1936 2012
Si Kessler rêvait de refermer la parenthèse de 1945, le Medef, porté par toutes les formes d'organisations patronales, et accompagné par les patrons de tout ce qui est dans le champ de la Fonction Publique et des Services Publics, tend en fait de refermer celle de 1936.
Dans le collimateur, salaires, contrat de travail, durée du travail, conventions collectives.
Le combat contre les forces de régression doit prendre du corps, de la voix et de l'énergie sachant que le rapport de forces à ce jour conduit l'ennemi grâce aux complicités dont il dispose à pousser le plus loin possible la régression.
Précisons les choses, elles doivent l'être : il ne s'agit pas là d'adversaire mais d'un véritable ennemi qui mène la guerre de classe et fait des morts, veut asservir les 95% des actifs qui fabriquent la richesse qu'il confisque.
Il déploie ses forces sur un terrain idéologiquement balisé. Ce sont ses conceptions de sa guerre qui prévalent et devrait ouvrir la porte à la négociation d'une capitulation. Les formes choisies rappellent du déjà vu : de même le Reich, 3ème du nom voulu que Rethondes en 40 lava Rethondes 1918, le MEDEF, la CGPME, et leurs alliés nous proposent les accords Matignon 2012 pour effacer 36. Avec cette menace signez sinon ce sera la loi.
La menace est claire : le PS dit qu'il va organiser la regression sociale. Preuve que le concept de gauche est vidé de toute pertinence et devient aussi menaçant pour le capital que celui de "radical" qui même affublé de son sancho de gauche ne fait peur qu'aux moulins à vent.
Au gouvernement la même SFIO devenu PS mais toujours membre de la même internationale socialiste qui étrangle les peuples du monde quand elle n'abonde pas le creuset des dictatures, y assumant des responsabilité majeures dans sa direction, voulant gérer loyalement les affaires du capital. Ce sera historiquement la trajectoire revendiquée de Blum et que Blumollet vient de confirmer.
1936-2012, ce qui fait la différence, c'est d'une part la puissance du mouvement populaire et en son sein l'existence ou non d'une organisation qui aide à tracer une alternative politique.
En 1936 un PCF qui voulait l'élimination du capitalisme et proposait aux ouvriers de s'emparer des leviers de commandes ; aujourd'hui un P"c"f qui se satisferait bien d'une "autre répartition des richesses", "un pôle public dans les services publics et financiers" et appelle les citoyens à s'emparer d'un bulletin de vote pour lui confier part de pouvoir à partager avec ceux qui sont en place et servent d'assistant de laboratoire au professeur Parisot.
La parole revendicative paralysée qu'elle le fut jusqu'à la période immédiate par des alliances de sommet coupées des exigences sociales urgentes immédiates est en possibilité de reprendre du tonus si ceux qui ont mandat de l'aider à s'exprimer quitte le joug de l'attelage tiré vers tribord par une CFDT qui ne fait pas qu'accepter mais anticipe certains des reculs sociaux au nom de l'idéologie dominante patronale partagée.
Ce sera l'enjeu du 50 ème congrès de la CGT. La question du futur secrétaire général, pour importante qu'elle soit en interne est quasi anecdotique par rapport aux enjeux présenté ci-dessus et réaffirme ce que La Canaille défend dans son organisation : Alliance des sigles autour d'une plate forme coupée des exigences revendicatives et sise sur le terrain choisi par l'ennemi ? Ou rassemblement des énergies pour proposer un mouvement social qui renverse fermement et durablement le rapport de forces ?
Il semblerait, mais c'est à confirmer, et surtout dès lors à ancrer, que les syndiqués exigent un abandon du premier terme pour se caler plus fermement sur le second. Si cela est, ce sera une belle avancée.
C'est la réponse à cette seconde question qui fixera forme et fond du mandat que la direction élue devra travailler à mettre en œuvre ?
14 novembre 2012 Toulouse
Dans ce moment, la dimension politique n'échappe à personne.
