Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Fable de Pepy, comptes de la SNCF et mécomptes du service public

Publié le 21 Mars 2010 par canaille le rouge in Cheminots et luttes - l'avis duraille

 

 

 http://le.plume.free.fr/img/IMG_3762_ceinture.jpg

Les bonnes vieilles combines de la rente : pour se faire un matelas, on dévalorise le capital

 

D'un article non signé du JDD

"La SNCF va dégrader ses comptes L'entreprise publique va publier une perte pour 2009."

 

Image réelle de l'entreprise publique ou truquage ?

Ce qu'écrit le JDD 

 

"… la SNCF ne va pas si mal. Financièrement du moins. Guillaume Pepy annoncera mercredi les résultats de la Société nationale des chemins de fer pour 2009. Le président de l’entreprise publique a prévenu : en cette année de récession, l’activité s’est contractée de 3,6% à périmètre constant. Le résultat serait néanmoins positif. C’est l’effet, notamment, d’un plan d’économies exceptionnel qui a atteint 550 millions d’euros, soit 30 millions de plus que prévu. Oreillers des trains de nuit, commissions aux agences de voyages… Les coûts ont été passés au rabot.

La direction de la SNCF va saisir l’occasion pour nettoyer son bilan. La valeur de certains actifs va être ramenée à zéro dans les comptes, notamment des locomotives de fret. Les terrains et immeubles seront également dépréciés. L’impact est de taille. L’entreprise affichera un résultat exceptionnel minoré d’environ un milliard d’euros, ce qui devrait, finalement, la faire plonger dans le rouge…

 

…Pepy s’est fixé pour objectif ("Destination 2012") de passer de 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008 à 36 milliards dans deux ans. Manquent 6 milliards pour atteindre le but annoncé.

Pourquoi de telles ambitions? La SNCF veut avoir les reins solides avant d’affronter la concurrence dans les grandes lignes internationales (face à Veolia et Trenitalia) et dans les TER. Il y a un précédent. Dans la même situation d’ouverture des marchés, EDF est partie à la conquête de cibles étrangères en essuyant des échecs (Edison en Italie) ou en payant le prix fort (British Energy). Avec la dépréciation de son bilan, Guillaume Pepy indique à ses futures cibles que l’entreprise ne fera pas de folies pour grossir. Il faut dire que l’endettement de la SNCF a bondi de 30% l’an dernier et dépassera 10 milliards d’euros cette année. L’État actionnaire aimerait éviter que l’histoire ne se répète" (article du JDD du 21 mars 2010 )

 

Petit décodeur :

 

Il s'agit artificiellement de sous évaluer la performance pour à la fois légitimer en interne et en vitrine les politiques de rigueur, de justifier la pression sur les salaires et de faire monter les années suivantes le ratio profit brut sur capital immobilisé.


Volonté aussi de cacher et c'est pour essentiel l'état major de la SNCF que la casse de l'emploi a des effets négatifs structurels en terme de recettes, tout en se préparant à une politique hégémonique vers l'extérieur, quitte à la financer par une casse de l'outil de production sur le territoire (qui légitimera les attentes de Bussereau et TOUS ses amis d'ouvrir des secteurs entiers à la concurrence comme les TER et le captages des financements publics qui y sont liés).

 

Une locomotive dédiée fret (en soit une aberration dans un système de production intégrée à rendement croissant) qui ne produit plus parce que le trafic a été démantelé (par les patrons du transport routier qui font la loi dans l'entreprise)  devient un coût en matière de maintenance et d'amortissement. Pareil pour une gare ou les trains ne s'arrêtent  plus ou un triage sans wagon, un PRS sans trafic. Il faut le masquer, le trafic des comptes le permet.

 

Par un artifice comptable, pour ne pas donner des arguments aux cheminots, on modifie les règles comptables d'amortissement des outils de travail et ainsi on met les comptes dans le rouge pour légitimer de nouvelles coupes claires dans les activités et les effectifs indispensables pour les réaliser.

 

Cette politique de gribouille menée en conscience, en faisant piloter par la dernière ligne des comptes de résultats l'activité de l'entreprise publique prend des risques tellement graves avec la sécurité que les syndicats de cheminots et leurs IRP ne manqueront pas de prendre date devant les conséquences qui s'inscrivent en filigrane.

Il ne s'agit pas d'une pratique nouvelle et en cela la décision de laisser depuis 1984 la SNCF cotiser au CNPF puis au Medef porte ses fruits vénéneux.  C'est la reprise de la stratégie de l'industrie automobile qui en provisionnant des indemnités de licenciement et en dépréciant ses actifs organisait sa politique de casse des emplois et fermeture de sites de production pour les exercices suivants : on est dans le rouge, il faut des mesures courageuses ...chacun connait la suite.

 

Cette gestion démontre qui si la propriété publique du capital est décisive elle ne fait pas tout et que l'intervention institutionnelle des usagers (pas des clients), et des cheminots, les deux parties exerçant une pression ferme et constante sur tous les acteurs politiques du transport ferroviaire est en dernier ressort décisive. Affirmer cela ce 21 mars n'est pas anodin.

 

Enfin cela démontre que les sirènes de la rentabilité ne trouvent jamais d'oreille imperméable à leurs chants.

 

Rappelons nous la savoureuse phrase de Michel  Audiard dans la bouche de Gabin (M. Le Président):

"Les patrons de gauche, c'est comme les poissons volants, ça existe mais ce n'est pas la caractéristique général de l'Espèce"


http://www.lesanimauxdufutur.com/uploads/images/animaux/poisson_volant.serendipityThumb.jpg

 un regard objectivement scientifique montre que déjà son regard tourne à droite,
même l'oeil gauche cherche à doubler son partenaire


Il aurait été surprenant qu'un gouvernement au service des privatisations et du libéralisme effréné cherche l'exception alors qu'il avait un prototype formaté à ses choix sous la main.

On pourra par contre s'interroger sur la clairvoyance politique de ceux qui ont mis le pied à l'étrier au petit protégé de Fa#.

La Canaille voudrait bien recueillir l'avis de ceux qui de concert avec un ministre des transports des années 2000 considéraient l'assoiffé de pouvoir et de profit comme un des archétypes d'un patron de gauche. Pour ne pas quitter Audiard, c'est Lino Ventura qui dit dans les tontons flingueurs : 
"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnait"

 

Signe de reconnaissance pour les non cinéphiles, les poissons volants (rouges, roses, verts, gris ou bleus) ne fréquentent pas le tunnel sous la Manche. 

http://www.canyousea.com/multimedia%5Cmedias%5C11_633322817763831609.jpg 

 

 

Commenter cet article