30 000 victimes selon le Vatican et les USA,300 selon les autorités françaises
La Canaille est cinéphile. Tout comme il est passionné d'histoire et militant anticolonialiste.
Quand l'ami Tourtaux a mis en ligne l'article qui suit, la première idée a été de dire tient, il a raison dans quelques jours arrivera le 65ème anniversaire d'un des moments ou la France et son armée se sont déshonorée, il a raison de la rappeler, reprenons son papier.
Mais c'est pire. Et raison, de plus pour le reprendre :
65 ans plus tard, des parlementaires, des personnalités sollicitent les autorités militaires pour dire l'histoire et établir éventuellement une précensure. C'est comme si Copé demandait à Pasqua ou à Pons de solliciter la gendarmerie pour dire si les livres sur l'Histoire d'Ouvéa avait le droit de paraitre.
Un député de la République avance sur le terrain de la censure préalable. La mise en musique des discours de Dakar et de Ryad, avec si besoin, vieille pratique qui tend dans la période à reprendre du poil de la bête : la censure financière.
Que dit de cela le chahuté des Molières? Deux fois dans la premières moitié d'une semaine les services de son ministère et leurs ciseaux sont sur la sellette (l'autre étant la censure d'un concert à Paris par le même à la demande de la ci-devant épouse de Fa#; voir la page 3 du palmipède hebdo).
Le film de Bouchareb ira à cannes, sélection algérienne. Honneur aux organisateurs qui ont ainsi confirmé une pratique constante de rejet des pressions.
Voici l'article de Jacques :
Les œuvres sur la guerre d’Algérie devront-elles être soumises à une "précensure" ?
article de la rubrique libertés
date de publication : lundi 26 avril 2010
« On pensait la censure coloniale supprimée, mais non », déplorait El Watan dans son édition du 24 avril 2010, « c’est navrant » [1 ]. Le quotidien algérien commentait ainsi l’accusation de « falsification » de l’histoire formulée par Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, à propos de l’évocation des massacres de Sétif dans le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb.
Lionnel Luca*, craignant que le film ne soit sélectionné sous les
couleurs françaises à Cannes, avait saisi courant 2009 le secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants, Hubert Falco, lequel a demandé au service historique du ministère de la
Défense (SHD) un « avis historique » sur le projet de M. Bouchareb.
Selon l’AFP, le général de division Gilles Robert, chef du service historique de la Défense, après avoir passé au crible le scénario de Hors-la-loi,
y aurait trouvé de « grossières
erreurs [qui] peuvent
être relevées par tout historien ».
Ces péripéties dignes d’une époque que l’on pensait révolue posent question. En particulier : le versement d’une aide technique du CNC pour les œuvres touchant à la guerre d’Algérie sera-t-il désormais conditionné par le respect d’une vérité « officielle » ? D’autre part, le fait que Lionnel Luca ait évoqué la future Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie [2 ] n’est pas fait pour rassurer tous ceux que les finalités de ce nouvel organisme inquiètent.
Un député UMP en guerre contre le film Hors-la-loi, sélectionné à Cannes
par Stéphanie Lerouge (AFP) – 22 avril 2010
Le film du franco-algérien Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, fait déjà des vagues avant sa présentation au festival de Cannes, le député UMP Lionnel Luca dénonçant avant même de l’avoir vu une "falsification" de l’histoire dans son évocation du massacre de Sétif.
"Bouchareb est un partisan [...] un irresponsable qui met le feu aux poudres de manière insupportable", a déclaré jeudi le député des Alpes-Maritimes à l’AFP. "Autant Indigènes (le précédent film de M. Bouchareb, ndlr) était dans un esprit positif de réhabilitation, autant celui-ci est dans un esprit négatif et négationniste. Ça ne va pas se passer comme ça", a-t-il menacé.
Hors-la-loi, une production algéro-franco-belge en sélection officielle à Cannes sous pavillon algérien, retrace le parcours de trois frères ayant survécu aux massacres de Sétif de mai 1945 et qui, arrivés en France, s’engagent pour l’indépendance de l’Algérie.
