouer sur la variable monétaire pour s’en sortir et respirer un peu. L’euro fort les asphyxie, comme il nous asphyxie d’ailleurs, et la monnaie ne pouvant plus jouer son rôle d’ajustement naturel en période de crise, c’est le taux de chômage qui assume cette fonction.

Face à ce constat lucide, que plusieurs économistes réputés européistes ont eu le courage de faire (on pense notamment à Christian Saint-Etienne et son livre « La fin de l’euro »), les dirigeants européens et la Commission de Bruxelles préfèrent se voiler la face. Comme toutes les idéologies désavouées par les faits, l’idéologie européiste incarnée par ses dirigeants fait le choix de l’accélération. Avec un résultat connu d’avance parce que l’Histoire nous montre qu’il est toujours le même : le plantage dans le mur. D’où ces idées qui fleurissent aujourd’hui, de plus en plus farfelues, et déconnectées du réel, telle que celle de mettre sous tutelle des pays normalement démocratiques et souverains.

L’Europe ne marche pas, c’est parce qu’il n’y a pas assez d’Europe ! Ce dogme sera répété à l’envie, quitte à ce qu’il débouche sur des catastrophes économiques et sociales (on imagine déjà quelle politique économique la Grèce sous tutelle de Bruxelles et de Berlin serait contrainte d’adopter : services publics sacrifiés, dépenses sociales taillées à la hache), et quitte à ce qu’il se traduise par un affaiblissement de plus en plus marqué de la démocratie.

C’est lorsqu’elles sont en danger, lorsque la réalité les rattrape, lorsque leurs échecs répétés conduisent à la catastrophe finale, que les idéologies deviennent les plus dangereuses. Nous sommes entrés dans cette phase concernant l’idéologie européiste.
Il faut donc s’accrocher, et s’attendre à des décisions de plus en plus arrogantes, brutales, coupées du réel, et plus nocives que jamais. La religion de l’euro imprègne tellement nos élites, et c’est la même chose en Grèce, qu’on peut même se demander qui de leur propre peuple ou de la monnaie unique elles préféreront sacrifier.

On peut malgré tout espérer un sursaut salutaire. L’Histoire nous montre aussi qu’il est possible.

A une moindre échelle, quand tout allait de pis en pis, plusieurs pays européens avaient su au final quitter le Système Monétaire Européen au début des années 1990. Ces pays, tels l’Italie et le Royaume-Uni, vivement critiqués à l’époque pour ce choix, s’en étaient au final mieux sortis dans la crise, et avaient moins subi la poussée du chômage. Sortis de leur fièvre dogmatique, les économistes finiront par l’admettre, quelques années plus tard. On doit espérer qu’il se passe la même chose concernant l’euro. Il faut bien sûr envisager de mettre fin à la monnaie unique, sans tabou, et ces pays, les premiers touchés de manière aussi rude, doivent ouvrir la voie. Cela nécessite dans le contexte idéologique actuel beaucoup de courage, et un peu de tactique.

A cet égard, une sortie groupée de la zone euro, qui verrait le même jour ces 5 pays annoncer leur désir de retrouver leur liberté monétaire, permettrait d’éviter un effet de stigmatisation trop fort, et pousserait même très certainement les marchés à « finir le travail », en jouant la fin d’un euro qui aurait prouvé qu’il n’est pas viable.

2010 nous réserve dans tous les cas beaucoup de surprises. Faisons en sorte qu’elles soient le meilleur possible.

JEAN LÉVY

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