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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Inde : crime, châtiments et droit de la défense, interrogation et coup de gueule

Publié le 4 Janvier 2013 par canaille le rouge in Pour réfléchir ensemble

http://fr.academic.ru/pictures/frwiki/80/Pary%C5%BC_magdalena_nie_cudzo%C5%82%C3%B3%C5%BC.JPG 

Garde à ne pas se poser en donneur de leçon :

détail des portes de l'Eglise de la Madeleine : la chasse de la femme adultère

 

 

Inde : A propos d'un crime sexuel et de ses suites :

 

Avant d'entamer ce p@pier qui va tenter avec précaution d'explorer les deux côtés du fil d'un rasoir avec comme point de départ la condamnation sans équivoques possibles de la barbarie criminelle des auteurs déférés après un temps curieusement long devant les tribunaux, voici le lien avec ce que Danielle Bleitrach a mis en ligne sur le sujet. : le blog de Danielle ici. Son premier paragraphe cale bien la nature des débats.


Rien que le titre de son c@rnet, au delà de ses prises de position qui lui appartiennent me plait : "dieu me pardonne, c'est son métier". Là, elle nous emmène non pas vers dieu mais le cœur de métier du dit de plus en plus propulsé sous les projecteurs malgré son passif.


 
 

Le papier de Danielle porte. Il dit à sa façon par le fait qu'en plus elle ait eu l'occasion de voir sur place, la recherche d'une compréhension des mentalités qui structurent cette part d'un droit de vie et de mort qui paraît aussi naturel.  Un fonctionnement social et sociétal sacralisant le mâle dominant dans un droit sanctifié sur le restant de la vie, hors lui et ses sexuellement semblables, de l'humanité dont cette partie qui fait sa mère, ses sœurs, ses filles, droit qui fut ici illustré par le droit de cuissage (sachant que ce passé simple garde jusqu'à aujourd'hui de très fréquentes résurgences que la loi du silence garde dans l'ombre). 


 
 

Notons d'entrée pour éviter de tomber dans le "racisme exotique" que la semaine dernière, en Italie où 118 femmes ont été assassinées en 2012 le curé d'un village situé à deux heures et demie de route Menton, pas un rustre, un homme qui parce que prêtre dans ce pays là a bénéficié d'une formation universitaire de haut niveau, a pu doctement exposer en chaire qui si des femmes se faisaient violer c'était de leur faute puisque leur vêture faisait incitation au crime.


 
 

Notons aussi comment pour la part un peu éclairée de la réaction il n'y aura aucun mal en renvoyer quelques déclarations de "progressistes" voire "révolutionnaire" sur la question les autorisant à contourner la nature de l'obstacle en invitant à ratisser large.


 
 

Le crime est impardonnable, quelle sanction lui donner ? C'est le rôle d'une justice normalement administrée d'y répondre, mais...

 

 

La mise en place dans l'urgence d'une cour spéciale dédiée au crime commis contre les femmes montre d'une part le vide antérieur et d'autre part l'arrivée d'une justice d'exception (et donc dans la précipitation) dont on sait que plus elle dure plus elle s'écarte de la justice. 


 
 

Mais sauf preuve du contraire, aucune voix (à part un article de l'huma d'hier) qui ne se lève pour dire le recul d'humanité de voir des avocat(e)s militer pour que les criminels n'aient pas de défense devant leurs juges et exiger avant jugement la peine de mort. 

 

"Nous avons décidé qu'aucun avocat ne se présentera pour défendre les accusés du viol, parce que ce serait immoral de défendre l'affaire", a annoncé Sanjay Kumar, un avocat membre du Barreau du district de Saket.

Selon Sanjay Kumar, les 2.500 avocats enregistrés auprès du tribunal ont décidé de "rester à l'écart" pour assurer une "justice rapide", signifiant ainsi que les avocats des suspects devront être commis d'office. Un autre avocat rattaché à ce tribunal a confirmé le boycott.


 

S'ils en sont là, qu'attendre des procureurs, juges et auxiliaires de justice ?

 

L'honneur des déportés, de leurs organisations de Résistance dans les camps, l'exemple des internés de Buchenwald, des Déportés Hommes et Femmes (les majuscules sont ici choisies et revendiquées) a été de capturer, garder pour exiger un procès pour leurs tortionnaires et bourreaux alors qu'ils avaient pour nombre d'entre eux autant moyens que raisons à vouloir se venger.


