ou quand Alger 56 rattrape
Blummollet 2017
et son
Jean Gilbert-Jules*.
*Ministre de l'intérieur du gouvernement Guy Mollet de 1956 à 1957
La Guyane est paralysée depuis plusieurs jours par un mouvement social de grande ampleur, qui met le département à l'arrêt, et a notamment empêché l'atterrissage de deux avions, jeudi, et conduit au report du lancement d'une fusée Arianespace.
Le transfert de la fusée vers son pas de tir n'a jamais pu être mis en œuvre à cause d'un barrage à l'entrée du Centre spatial guyanais à Kourou, et d'une grève au sein de la société Endel, qui assure le transfert.
Si un accord a été trouvé mercredi entre la direction d'Endel et ses salariés, portant sur la revalorisation des salaires, le blocage du site se poursuivant, le directeur du Centre spatial guyanais a annoncé, après trois reports successifs, qu'il n'y aurait "pas de lancement tant que la situation sociale ne serait pas réglée".
La mobilisation a pris une dimension plus large pour dénoncer des problèmes de santé, d'éducation, d'économie et de sécurité. Sont aussi bloqués le Grand port maritime, la collectivité territoriale de Guyane, la préfecture et les axes routiers.
Les barrages, notamment à l'initiative du syndicat UTG (Union des travailleurs guyanais)-CGT, rassemblent pêle-mêle des salariés d'EDF en grève, des personnels du centre médico-chirurgical de Kourou inquiets d'un désengagement de La Croix Rouge qui gère l'établissement, un collectif qui réclame un commissariat à Kourou
Les établissements scolaires sont fermés, sur ordre du rectorat.
La ministre des Outre-mer a appelé jeudi à la levée des barrages, a proposé des discussions à Paris autour de l'économie, de la santé et de la sécurité, principaux sujets de revendication. Vieille pratique coloniale "venez à Paris".
Mais en Guyane, les manifestants, qui organisent des barrages bloquants depuis lundi, "ont fait part de leur refus d'une négociation à Paris".
Preuve de la puissance du mouvement, alors que le "Pacte pour l'Avenir de la Guyane", promis par François Hollande en 2013 n'est toujours pas signé, les députés et sénateurs de Guyane tous inféodés au patronat local, qui avaient demandé mercredi un plan Marshall, ont jugé "inconcevable de demander aux manifestants de (...) lever les blocages pour venir s'entretenir avec les cabinets ministériels dans les bureaux parisiens".
cela permet d'estimer ici la puissance du mouvement.
Oui, la Guyane est en colère.
Tout va mal dans cette puissance coloniale maintenue sous perfusion pour les patrons qui comme en France sont loin d'être au premier rang des victimes. Ils doivent faire face à la colère sociale et, les concernant, aux contradiction du capital financier.
Pour la masse des Guyanais, c'est le rejet des années de mise sous temesta et son maintien dans la misère et des politique d'assistanat annoncée à chaque poussée de colère.
La population n'en peu plus. c'est la colère qui gronde.
Seule mesure immédiate visible :
Blummollet, pour sa fin de mandat, a été chercher dans les archives les vieilles recettes de Mollet Guy. L'histoire démontre combien elles sont dangereuses.
Alors que l'urgence est d'écouter et répondre aux urgences des Guyanais, Cazeneuve et son patron face à la colère n'ont comme idée que de protéger Kourou :
« Deux cents hommes » ont été déployés sur les villes de Kourou et Cayenne selon Laurent Lenoble, directeur de cabinet du préfet, lequel annonce l’arrivée vendredi d’une « quarantaine » de gendarmes mobiles en renfort depuis les Antilles, acheminés par « des vols militaires réquisitionnés ».
La légion, continuellement en poste dans la ville de Kourou pour sécuriser les missions spatiales, a été stratégiquement postée il y a plusieurs jours pour défendre le centre spatial guyanais (CSG) en cas de besoin.
Vieux réflexe colonialiste, quand le PS entend le mot colère dans les terres hors frontière, il sort ... sa Légion Etrangère.
Cela dit, outre sa solidarité avec les travailleurs guyanais (Canaille le Rouge n'a pas plus d'inclination pour les patrons d'outre atlantique que pour ceux d'ici) première leçon : l'élection présidentielle comme toute les autres n'est pas un obstacle aux luttes pour les revendications et une fois de plus l'état d'urgence sert au pouvoir à mobiliser contre les luttes sociales.
Restons vigilant ici pour interdire toute répression du mouvement social là bas, ce sera la première expression de solidarité indispensable, d'autant que nous savons que pour pouvoir et patronat la vie d'un travailleur de Guyane a encore moins de prix là bas que celle d'un gamin issue de l'empire coloniale ici. C'est dire le niveau de risque et la mobilisation des forces militaires historiquement liées à la répression coloniale ne peut pas ne pas nous inquiéter.