Dans un capitalisme dont la crise systémique n'est plus niée, le PS persiste à jouer son rôle d'arc boutant du capital. On ne va pas le lui reprocher, de même qu'un patron pour faire le profit qui mobilise son énergie à besoin d'exploiter, de même le PS dont le but est d'être au pouvoir, pour y rester par tout temps, doit donner des gages aux forces sociales dominantes. C'est sa nature et son rôle.
Par contre grande est la colère envers ceux qui au-delà d'une opposition qui jusqu'à ce jour n'est que de circonstance, persistent jusque dans les propositions d'orientations contenues dans les documents de leur futur congrès à pérenniser la domination du capital.
Alors que le but qu'ils prétendent poursuivre est la libération humaine, rien dans leur texte n'appelle à s'en affranchir, rien qui propose non pas d'engranger des voix mais à faire le travail d'un parti qui se veut communiste : supprimer le rapport d'aliénation que le mode de production capitaliste impose à l'humanité.
Peut-on libérer la quasi-totalité des producteurs de richesses sans supprimer le cadre qui légitime et organise les conditions de la spoliation majeure ?
Il semble qu'à l'intérieur du P"c"F cela ne se passe pas simplement✽.
Pour autant ce qui importe à l'observateur qui en est extérieur parce que ceux qui se sont conservés les leviers de l'intérieur ont durant des années purgé l'organisation de toute la masse de ceux qui voulaient un parti différent des autres parce qu'anticapitaliste, c'est de voir où veut aller la direction actuelle (qui de plus possède les clés du mandatement de l'ordre du jour et de l'organisation concrète des débats).
si vous cherchez le "S'cour Pop" et la solidarité, ce n'est pas de ce coté là. Ici c'est p'tits fours et caméras
Pour l'instant ses seules batailles sont parlementaires et institutionnelles. Comme rien dans les textes de la direction de ce parti ne conteste le FOND des choses, que la critique est de forme, et que la domination capitaliste, dont ses formes supranationales dans l'UE (qui subventionne grassement leur fonctionnement), n'est pas politiquement remise en cause pour proposer la construction d'une alternative au capital, c'est un encouragement pour le PS à pousser toujours plus vers le capital le curseur de la répartition des richesses, c'est "fromage et dessert" pour le capital. D'ailleurs les applaudissement de la droite au rapport Gallois vaut toute démonstration.
Pire, si c'est possible les écrits du P"c"F, les interpellations de ses dirigeants sont coulés dans l'idéologie qui asservit et donc participe à l'asservissement. Cela transpire jusque dans leur déclaration. Ils ont fait de l'engagement citoyen un métier. Ils sont professionnels de la politique. Pour cela (même mis plus ou moins entre parenthèse le temps d'un débat préparatoire) ils usent au quotidien des mêmes termes de "lois du marché", "charges sociales", "coût du travail", "compétitivité" et combien d'autres que ceux qu'ils prétendent combattre.
Leur plus grand geste de rejet est... de s'abstenir sur un budget qui exige d'être combattu et qui devrait conduire tout parti qui se veut communiste à engager un combat par des appels à l'action de masse.
Rien de cela dans la bouche de ce qu'ils se sont donnés (c'est leur choix) comme pantin de plateau qui ne parle d'exploitation luttes, misères. Le terme d'avancées sociales est mis sous le boisseau. Il faut "réglementer", "réguler les prédateurs" et les soutenirs une visée commuiste qui porte et s'égoutte sur les chaussures.
Fini le temps où physiquement ils s'opposaient aux expulsions des logements ou aux interventions policières dans les entreprises. Pire dans les débats ils propulsent force analyses pour expliquer que ces pratiques de proximité d'alors expliquent leur faiblesse d'aujourd'hui.
Avec parfois des doubles langages qui mettent dans la gênes le pauvre militant de base à l'image des contorsions autour de Notre Dame des Landes ou encore le pôle public de l'energie qui laisse les privatisations faire leur lois, autre choix de privatisations et de casse des statuts publics porté par les élus du P"c"F en matière de transport dans les conseils régionaux.
Des gens qui ont quasiment tous comme caractéristiques première de n'avoir jamais été salarié dans une entreprise ou un service, d'être aussi prolétaire qu'un fils de dignitaire chinois, d'être pour un nombre toujours grandissant arrivé là où ils sont par des études universitaires ouvrant la porte à la filière des attachés parlementaires ou directeur de cabinet de maire.