 
 

Ces cinq ou six salauds auteurs d'un assassinat sexuel collectif, la loi en Inde le permettant, vont certainement finir leur vie accrochés par le cou au bout d'une corde, étranglés jusqu'à ce qu'ils en trépassent.


 
 

Ces cordes (ou les pierres d'une lapidation collective envisagée par le ministre de la police) vont ensuite servir de bonne conscience pour baliser la zone qui autorise les flics, juges et autres officiels d'autorité de ne pas prendre en compte la plainte d'une femme violée voire à la culpabiliser.

 

L'Italie, la Tunisie, même encore hélas dans ce sud de l'Afrique qui n'en fini pas de lutter pour s'émanciper des pratiques tribales et coloniales où l'Inde montre qu'elle n'est pas isolée, les suppressions de petites filles en Chine ou l'excision  confirment la dimension et la profondeur de la fracture humanitaire.


 
 

Phénomène d'autres cultures ? La Canaille met au défit le vallseur des saussaies de jurer sur la constitution qu'il n'existe plus en 2013 de commissariat ou lieu équivalent où une femme sera dissuadée de porter plainte contre un harceleur ou même un violeur et d'autant plus que la position hiérarchique sociale du coupable ou sa notabilité lui donne le droit au coup de canif dans le contrat surtout s'il est de travail.

 

Anecdote significative, sur le plus courant des moteurs de recherche, vous tapez "femmes, violées" et le moteur affiche  sur votre écran: 

Recherches associées :femmes fatales

Faut-il pousser le commentaire ? 
 
 

 

Repartons vers l'Inde. Cinq pendus potentiels que du dessus du panier des castes dominantes présentera comme preuve de sa volonté d'expiation. Sauf si les démocrates etvu ce régime de caste, s'ils sont aujourd'hui plus nombreux pour protester du côté des violées que de celui des violeurs, auront du mal à faire entendre une autre voix que celle du talion.

 

Vont-ils arriver à substituer une logique de justice à cette furie de vengeance dont mêmes les avocats sur le lieu du crime non seulement ne s'extirpent pas mais participe à son renforcement ?


 
 

C'est là où Danielle à raison et son article traverse ce continent d'obscurantisme culturel forgé par une pratique séculaire de la domination de caste, entretenue pour régner par la domination coloniale qui se tisse avec celle de classe.


 
 

Là où en 2013 la loi persiste à faire lapider la femme adultère, l'humanité monte au créneau et se bat pour l'empêcher. C'est la partie brillante du miroir. Pourquoi ce silence mat de l'autre face devant cette vengeance qui n'est pas justice ? L'ignominie du crime autorise-t-il le silence sur la façon dont on traite les criminels ?


Pourquoi là, les barreaux se taisent-ils ?  Papon a eu droit a un défenseur (et c'est l'honneur d'une profession qu'il y en ait eu au moins un), les tueurs en série d'enfants en auront, mais devant la pression médiatique et l'urgence de cantonner ce que le crime révèle de niveau d'aliénation sociale et culturelle, "surtout pas de vague ; la comptabilité du cabinet et de nos clients pourraient en pâtir, ceux là, visage hideux d'une réalité insoutenable, vite qu'on les fasse disparaître" semblent nous dire ceux qui pourtant ont métier de défenseur, les mêmes peut-être qui ont assuré la défense des criminels de Bhopal.


Piteux ce silence de nos donneurs de leçons en matière de droit de l'homme mais pétris d'un curieux mutisme sur cet exemple là d'autant que ceux qui se taisent sur les coupables n'ont pas non plus tiré sur la robe du sage pour dénoncer la situation d'avant le meurtre socialement aussi prévisible qu'une tempête entre équinoxes d'automne et de printemps.


Le procès des criminels est un procès de classe où la première et principale victime a été assassinée au nom de principes que les assassins avaient inscrit dans un patrimoine culturel entretenu par ceux qui désignent les tribunaux (y compris d'exception), encadrent la formation des juges…et, hélas, celle des avocats.


Au bout du compte, comme en 44 ici, pour faire croire que le crime est puni, quelques miliciens effectivement coupables du pire seront exécutés pour permettre à leur état major, partie prenante de l'ignominie, de couler de bons moments dans les conseils d'administration où rentes de charges diverses du système en place leur laisseront le temps d'écrire sur la douce harmonie du libéralisme économique et d'une civilisation aux traditions aussi rudes que millénaires. 

 

 

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