Pour contribuer à y voir plus clair :
Compromis dans un faisceau de plaintes et d'instructions qui à elles seules démontrent les raisons d'une réforme judiciaire voulu par ceux qui sont aujourd'hui sous la coupe de la justice, les principaux animateurs des partis de la droite dite fréquentable, une fois allumés les explosifs qui vont pétarder le navire, cherche à prendre la barre des canots de sauvetage.
En moins de cents heures, la droite dite classique vient de montrer comment à s'engluer dans les repères de son extrême, elle a réussi une opération dite officiellement suicidaire et involontaire mais dont tout porte à penser qu'elle n'est pas si fortuite que cela.
Le paysage après la bataille est surréaliste : un ancien président de la République d'une des puissances impérialistes majeures passe 12h00 dans le bureau d'un juge pour des hypothèses convergentes de trafics financiers, avant d'autre à venir de la même veine. Des lieutenants idéologiquement aussi compromis avec les maquignons des trafics d'armes ou financiers qui jouent au vizir pour prendre la place de l'ex khalife. Comme toute tambouille sur un corps en décomposition, ça pue.
Doit-on s'en étonner ?
La profondeur de la crise et l'incapacité pour les forces politiques arrimées aux tangages du capital, dans l'impossibilité de proposer une démarche présentable pour si ce n'est en sortir du moins en atténuer les effets, parce qu'outil du capital, recompose leur organisation. Notons, parce que c'est la phase suivante du processus, que les idées portées par le FHaine font partie de leur issue.
On voit combien dans la grande peur de l'après 68, les choix des activistes de l'extrême droite liées aux milieux les plus réactionnaires du capitalisme industriel et financier n'étaient pas ceux de quelques illuminés ou nostalgiques qui se casseraient les dents sur le "rempart de la démocratie". Ils sont bien, et les analyses de l'histoire des fascismes confirment, des artisans compétent qui préparent les outils politiques dont le capital à besoin pour encadrer ses évolutions que sa crise va imposer et contrer les révolutions qu'elle pourrait provoquer.
Cela donne une grille de lecture des évènements des cinq derniers jours :
Labourer le terrain du "tous pourris", séparer le "bon grain" des purs et durs à droite pour un ensemencement des champs ainsi préparé en montant une coopérative avec les hobereaux de la droite la plus extrême et laisser l'ivraie des derniers héritiers du gaullisme se décomposer coupés qu'ils sont de la part de racines liées à la souveraineté nationale qui permettait de les garder en décoration.
Comme le khalife-successeur démultiplie les efforts pour rassurer ceux qui pilotent l'opération politicienne UMP sur le long terme, majoritairement des profs de droits et des avocats d'affaires mâtinées de cadres financiers et industriels, ils ont le temps de s'organiser tant le mouvement populaire est désarmé par l'absence d'outils politiques lui permettant de reprendre son offensive.
Devant ce terrain en décomposition, les repères sont chamboulés. En appeler au vocabulaire ancien nourrie des illusions et conduit à des déconvenues.
De même qu'il ne vient plus à l'idée de qualifier les uns ou les autres de Montagnard ou girondin (critères qui ont eu leur force politique dans un moment donné), de même que jacobinisme a été retourné pour en faire un critère de centralisation parisienne ou radical pour en faire l'image du ventre mous du consensus politicien, à quoi renvoi gauche et droite pour éclairer aujourd'hui l'affrontement ?
La droite institutionnelle après pour des raisons historiques évidentes avoir avancé masqué de 1945 jusqu'à la fin des années 80, d'abord timidement à chaque reflux du mouvement populaire, a avancé ses pions avec des complicités maintenant démontrées à la tête du parti socialiste, Mitterrand en est la figure la plus symbolique.
Les laboratoires du capital ont bien travaillé : désarmer le mouvement transformateur (si ce n'est révolutionnaire) en engluant ses dirigeants dans l'électoralisme et la délégation de pouvoir, user de la partie historiquement consensuelle de cette gauche pour enclencher idée de fatalité et irréversibilité des choix imposés aux peuples (rôle de l'internationale socialiste dans la promotion de l'UE après le MC et la CEE).
