A propos des pratiques agro-industrielles
dans les colonies françaises
du 20e et 21e siècle
Qui parmi les plus de 30 ans ne se souvient de la campagne quasi permanente pour manger des bananes de la Martinique ?
Toute une industrie qui pour engraisser les planteurs coloniaux a structuré une chaine économique allant des plantations des Caraïbes jusqu'à Rungis, a mobilisé et rémunéré planteurs, transporteurs, armateurs, propriétaires des usines installées autour des forts du sud parisien* reconverties en murisseries du symbole du sourire tropicale colonial le tout dans une surexploitation des ouvrier agricoles où les pratiques esclavagistes étaient et sont tojours dans l'ADN des grands propiétaires fonciers.
Pratiques moyenâgeuses mais appel aux outils de la science pour garantir le rendement. Tant pis pour "la ressources humaine" infusant dans ce double poison chimique et social. Rarement un produit n'aura vu son nom usuel aussi proche de la réalité des conséquences de son usage : le chlordécone.
Il s'agit d'un insecticide mis au point pour "assainir" les plantations et les fruits à massivement exportés vers le lieu de réalisation du profit à en tirer et massivement manipulé ou (et) ingéré par ceux qui travaillent à son contact, un produit qui s'infiltre dans les sols, les contamine et pollue les nappes phréatique.
Vive la banane française Môssieur ! oui, vive!
Cet insecticide a été autorisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies des Antilles alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l’environnement étaient connus depuis les années 60.
Plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Si la toxicité est scientifiquement connue depuis les années 60, c'est donc que c'est en toute connaissance de cause que les ministres de l'agriculture et de la santé depuis sa date d'usage durant 21 ans, les chambres d'agriculture de Martinique et Guadeloupe (ceux qui appellent l'armée pour réprimer les grèves) , les professionels du transport et les services vétérinaires sous les ordres du Prefet dirigeant le MIN de Rungis ont accepté, encouragé puis ont laissé faire cet empoisonement massif dont le plus grand nombre de victime sont ces 90% de la population de la Martinique.
L'arrivée sur le devant de la scène du concept d'écocide pouvant trouver un premier cas d'école jumelable éventuellement avec celui de crime contre l'humanité ; aux gens de robe de préciser ce point de droit qui ne semble pas avoir été à ce moment soulevé.
Plusieurs associations de Martinique et de Guadeloupe, qui avaient déposé plainte en 2006 contre l’empoisonnement de leurs îles, ont été auditionnées les 20 et 21 janvier par les juges d’instruction parisiens en charge de l’affaire depuis 2008.
Il est curieux de constater que la justice martiniquaise n'a pas été saisie ; serait-ce une des survivances des pratiques coloniales : dépayser le dossier trop sensible pour être instruit sur les lieux du crime ou bien la reconnaissance que ce crime est celui du capital lequel va, comme pour l'amiante, jusqu'à contraindre ceux qui travaillent pour lui de le faire sous le coup d'un empoisonement à accepter ?
Les juges parisiens ont alors expliqué aux plaignants qu’il pourrait y avoir prescription des faits, que le dossier pourrait déboucher sur un non-lieu d'autant que comme pour les scélés de l'affaire boulin les pièces du dossier avaitent été -comme c'est dommage- égarées ou détruites.
*Tous ces quartiers au nom séduisant de Lilas, jusqu'à la commune qui héberge le fort de Romainville mais aussi Vitry qui y a garde sa fête ou Villejuif étaient liés à l'industrie militaire pour faire la poudre à canon, les pistils de lilas séchés donnaient ce "safran" de guerre qui à la fois augmentait le pouvoir destructeur de la poudre à canon et le stabilisait. Des plantations massives de lilas entourait ces fortins. Toute une recherche agro-militaro-industrielle existait pour augmenter la production y compris des avancées en termes de biologie génétique.