Cette déconnection du réel ce refus arcbouté de s'y coltiner fabrique ce rejet populaire de la politique tant la déception a été violente. Quand elle ne se traduit pas par une fuite de tout ce qui ressemble à une consultation ou un scrutin qui ne sont plus points d'appuis mais pôles de délégation, elle libère des espaces ou s'engouffrent ceux qui mesurant la détresse proposent des impasses chauvines, communautaires ou et racistes.
C'est en cela que l'ex PCF est aussi responsable de la crue fangeuse qui inonde le pays. Création du capital, le FN a pour mission de verrouiller toutes issues portant atteinte à la domination de classe en engluant les colères.
C'est cet étau qu'il faut desserrer et c'est donc toutes les forces qui concourent à museler l'expression de la colère populaire qu'il faut combattre. La principale menace du moins la plus urgente c'est de démasquer la stratégie gouvernementale qui roule pour l'harmonisation européenne des garanties sociales à partir des recettes d'un capital mondialisé, dominant, celui allemand comme en 36 donnant le "la".
Déjà, comme en 36, le doktor Porsche crée la VW (einige Volk) "peuple unique" c'est "Das Auto"
Ce n'est plus "plutôt Hitler que le front populaire" mais "aidons Blumollet à nous rejouer ici la partition d'Ebert, si besoin, ensuite on éliminera Weimar pour durcir façon Nuremberg" avec l'UMPFN
On le voit avec la menace sur les "négociations" en cours où le pouvoir de Blumollet 2012 appelle à revenir sur ce que le gouvernement de Blum 1936 avait du concéder, ils avancent dans ce sens.
Reste une question qui ne se réglera pas avec les ectoplasmes de la place du colonel Fabien, on n'enraye pas une hémorragie avec de l'homéopathie et un cataplasme. Quand les salariés vont-ils enfin décider d'aller demander des comptes à ceux qu'ils ont élus,et exiger des actionnaires et patrons les mesures dont ils ont besoin en urgence (augmentation massive et immédiate des salaires, interdiction de tous les licenciements, financement sur le compte des entreprises - et avant dividendes - de la protection sociale).
Dans la guerre de classe, les salariés et principalement les ouvriers et employés les plus surexploités, les chômeurs, hommes et femmes victimes de choix sociétaux sont en état de légitime défense. Vous avez sans doute remarqué que ceux qui appellent à la patience, la résignation, la concorde par la négociation sur les bases choisies par les possédants, voire la fatalité, sont rarement ceux qui prennent les coups et se recrutent majoritairement parmi ceux qui les distribuent.
Comme le disait une chanson de Renaud : "c'est quand qu'on va où?" ... pourvu qu'on se barre de là.
En 1968 le PCF dont son CC d'Argenteuil, cherchait et proposait. En 2012 on cherche quelle proposition il porterait
✽ Un document porté par des adhérents en rupture avec la direction du P"c"F propose un texte alternatif lequel est certainement plus en prise avec le réel et le niveau de colère qui doit s'exprimer.
Ces discussions étant de l'ordre du débat aux adhérents dans leur organisation, La Canaille leur laisse le soin de se mesurer et dans cette p@ge ne prend en compte que ce que propose et font ceux qui disposent de l'outil. Il est évident que si la ligne liquidatrice des idéeaux communistes venait à être écartée par le débat interne, cela changerait considétrablement les choses. Mais comme depuis le lieu où il fut organisé Canaille le Rouge et ses camarades sont toujours considérés comme des pestiférés par ceux qui vendent les biens pour garder les clés de ce qui reste, pas question d'y participer de près ou de loin. D'autant que quelque soit l'issue il n'est pas répondu à la question de quelle organisation a besoin notre peuple pour s'émanciper du capital et de quelle immersion de ceux qui veulent transformer la société parmi ceux qui luttent. Dit autrementla forme d'organisation et la rupture avec l'idée "d'avant garde" autoproclammée extérieure à ceux qui mènent concrêtement le combat de classe. Cela dit, quelques soient les évolutions ultérieures, ces questions vont rester pendantes et devront trouver leur solution.