Liberté d'expression,
oui mais pour qui ?
À propos de la pétition des "parolières libérées", pas sur le fond mais sur la forme. Canaille le Rouge devra revenir plus sur le fond de ce texte où celles qui voyagent en taxi ou chauffeur revendiquent le droit à la libre expression des frotteurs d'un métro qu'elle n'emprunte jamais aux heures de pointe.
La réaction que leur texte produit les conduisent à protester au nom de leur droit à la libre expression.
Cela ne peut pas ne pas rappeler la célèbre phrase attribuée faussement à Lacordaire ou à Jaurès lesquels n'avaient pas vu la question sous cette angle sur la "liberté du renard libre dans le poulailler libre" (en fait il paraîtrait qu'elle serait d'un certain Ferdinand Kürnberger, en 1874).
Le texte en question conduit Michelle Perrot, historienne remarquable à déclarer : « L’absence de solidarité des femmes signataires de cette tribune me sidère ». Canaille le Rouge partageant la colère de madame Perrot n'est pas sidéré.
Pour ramener la question sur son centre de gravité, citation pour citation, notre vieux pote Karl M. dans ses manuscrits de 1844 a pu écrire :
"Dans le rapport à l'égard de la femme, proie et servante de la volupté collective, s'exprime l'infinie dégradation dans laquelle l'homme existe pour soi-même, car le secret de ce rapport trouve son expression non-équivoque, décisive, manifeste, dévoilée dans le rapport de l'homme à la femme et dans la manière dont est saisi le rapport générique naturel et immédiat."
Ce qui nous renvoie de façon plus énergique sur à la question de fond : la liberté ne peut-elle pas être l'alibi de l'injustice ?
Lacordaire, encore lui, à plus surement dit : "Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit"
La question du harcèlement n'entre-t-elle pas dans ce cadre ? Mais là où cela devient croquignolet c'est que celles qui revendiquent la liberté d'expression pour afficher leur soumissions aux comportements sexistes dénoncent le harcèlement dont elle serait pour cela victimes.
Opposer la violence régulière et structurelle contrainte à celle éventuellement consentie par celles qui disposent d'une part conséquente des moyens de s'en affranchir trace une ligne qui n'est pas que sexuée mais de classe.
Cela ne réduit pas le débat en cause qu'à cette seule dimension de classe. Affirmer cela serait réducteur voire complaisant tant les questions du harcèlement majoritairement masculines ne sont pas que circonscrites au périmètre germanopratin des pétitionnaires, mais lui donne la part indispensable pour mesurer sa totale dimension.
Qui dira clairement le droit de cuissage encore présent dans nombres de filières économiques ? Qui dira le chantage au contrat de travail contre violences et soumissions imposées ? Grande est le mérite de celles qui parce qu'affranchies de la dimension des moyens de subsistance de ne pas perdre de vue la réalité globale pour dénoncer.
Pour Canaille le Rouge, les présenter comme ennemies des libertés fait penser à ces compagnies de chasse à courre qui hurlent à l'atteinte à leur droit de chasse et libertés parce qu'on s'oppose à ce qu'elles forcent le gibier jusqu'à dans les jardins des lotissements populaires.
La complaisance idéologique de celles qui demandent, disposant des moyens et du choix du terrain du négoce, le droit de monnayer des indulgences, est d'autant plus blamable.