Plusieurs milliers d’Algériens ont été tués au cours de ces massacres, déclenchés en répression de manifestations pro-indépendantistes dans l’est algérien qui avaient dégénéré et fait plus de cent morts parmi les Européens.
Une des ambitions du film est de "faire la lumière sur ce pan de l’histoire commune aux deux pays" et de"rétablir une vérité historique confinée dans les coffres", a affirmé au journal algérien El Watan le réalisateur, qui n’a pu être joint jeudi par l’AFP.
Mais avant même la projection du film, Lionnel Luca conteste vigoureusement la vision proposée par
M. Bouchareb.
Le député, alerté par des interviews du réalisateur, et craignant que le film ne soit sélectionné sous les couleurs françaises à Cannes, avait saisi courant 2009 le secrétaire d’État à la Défense
et aux Anciens combattants, Hubert Falco.
Ce dernier avait demandé au service historique du ministère de la Défense (SHD)
un "avis
historique" sur le projet de M. Bouchareb.
Le général de division Gilles Robert, chef du service historique de la Défense, a passé au crible le scénario deHors-la-loi et rendu en septembre un rapport, consulté par l’AFP,
qui relevait des "erreurs
et anachronismes [...]si nombreux et si
grossiers qu’ils peuvent être relevés par tout historien".
Concernant les événements de Sétif il notait : "le
réalisateur veut faire croire au spectateur que le 8 mai 1945 à Sétif des musulmans ont été massacrés aveuglément par des Européens, or, ce jour-là, c’est le contraire qui s’est
produit [...] cette
version des faits est admise par tous les historiens [...] c’est
en réaction au massacre d’Européens du 8, que les Européens ont agi contre des Musulmans".
Le député se fonde sur ce rapport pour dénoncer une "falsification" de
l’histoire par M. Bouchareb. "Mon
intention n’est pas de contester que les Français aient commis un acte condamnable. Mais la veille, ils avaient été tirés comme des lapins !", a expliqué M. Luca.
Le député s’insurge aussi contre la manière dont Rachid Bouchareb ferait des "porteurs de valise" des "héros". Pour lui, ces sympathisants du FLN chargé du transport de fonds et de documents confidentiels à l’intérieur de la métropole sont des "traîtres".
M. Falco a demandé à voir le film, mais une projection prévue le 19 avril a été annulée par le producteur et le réalisateur, selon son entourage. Le ministère attend une autre date.
M. Bouchareb avait concouru à Cannes en 2006 avec Indigènes, un film qui éclairait déjà un épisode de l’histoire douloureuse de la France et de ses colonies, et dont les acteurs avaient remporté un prix d’interprétation collectif.
Extraits de presse
Chronique d’une polémique annoncée
[Extrait de parismatch.com, le 23 avril 2010] [3 ]
« J’ai posé des questions sur le financement. Le film bénéfice d’une aide technique du Centre National de la Cinématographie, qui est presque automatique, mais pas d’une aide du gouvernement français », précise-t-il [Lionnel Luca]. Concédant qu’il n’a pas vu le film fini et qu’il souhaite que « Hors-la-loi » soit plus fin et plus juste dans sa représentation que son scénario ne le laisse supposer, le député UMP espère surtout que La Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie qui sera présidée par Claude Bébear sera rapidement mise en place, afin de mieux approcher la vérité et la réconciliation entre les peuples.
Un député revanchard et un général de division l’attaquent
[Extrait du Quotidien d’Oran, 24 avril 2010] [4]
Le député UMP justifie les massacres commis par l’armée et les milices colonialistes qui ont fait des milliers de victimes parmi la population « indigène » de Sétif, Guelma et Kherrata. Selon les propos puants de ce glorificateur des bienfaits de la colonisation, le réalisateur est coupable de ne pas avoir donné une justification des carnages. Cette démarche d’autojustification, l’État français, lui-même, semble – ou semblait – l’avoir abandonnée tant elle est intenable.