Ensuite tirer vers la droite les structures politiques par l'institutionnalisation de la non contestation des lois du système (rôle du "parlement européen et des institutions de l'UE) avec par exemple les statuts du GUE et du PGE qui le porte.
Enfin, c'est certainement dans le moment une de ses victoires majeures, pousser dans l'apolitisme ou vers le mouvement associatif celles et ceux qui refusent de se plier à ce piège tendu par les maitre de l'orchestre brun-bleu à parements roses.
preuve que le piège est si réel qu'il a fonctionné
Pour que cela fonctionne, il faut un butoir épouvantail. Ce sera le rôle des partis de droite dit populistes ou carrément fascistes en fonction des histoires propre de chacun des peuples concernés et de l'urgence de la radicalité des solutions à imposer pour pérenniser la domination du capital. En France ce sera en construisant le "fn", repoussoir extrémistes, qui se métamorphosera en centre accueil puis en partenaire au fur et à mesure que la droite institutionnelle réussira, comme elle l'annonce, à se "décomplexer".
Parmi ceux qui refusent le piège, ceux qui tente de rester lucides, même si spontanément (l'auteur de ces lignes compris) les références aux valeurs de gauche (et donc la stigmatisation de celles de droite) fait partie du viatique politique. Pourtant, le champ des antagonismes de fond est-il encore lisible par cette grille ?
Un exemple pas pris au hasard. Il existe au sein du P"c"f des militants qui sont décidés à en découdre avec le capital et sont déterminés à lutter pour sa suppression. La préparation de leur congrès montre qu'ils sont une force qui compte dans l'espace de plus en plus réduit de pertinence de ce parti. Pour autant, sa direction sur le fond théorique comme dans ses formes d'organisation et de financement fait partie des forces qui ne combattent plus frontalement et dans ses fondamentaux le système. A-t-on le droit de dire que le P"c"F est un parti de droite ? Bien sur que non. Est-il anticapitaliste ? C'est pour le moins de plus en plus discutable. Cela montre la caducité de cette grille.
Caducité éclairée aussi par le fait de voir des personnes engagées ou non politiquement se faire les défenseurs de la laïcité, venir aider les sans papiers et donc se coltiner avec les valeurs les plus réactionnaires sans se référer à des positionnements politiques traditionnels. Cela montre la plasticité et les transformations des repères politiques.
Peut-on considérer le parti socialiste comme un parti de "gauche" dès lors que la seule différence entre lui et ceux de droite est dans la méthode sur une orientation de fond partagée, confirmé à chaque rendez-vous décisif avec l'histoire, abscence ou retrait à chaque irruption populaire dans l'espace politique sauf à la contenir, méthode liée à son rôle dans le besoin de cultiver la fatalité et la résignation ?
Est-ce injure que de dire qu'il est aussi socialiste que les radicaux… sont radicaux, les démocrates du centre…démocrate, l'UMP unie et populaire ?
Ces glissements pas que sémentique vers le conservatisme le plus dur aboutissant à l'escroquerie de sigle mal combattu du "front national" dont les héritiers de la partie française de la peste brune se sont emparés pour mieux en pervertir le sens.
Sans en faire un passage prioritaire obligé mais un cheminement en consonance avec le mouvement populaire et ses combats, la clarification du combat politique ne demande-t-il pas de s'extraire de cette grille datée et figée et de construire en marchant les repères anticapitalistes capable de combattre efficacement les forces qui le propulsent, le promeuvent, le protègent ?
C'est en cela que l'idée communiste reste pertinente parce que portée par ceux qui veulent s'affranchir de la domination capitaliste et que ceux qui défendent l'exploitation, alors que les représentations de l'idée par leur faillite se sont effondrées, ne s'y trompent pas et persistent à mobiliser toutes leurs énergies à combattre l'émancipation contenue dans la force de l'idée communiste.