de la Rue
Avec incidemment une interrogation en direction de ceux qui il y a pas si longtemps étaient sur le pavé, voire ont chanté à tue tête "La Jeune Garde" avant de venir sur le trottoir applaudir ceux qui y restaient , puis, maintenant, depuis leur bureau ou au coin de leur cheminée, vont jusqu'à renier leur propre passé.
Ils ont pour beaucoup dans leur bibliothèque l'oeuvre d'Aragon. Qu'ils aillent la dépoussiérer et ouvre "Il ne m'est Paris que d'Elsa :
Je ne sais plus vraiment ou commencent les charmes
Il est de noms de chair comme les Andelys
L'image se renverse et nous montre ses larmes
Taisez-vous taisez-vous Ah Paris mon Paris
Lui qui sait des chansons et qui fait des colères
Qui n`a plus qu`aux lavoirs des drapeaux délavés
Métropole pareille a l`étoile polaire
Paris qui n`est Paris qu`arrachant ses pavés
Jean Ferrat, avec sa gouaille leur avait déjà répondu :
Loin du talent d'Aragon ou de Ferrat, la colère de La Canaille à entendre les socio-agoraphobes, rendu encore plus rouge qu'à l'habitude devant les repus et suffisant :
La rue, ma Rue !
Celle qui vous fait peur nantis de Neuilly !
vous fait trembler bourgeois de Passy!
et maintenant vous bobos de Bercy
de l'arsenal, de la roquette
de Charonne ou la Villette
qui nostalgent en brunchant
sur leur mai 68
maintenant si distant !
Montant, Lemarque, Férré, Gréco, Vaucaire et d'autres en musique jusqu'à la Cie Jolie Môme aujourd'hui et d'autres encore qui fleuriront avec vous, sans vous, ou contre vous sur les pavés .
D'Hugo à Verlaine, Aragon bien sûr . Ils étaient de ce parti de la chienlit que de Gaulle oubliant 44 stigmatisait en 68.
Les cercles d'initiés, les gens du diner du siècle méprisent l'homme de la rue unité de compte de l'ignorance établie par "ceux qui savent".
Anatole France s'en moquait ainsi :
La majestueuse égalité des lois interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans la rue et de voler du pain.
Montant, qui lui aussi tourna casaque, a laissé cette pépite où La Canaille persiste avec bonheur à venir se ressourcer :
J'aime flâner sur les grands boulevards
Y a tant de choses, tant de choses
Tant de choses à voir
On y voit des grands jours d'espoir
Des jours de colère
Qui font sortir le populaire
Là vibre le cœur de Paris
Toujours ardent, parfois frondeur
Avec ses chants, ses cris
Et de jolis moments d'histoire
Sont écrits partout le long
De nos grands boulevards
Francis Lemarque pour conclure parce qu'il dit le fond de ce qui hérisse le poil de ces Agoraphobes portant cette la peur sélective de la rue, l'Agora estaussi le lieu de la démocratie :
Depuis qu´à Paris
On a pris la Bastille
Dans tous les faubourgs
Et à chaque carrefour
Il y a des gars
Et il y a des filles
Qui sur les pavés
Sans arrêt nuit et jour
Font des tours et des tours
A Paris
Vive la Rue