En avril 2008, l’ambassadeur de France, Bernard Bajolet, a évoqué à Guelma, les « épouvantables massacres » et la « très lourde responsabilité des autorités françaises de l’époque dans ce déchaînement de folie meurtrière… ». Il soulignait que ces massacres, « ont fait insulte aux principes fondateurs de la République française et marqué son histoire d’une tache indélébile » et « aussi durs que soient les faits, la France n’entend pas, n’entend plus, les occulter. Le temps de la dénégation est terminé ». Avant Bajolet, l’ambassadeur français Hubert Colin de la Verdière avait déjà qualifié les massacres du 8 mai de « tragédie inexcusable ». [5]
Hors-la-loi dérange
[Extrait d’un article de O. Hind, L’Expression, 26 avril 2010] [6]
« Hors-la-loi retrace le parcours de trois frères dont la famille a été chassée et qui ont survécu aux massacres de Sétif en 1945. Ils se retrouvent ensuite en France et s’engagent dans la révolution. La bataille de Paris, qui oppose le FLN à la police française, va les broyer, les déchirer pour conquérir le droit d’être des hommes à part entière » confie, dans un entretien, le réalisateur Rachid Bouchareb dont le film Hors la loi a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes qui aura lieu du 12 au 23 mai prochain.Or, voila qu’un homme politique français s’en prend au film sans l’avoir vu. Le député UMP, Lionnel Luca, l’accuse en le qualifiant de « film révisionniste, une falsification de l’histoire », il n’a pas mâché ses mots dans le journal français Nice Matin : « C’est un film qui revisite l’histoire et qui au lieu de pacifier les relations, va raviver les blessures ». [...]
Son producteur et lui [Rachid Bouchareb] ont refusé de soumettre le 19 avril dernier une copie du film au secrétaire d’état français à la défense et aux anciens combattants, Hubert Falco. Car seuls les membres du jury, sont aujourd’hui habilités à juger de la qualité du film, le 21 mai prochain, jour de sa projection [au festival de Cannes].
La Bataille d’Alger... vous vous rappelez ?
La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo raconte le soulèvement des Algérois contre l’occupation française dans les années 1954-1957 [7]. Lion d’or au Festival de Venise, en 1966, le film ne recevra son visa d’exploitation pour la France qu’en 1970. Interdit pour « troubles à l’ordre public » après des manifestations de l’extrême droite, il faudra attendre 1971 pour le voir en salles. Mais le film restera pratiquement inédit en France jusqu’en 2004, année où il fut diffusé à une heure de grande écoute sur Arte.
P.-S.
A propos des massacres de l’Est algérien en mai 1945 :
· les massacres de Guelma en mai-juin 1945, par Jean-Pierre Peyroulou
· le rapport Tubert sur les événements de mai 1945 dans le Constantinois
Notes
[1] Extrait de « Le film Hors-la-loi de Bouchareb livré à la vindicte : Les sales restes de l’esprit colonialiste » :http://www.elwatan.com/Le-film-Hors....
Voir également, « Hors-la-loi, c’est pour rétablir une vérité historique ! », entretien avec Rachid Bouchareb publié dans El Watan le 21 juin 2009 http://www.elwatan.com/Rachid-Bouch....
[2] Voir cette page.
[3] « Hors-la-loi, chronique d’une polémique annoncée », http://festival-de-cannes.parismatc... 23 Avril 2010.
[4] http://www.lequotidien-oran.com/ind...
[5] Voir sur ce site : l’ambassadeur de France en Algérie : « le temps de la dénégation » des crimes de la colonisation « est terminé ».
[6] http://www.lexpressiondz.com/articl...
[7] Voir cinquante ans après la bataille d’Alger, le retour de la torture.
Source : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article.3848
Par Tourtaux - Publié dans : guerre d'Algérie - Communauté : Un PCF de lutte des classes !
Tarantino à raison: "Et vive le Cinéma"
* Ce Luca, il ne manque pas suite dans les idées: http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-les-colleges-et-lycees-sous-controle-policier-un-projet-de-loi-de-l-ump-49410134.html